SUD OUEST bassin d\'Arcachon du Jeudi 22 Août 2019

(Barré) #1

Sports


SUD OUESTJeudi 22 août 2019


Vincent Romain


[email protected]


P


osée là, sur le parquet, au bout
de la piste de course, une impo-
sante peluche. Elle appartient

à Jérémy Rozier. Lui comme les cinq
autres arbitres fraîchement pro-


mus en Pro D2 doivent se trimbal-


ler un nounours, un gros Titi ou un


panda pendant ce stage d’avant-sai-


son à Saint-Lary-Soulan avec leurs
collègues de première et deuxième


divisions. Sinon, Alexandre Ruiz


veille au grain : cinq euros


d’amende dès que la peluche n’est


pas portée. Un portable qui sonne
pendant une réunion? Un retard?


Il faut passer à la caisse. La cagnotte


ainsi constituée devait financer la


soirée d’intégration prévue hier soir,


après une pièce de théâtre jouée
par les « bizuths » sur l’histoire de la


commune des Hautes-Pyrénées.


Un petit air de colonie de va-


cances flotte au-dessus du groupe


de 47 arbitres (champ et vidéo)
réunis pendant quatre jours. « De-


puis quelques
années, il y a
un change-
ment dans
l’état d’esprit
du groupe.
Tout le monde
prend du plai-
sir ensemble,
on aime se cô-
toyer, surtout
dans un con-
texte ‘‘hors-
match’’ où
l’humain prend beaucoup plus


de place, où on est plus décon-


tractés », témoigne Romain Poite.


Après-midi studieuse
D’ailleurs, ce mardi matin, dans


le gymnase de Saint-Lary, le natif


de Rochefort (Charente-Mari-


time) participe aux tests physi-


ques, tout comme Alexandre
Ruiz, Matthieu Raynal et le Lan-


dais Pascal Gaüzère, qui iront aus-


si officier au Japon durant la


Coupe du monde. Eux ont déjà


validé leurs tests fin juin à Dax,
mais ils s’y collent quand même


avec le reste de la troupe. Pas in-


utile pour préparer le seul match


de Top 14 qu’ils dirigeront avant


de basculer sur les rencontres in-
ternationales, mais le vrai but est


ailleurs : « C’est important qu’on


forme une équipe et qu’on mon-


tre un peu l’exemple », souligne


Ruiz. Lequel se contente d’attein-
dre sobrement son objectif du


jour (2 300 mètres parcourus),


loin de Jérémy Rozier, qui achève


seul les 3 640 mètres prévus dans


le programme.
L’après-midi est beaucoup plus


studieuse. Le Béarnais Jérôme
Garcès, manager des arbitres fran-
çais depuis le 1er juillet dernier, et
parmi les favoris pour être au sif-
flet lors de la finale du Mondial,
réunit ses hommes dans la mai-
rie pour des travaux techniques,
vidéos à l’appui. Un groupe se
penche sur des décisions litigieu-
ses prises tout au long de la sai-
son dernière, un autre sur les
nouvelles règles de la mêlée en vi-
gueur depuis cet été. « On s’est en-
gagés auprès des coachs à faire
respecter ces règles. Maintenant,
on laisse tomber les sourires et on
ouvre les écoutilles », prévient
Garcès.

À appliquer dès ce week-end
Matthieu Raynal et Alexandre
Ruiz font face à une vingtaine de
collègues et posent un premier
constat : « Le Top 14 est le cham-
pionnat où on refait le plus de
mêlées. » 28 % exactement. Le
nouveau règlement de World
Rugby interdit aux joueurs de pre-
mière ligne de poser le sommet
de leur crâne sur l’épaule de leur
adversaire avant le « jeu! » de l’ar-
bitre. Une mesure qui vise à ré-
duire la pression sur les cervica-

les et à permettre une meilleure
stabilité des mêlées. Des vidéos
du dernier Argentine - Nouvelle-
Zélande suffisent pour montrer
un exemple clair de ce qu’il faut
faire appliquer dès ce week-end.

Process réglementaire
Place aux en-avants volontaires,
une action toujours délicate à ar-
bitrer. Ruiz et Raynal déroulent le
« process » réglementaire : « Est-
ce qu’il y a en-avant? Si oui, est-ce
qu’il est volontaire? Si oui, est-ce
que l’opportunité de jeu était in-
téressante? Si oui, est-ce qu’un es-
sai pouvait potentiellement être
inscrit? » Une manière très empi-
rique de guider vers la décision
appropriée (mêlée, pénalité, car-
ton jaune, essai de pénalité).
Des exemples sont proposés en
vidéo. « Le process est hyper sim-
ple, il n’y a pas de place pour l’in-
terprétation », martèlent les deux
arbitres internationaux. Et pour-
tant, à chaque fois ou presque, les
débats sont nombreux, et tous ne
tombent pas toujours d’accord...
Les deux autres sessions de tra-
vaux techniques prévues jusqu’à
la fin du stage ne seront pas de
trop.

ARBITRAGE L’ensemble des arbitres de Top 14 et Pro D2 sont réunis en stage à Saint-Lary. « Sud Ouest »


a passé une journée avec eux, entre tests physiques, réunions techniques et moments plus festifs


Efforts et réconfort


RUGBY TOP 14/PRO D2


Les arbitres (dont Romain Poite au premier plan) ont passé des tests physiques de cardio. Tous les ont réussis. PH. PATRICE MARTINS DE BARROS

1


Quel est le but de ces quatre jours
de stage?
Nous rassemblons les 36 arbitres de
Top 14 et Pro D2, les 11 « vidéo » et les
45 assistants à partir de ce jeudi pour
travailler les directives de la saison et
la cohésion du groupe, comme peu-
vent le faire les équipes de nos cham-
pionnats. C’est aussi l’occasion d’éva-
luer les performances physiques de
chacun.

2


Quelles sont ces nouvelles
directives?
Les commandements de la mêlée
sont modifiés pour ramener de la
stabilité. On passe trop de temps
dessus et ça ennuie tout le monde, ar-
bitres, joueurs et spectateurs. Sur le
jeu déloyal, il y a un arbre décision-
nel pour analyser les plaquages
hauts et déterminer si cela vaut péna-
lité ou pas, et carton ou pas. Y a-t-il
un geste délibéré? De la force?
Quelle est la zone impactée? Dès
que la tête ou le cou sont touchés,
ce sera carton rouge. Les textes ont
été précisés en ce sens.

Les arbitres internationaux animent
les réunions techniques. Ils ont une
expertise et côtoient les étoiles en
permanence, donc ce sont les
meilleurs vecteurs d’information.
L’objectif est d’apporter de la cohé-
rence dans toutes les décisions,
même si en match ce n’est jamais
tout blanc ou tout noir.

3


Le sujet des contestations de la
part des joueurs a-t-il été
évoqué?
Il ne faut pas participer à la désacra-
lisation de l’arbitre, qui doit conserver
son épaisseur managériale et tout
faire pour rester au-dessus de la mê-
lée. On a mis l’accent là-dessus. Cer-
tains comportements, comme le tu-
toiement ou la blague, ne doivent
plus être acceptés. Le capitaine est le
seul à véhiculer les informations.

3 QUESTIONS À...


Franck Maciello
Directeur national de l’arbitrage

PHOTO FFR

« On s’est


engagés


auprès des


coachs.


Maintenant,


on ouvre les


écoutilles. »


Jérôme Garcès


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