Le Vif L’Express N°3555 Du 22 Août 2019

(Barry) #1

Je l’ai lu et j’ai trouvé ça formidable. Puis j’ai lu Vertiges, où il
évoque ses deux unions malheureuses et qui commence par
une scène hallucinante : il est avec sa deuxième femme et il
a envie d’entendre sa première femme, il est pris d’une sorte
de chagrin, il veut l’entendre, alors lui et sa deuxième femme
vont de cabine téléphonique en cabine téléphonique, pour
l’appeler... »
Je ne sais pas pourquoi mais je me dis qu’il pleuvait sans
doute dans le livre de Duroy sur cette scène de téléphone,
peut-être parce que pluie rime avec mélancolie. Par contre,
quand Yann Andréa va sonner à la porte de Marguerite Duras,
je me dis que le soleil brillait, au milieu de quelques nuages,
mais il brillait. Je parle de cela parce que c’est Cet amour-là,
de Yann Andréa, qu’évoque à présent Véronique Janzyk :
« Yann Andréa écrivait à Marguerite Duras et elle ne lui ré-
pondait jamais. Puis un jour, un nouveau livre de Duras ne
lui plaît pas et il ne lui écrit pas. Alors elle écrit à Yann Andréa
pour lui demander ce qui se passe – c’est beau, hein ? Ensuite
il passe à l’étape supérieure... et il ne repart plus. » « Quant
à moi, poursuit Véronique Janzyk, je regrette de ne pas être
allée saluer Yann Andréa dans le café parisien où il passait
ses journées. »


Quelques lignes pour quelques-uns
En vrac, citons encore quelques auteurs chéris par Janzyk.
Jacques Sternberg, « pour ses contes mais surtout pour
un de ses romans, Le Cœur froid, narrant un amour vénéneux.
Ça m’avait beaucoup plu, ça. »
Sam Shepard, « surtout pour ses nouvelles, notamment le
recueil A mi-chemin ». Véronique Janzyk m’offre ce recueil.
Un des courts textes, pudiquement tendre, qu’elle évoqua lors
de notre rencontre, me fera venir les larmes aux yeux.
Je pourrais encore parler ici de Stig Dagerman et de son plus
ou moins célèbre Notre besoin de consolation est impossible à
rassasier, magnifique titre, que Janzyk m’a offert aussi mais
que je n’ai pas encore lu. Je pourrais parler également de
l’auteur serbe Alexandre Tisma, du Français Richard Mor-
giève, que j’ai lu, jadis, moi aussi, et qui m’a laissé une forte
impression. Je pourrais parler enfin de Philippe Jaenada, un
as de la parenthèse (parfois double (voire triple)), qui écrit des
phrases vertigineuses et remplies d’autodérision (j’adore), et
que Janzyk s’apprête à emmener, en tout cas son roman Vie
et mort de la jeune fille blonde, dans une caravane à la mer. Je
pourrais parler de tout ça mais je vais plutôt aller me préparer
un Nescafé puis relire mon article. V

Franz Bartelt, auteur de
Depuis qu’elle est morte
elle va beaucoup mieux.
PHILIPPE MATSAS/REPORTERS
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