Le Vif L’Express N°3555 Du 22 Août 2019

(Barry) #1
en devient moins fort. Et les hommes utilisent toutes les
formes de violences, pas uniquement les coups. »
Blablabla ! Pour les hoministes, les chiffres officiels sont
tronqués, les intervenants sociaux mentent. Les violences,
c’est du 50‑50 ! Quand ils ne se drapent pas de leur costume de
conjoint, ils revêtent celui de paternel. A chacun sa fonction
symbolique, nous détaille Jean Gabard, ancien enseignant et
auteur du livre Le Féminisme et ses dérives (qui précise ne pas
être masculiniste, simplement porteur d’un regard critique).
Donc : « La fonction de la mère, c’est de nommer un père. Et
celle du père, c’est de donner la loi. C’est la maman qui donne
au papa la possibilité d’affirmer son autorité. » Elle materne,
lui éduque. Couple homosexuel : non souhaitable, du moins
jusqu’à ce que l’enfant soit assez âgé pour avoir « acquis les li‑

mites ». N’y voyez aucune forme de supériorité masculine, juste
une répartition complémentaire. Et le signe que les deux sexes
peuvent être égaux en droits, mais pas égaux tout court. « On
n’est pas pareil, tout simplement », résume Jean Gabard, qui
réfute la théorie du genre, selon laquelle les différences liées au
sexe ne seraient pas naturelles, mais construites socialement.
Ces dames auraient donc acquis trop de pouvoir, concernant
leur progéniture. Niveau conception, déjà : capables de faire
un gosse dans le dos comme de s’en débar‑
rasser. Certains hommes plaident d’avoir
le droit de s’opposer à un avortement. Ni‑
veau éducation, aussi. A la maison (le père
aurait de plus en plus de mal à exercer son
autorité), comme à l’école, qui se serait trop
féminisée : 97 % d’enseignantes en mater‑
nelle, 82 % en primaire, 63 % en secondaire
ordinaire, selon les Indicateurs de l’ensei‑
gnement (2017). Alors quoi ? Alors les classes
seraient devenues taillées sur mesure pour

qui vomit toutes les propriétaires de vagins qui ne les leur
ouvrent pas assez. Les pick up artists se proposent donc de leur
donner le sésame. Quitte à forcer l’accès. Utilisation de phrases
clés et de répliques toutes faites, entraînement (« game ») dans
la rue, etc. « La femme est tout à fait dévalorisée dans leurs
mécanismes de séduction, note Mathilde Largepret. Elle est
objet face à l’homme qui séduit et qui ressent des difficultés
à gérer un refus. »
La frustration sexuelle, encore un coup de ces « néofémi‑
nistes qui criminalisent la drague (et même la galanterie) »
(lu le 7 août, sur Twitter, à propos d’un sondage selon lequel
23 % des Français de 18 à 29 ans n’auraient pas eu de rapport
sexuel en 2018, contre 8 % en 2008). L’une des thèses mascu‑
linistes, toutes tendances confondues, est que les hommes se‑
raient devenus plus malheureux que les
femmes. Ne se suicident‑ils pas davan‑
tage ? De fait. En 2016, en Belgique, « ils »
représentaient 72 % des 1 903 personnes
s’étant donné la mort. Une statistique
stable. Sauf qu’« elles » sont plus nom‑
breuses à tenter de le faire. « Les femmes
sont plus en risque de passer à l’acte que
les hommes qui, eux, sont plus en risque
de décès », pose l’Enquête de santé 2013.
En clair, ils se ratent « juste » moins.


Egalité dans la violence
De toute façon, les statistiques offi‑
cielles, les masculinistes s’en tam‑
ponnent, lorsqu’elles ne les arrangent
pas. Prenez les violences conjugales,
l’un de leurs chevaux de bataille. Selon
les chiffres policiers, 89,9 % des suspects
identifiés dans le cadre de faits de vio‑
lences physiques dans le couple étaient
des hommes. 98,9 % pour les violences
sexuelles, 71,9 % pour les violences psy‑
chiques et 80,4 % pour les violences économiques. Ce qui
ne les empêche pas de clamer que mesdames aussi peuvent
se montrer violentes (bien que personne n’ait jamais dit le
contraire), et que leurs perfidies mentales cognent aussi fort
que des gnons. « La violence psychologique peut durer des
années, tandis qu’une claque, c’est sur le coup. Après ça... »,
déclarait un Canadien dans le documentaire de Patric Jean.
« Les masculinistes affirment que les hommes étant plus
forts physiquement ou plus impulsifs, ils
utiliseraient plus naturellement la violence
physique alors que les femmes manieraient
la violence psychologique, ou même qu’elles
les provoqueraient. C’est un discours qui
n’est pas audible », contredit Jean‑Louis
Simoens, directeur de la ligne Ecoute vio‑
lences conjugales. Qui est sollicitée par 94 %
de femmes. « C’est un mécanisme connu,
poursuit‑il. Certaines victimes provoquent
la violence subie, parce que le traumatisme



LES DEUX SEXES
PEUVENT ÊTRE
ÉGAUX EN DROITS,
MAIS PAS ÉGAUX
TOUT COURT.

A Isla Vista (Californie), un hommage aux six vicimes d’Elliot Rodger,
qui a tué par frustration sexuelle.

DAVID MCNEW/GETTY IMAGES
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