SUD OUEST bassin d\'Arcachon du Jeudi 22 Août 2019

(Barré) #1

Jeudi 22 août 2019 SUD OUEST


Benoît Lasserre


[email protected]


A


doptée par les élus régio-
naux le 9 juillet dernier, la
charte Néo Terra sera pré-

sentée au grand public à l’occa-


sion du G7 de Biarritz, ce week-


end. La Région Nouvelle-Aqui-


taine y organis,e en effet, un cycle
de conférences sur la transition


énergétique, le tourisme durable


ou l’agroécologie. Des sujets qui


figurent sur cette feuille de route


millimétrée (sur le papier en tout
cas) vers la transition climatique


et énergétique. La Nouvelle-Aqui-


taine est la première Région de


France à se doter d’un tel fil


rouge – pardon, fil vert.


Hausse des températures


Ainsi, toutes les délibérations ré-


gionales devront désormais obéir


au cahier des charges de la charte
Néo Terra. Élaborée dans la durée


et de façon transpartisane (lire


par ailleurs), selon le vœu du pré-


sident de la Nouvelle-Aquitaine,
Alain Rousset, la feuille de route
Néo Terra se présente comme
« un texte fondateur qui redonne
du sens à l’action publique,
comme un point de départ ».
La région est, il est vrai, l’une
des plus frappées par le change-
ment climatique. Au cours du siè-
cle dernier, les températures ont
augmenté d’1,4 %. La Nouvelle-
Aquitaine fait, par ailleurs, face à
des phénomènes naturels récur-
rents comme la sécheresse, les
tempêtes ou l’érosion littorale.
Est-il trop tard pour enrayer ce
sombre scénario? Ce n’est pas
l’avis d’Alain Rousset ni des scien-
tifiques qu’il a fait travailler sur le
climat ou la biodiversité. Mais,
plutôt que d’attendre 2050, seuil
établi par de nombreux déci-

deurs, le président a mis le cap
sur 2030. Dans onze ans, à peine.
« Notre Région ne va pas sauver le
monde, mais elle doit se donner
pour objectif d’y contribuer acti-
vement. »

Pas de grande vitesse
Onze, c’est aussi le nombre
« d’ambitions » déclinées dans le
document qu’ont voté les élus, le
9 juillet dernier. Les fondamen-
taux de la transition climatique
et énergétique y sont : engage-
ment citoyen, transition agroéco-
logique, mutation des entrepri-
ses, mobilités propres, urba-
nisme durable, traitement des
déchets, préservation de la biodi-
versité, nouveau mix énergétique,
préservation de la ressource en
eau ou encore sanctuarisation

des terres agricoles et forestières.
Ces onze chapitres sont à leur
tour répartis en 86 fiches-action
sur la sortie des pesticides – en ne
braquant ni les agriculteurs d’un
côté ni les écologistes de l’autre –,
la baisse de 30 % des prélève-
ments d’eau dans la région, en
augmentant de 50 % la produc-
tion d’énergie renouvelable pour
les exploitations agricoles ou en
parvenant à 80 % d’exploitations
agricoles certifiées bio ou Haute
Valeur Environnementale (HVE).
Néo Terra prévoit aussi que

100 % des plastiques utilisés par
les industriels soient recyclés dès


  1. Dans le domaine des trans-
    ports – où n’apparaît nulle part la
    notion de grande vitesse, le débat
    sur le TGV étant encore vif au sein
    de la majorité –, développement
    de tout ce qui est collectif, en pro-
    mettant « qu’aucune ligne ferro-
    viaire ne sera fermée à l’initiative
    de la Région ».
    Reste à savoir si cette dernière
    pourra financer une telle ambi-
    tion. Première réponse en décem-
    bre avec le budget 2020.


