Le Vif L’Express N°3555 Du 22 Août 2019

(Barry) #1

de progresser et d’avoir davantage de
capacités d’agir dans cinq ans. Je crois que
ce serait une mauvaise idée de monter. »
Sans se prononcer aussi clairement,
le député francophone Matthieu Daele,
ancien coprésident d’Ecolo J avec Cathe-
rine Lemaître, avec qui il songe déposer
une candidature concurrente à celle du
ticket proposé par Jean-Marc Nollet et
la Bruxelloise Rajae Maouane, insiste :
il faut renforcer le message du parti.  :
« L’enjeu pour ces prochaines années,
c’est de populariser notre message.
L’écologie est rendue populaire par Ni-
colas Hulot, Greta Thunberg... On nous
reproche de parler d’écologie politique
davantage à l’attention des auditeurs
de La Première que de VivaCité. Nous
devons dépasser l’électorat actuel et
atteindre des milieux plus populaires
et plus entrepreneuriaux. » Une pierre
dans le jardin de Nollet.
Cela dit, bien sûr, Ecolo pourrait par-
ticiper. « Nous avons rédigé des notes
et répondu aux sollicitations, ce n’est


pas du bluff, déclarait, mardi 20 août,
à la RTBF, Georges Gilkinet, chef de
groupe à la Chambre. Nous nous met-
tons du côté des solutions, mais nous ne
le faisons pas aveuglément. Pour Ecolo,
participer au pouvoir n’a jamais été une
fin en soi. » Pour franchir le pas, il « suffi-
rait » de quelques avancées sur le fond,
couplées à un effort des partenaires
socialistes et libéraux pour donner des
signes de confiance et d’un casting
« Ecolo compatible » avec, par exemple,
Jean-Luc Crucke (MR), Paul Magnette
et Pierre-Yves Dermagne (PS). Ce n’est
pas impossible.

« Les gens veulent
du changement »
« Il y a au sein d’Ecolo une large majori-
té convaincue qu’il faut régulièrement
participer au pouvoir, la question est de
savoir dans quelle condition », ajoute
ce leader bruxellois. « Ce sont préci-
sément les urgences climatiques et
démocratiques qui doivent nous inci-
ter à participer, clame un jeune député
fédéral. Ce qu’il ressort des urnes, c’est
que les gens veulent du changement : ce
sentiment-là est partagé par tout le
monde. Voilà pourquoi nous avons
essayé coûte que coûte le coquelicot,
voilà pourquoi nous produisons des
notes solides, on fera tout pour en être !
Nous devons faire passer un maximum
de mesures pour la transition et soute-
nir l’action des écologistes au niveau
local, maintenant que notre ancrage
s’est renforcé. » « Il existe réellement
des possibilités de trouver des consen-
sus ambitieux, que ce soit en matière

climatique, sociale ou démocratique,
mais il faut donner du temps aux techni-
ciens de les préparer », souligne Philippe
Defeyt. « Le cas échéant, il y a encore
des étapes, des cliquets, des Conseils
de fédération qui peuvent être activés
pour jouer l’agenda et créer un rapport
de force, précise Christophe Derenne.
Prendre le temps... d’attendre, aussi, que
la situation se décante au niveau fédé-
ral. « Quelque chose n’apparaît pas dans le
récit médiatique, relève le directeur d’Eto-
pia, c’est que nous faisons tout pour qu’au
niveau fédéral, l’hypothèse d’un gouver-
nement sans la N-VA soit possible. Voilà
pourquoi nous n’avions aucune raison
d’aller à une réunion où les informateurs,
Didier Reynders (MR) et Johan Vande
Lanotte (SP.A), défendaient l’hypothèse A
alors que nous prônons cette hypothèse B.
Dans cet autre cas de figure, nous serions
en outre mathématiquement nécessaires.
C’est quand même différent de négocier
un arc-en-ciel wallon dès le moment où
nous sommes indispensables au fédéral. »
Prendre le temps, aussi, que l’élection
de la coprésidence soit réglée. « Cela
donnerait une plus grande légitimité
à Jean-Marc Nollet, qui est aussi notre
négociateur principal », juge Christophe
Derenne. « Avec la coprésidence, cela
fait deux fers au feu, résume ce ténor
bruxellois. Jean-Marc Nollet est un
joueur, il tentera toujours de tout ga-
gner. Si j’étais à sa place, je règlerais
d’abord la question de la coprésidence,
je ferais durer les choses, je mettrais
des balises, je montrerais que je suis
capable de me fâcher. Ensuite, seule-
ment, j’évaluerais l’opportunité de la
participation wallonne et francophone.
Il pourrait convaincre de monter aux
gouvernements pour une question d’in-
térêt général, dès à présent, il maîtrise
suffisamment son conseil de fédération
pour que la décision soit acceptée. Mais
il y aurait inévitablement un risque de
retour du balancier, plus tard. »
Dès lors, Jean-Marc Nollet et les siens
devraient continuer à se laisser désirer.
Au risque d’exaspérer le PS et le MR. V

Matthieu Daele,
possible candidat
à la coprésidence :
« Il faut
populariser notre
message. »

JOHANNA GERON/BELGAIMAGE

LAURIE DIEFFEMBACQ/BELGAIMAGE
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