NOUVELLE-AQUITAINE La charte Néo Terra et ses


onze ambitions pour la transition énergétique et climatique,


sera présentée au G7 de Biarritz. Un plan inédit à l’échelle locale


La Région


lance son plan


pour le climat


La Nouvelle-Aquitaine fait, par ailleurs, face à des phénomènes
naturels récurrents comme la sécheresse. ARCHIVES LOÏC DEQUIER/ «SO »

Le fait du jour


Comme dit l’élu régional écolo-


giste Jean-Louis Pagès, il ne faudrait


pas que Néo Terra devienne du


« néo-blabla ». Une formule que


pourrait d’ailleurs reprendre à son
compte Alexandra Siarri, électron


libre du groupe LR/CPNT à la Ré-


gion, qui soutient le projet. « L’in-


tention est bonne et j’ai donc vo-


té pour, en essayant de convaincre
mon groupe », explique l’élue bor-


delaise à la sensibilité écologiste,


non-encartée dans un groupe où


elle cohabite avec le président de


CPNT (Chasse, pêche, nature, tra-
dition), Eddie Puyjalon – auquel


les Verts et les éoliennes donnent


de l’eczéma – ou avec le viticulteur


Yves d’Amécourt, qui se refuse à


stigmatiser OGM ou glyphosate.
« Je suis plus sceptique et inquiète


pour la concrétisation, le finance-
ment ainsi que la gouvernance de
Néo Terra. »

Aucun pouvoir réglementaire
De fait, lorsque la Région assure
qu’il faut baisser de 30 % les prélè-
vements d’eau d’ici à 2030 ou em-
pêcher toute nouvelle artificialisa-
tion des sols, l’intention est à sa-
luer. Sauf qu’elle n’a aucun
pouvoir réglementaire, notam-
ment à l’égard des autres collecti-
vités. « La Région est certes la pre-
mière à la formaliser aussi précisé-
ment mais la prise de conscience
sur la nécessité de changer nos
comportements est générale, y
compris chez la majorité des agri-
culteurs, répond la socialiste Anne-
Laure Bedu. Ensuite, la Région est

présente dans de nombreux finan-
cements ou conventions. Elle peut
donc avoir un rôle incitatif, voire

plus, si elle n’est pas satisfaite de
l’aspect environnemental du texte
qu’elle doit signer. Néo Terra reste
quand même une initiative pion-
nière et exemplaire. »

« Alain Rousset est sincère »
Le 9 juillet dernier, le vote de la
charte Néo Terra a servi à souligner
les tiraillements au sein du groupe
LR/CPNT et des trois groupes cen-
tristes. Le groupe RN a voté unani-
mement contre en choisissant
sans complexe – et sans sur-
prise – l’option climatosceptique.
Quant à la majorité, elle a fait
preuve d’unité, non sans que le
groupe écologiste ait donné des
sueurs froides à l’exécutif. En dé-
but d’année, les élus Verts avaient
menacé de quitter cette même

majorité si la feuille de route n’effec-
tuait pas des choix radicaux. Ce
que résume ainsi Benoît Biteau,
écologiste et président du groupe
radical de gauche à la Région (et
désormais eurodéputé) : « Alain
Rousset est sincère dans son com-
bat mais il s’attaque davantage aux
conséquences qu’aux causes. »
Mais l’élu partage l’analyse selon
laquelle la collectivité peut con-
vaincre ses partenaires dans les
projets cofinancés. « Même si la Ré-
gion ne finance parfois qu’à 10 %,
cela peut suffire à bloquer un pro-
jet. » L’essai est marqué, reste à le
transformer. Et à l’horizon 2030,
puisque c’est le seuil fixé par Alain
Rousset pour voir les premiers ef-
fets de Néo Terra.
B. L.

La charte Néo Terra a été
votée le 9 juillet. ARCH. T. DAVID/« SO »

« Une initiative pionnière et exemplaire »


La Région Nouvelle-Aquitaine participe aux débats organisés par
Surfrider pour son « appel de l’océan » (lire ci-contre). Elle présentera
une contribution élaborée avec le Département des Pyrénées-Atlan-
tiques, la Ville de Biarritz et la Communauté Pays basque (l’agglomé-
ration). Élaborée par 30 chercheurs de la région, une synthèse des
travaux scientifiques sur l’impact des changements climatiques sur le
littoral sera par ailleurs remise, samedi, à Alain Rousset, le président
de la Nouvelle-Aquitaine. Deux des chercheurs impliqués dans cette
synthèse en feront des présentations, le lendemain, à Biarritz.

Des propositions durant le G


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