10 |france MARDI 27 AOÛT 2019
« Paris, Paris outragé, Paris brisé,
Paris martyrisé, mais Paris libéré! »
Soixantequinze ans après les
mots du général de Gaulle à
l’Hôtel de ville, Paris célébrait,
dimanche 25 août, sa libération
des troupes allemandes,
le 25 août 1944, au terme d’une
semaine d’insurrection qui coûta
la vie à 1 000 combattants
des Forces françaises de l’intérieur,
à 130 soldats de la 2e division blin
dée (DB), à 600 civils et à 3 000
soldats allemands. Ce dimanche,
les festivités ont débuté au pied de
la tour Eiffel, où l’occupant nazi
avait hissé son drapeau
le 14 juin 1940, par un hommage
aux six sapeurspompiers de Paris
ayant remplacé, sous le feu en
nemi, l’étendard à la croix gam
mée par le drapeau français. Jeep,
chars, camions, soldats et civils en
tenues d’époque ont ensuite
défilé de la porte d’Orléans, point
d’entrée dans la capitale de la 2e DB
du général Leclerc, jusqu’à la place
DenfertRochereau, où était inau
guré le nouveau Musée de la libé
ration de Paris, devant lequel la
maire, Anne Hidalgo, a déclaré :
« Nous montrons que Paris était et
demeure la ville de la liberté. »
henri seckel
Il y a 75 ans,
Paris libéré
photo : charles platiau/reuters
L’horizon judiciaire de Tariq Ramadan
s’obscurcit avec une nouvelle plainte
L’enquête du parquet de Paris sur l’islamologue suisse s’élargit. Elle retient désormais aussi
les chefs de « viol en réunion » et « menaces et actes d’intimidation » contre une victime
D
ans la bataille judiciaire
qu’est l’affaire Tariq Ra
madan, le camp des accu
satrices s’étoffe. Et l’islamologue
risque de voir s’alourdir les multi
ples mises en cause le visant déjà.
Alors qu’il fête ses 57 ans, lundi
26 août, il fait l’objet depuis plu
sieurs semaines d’une nouvelle
plainte, pour viol en réunion.
Doublement mis en examen en
février 2018, pour « viol » et « viol
sur personne vulnérable », après
les récits de deux femmes, à
l’automne 2017 ; puis placé sous le
statut de témoin assisté, en
juin 2018, dans le cadre d’une troi
sième plainte en France, l’intellec
tuel musulman est à nouveau gra
vement accusé par une femme
d’une cinquantaine d’années.
Dans une plainte du 31 mai, elle af
firme que le théologien l’a violée,
le 23 mai 2014, dans un hôtel de
Lyon, en compagnie d’une per
sonne membre de « son staff », se
lon une source judiciaire qui a
confirmé au Monde les informa
tions révélées par Le Journal du di
manche (JDD) et Europe 1.
« Personnalité complexe »
Le parquet de Paris, après avoir
reçu cette plainte, le 12 juillet, a
élargi l’enquête, confiée depuis
début 2018 à trois juges d’instruc
tion, en ouvrant un réquisitoire
supplétif, le 26 juillet, pour « viol
commis en réunion » et « menace
ou acte d’intimidation pour déter
miner une victime à ne pas porter
plainte ou à se rétracter ». Car la
nouvelle plaignante affirme avoir
reçu des pressions, au début de
l’année. Le 28 janvier, elle reçoit,
selon le JDD et Europe 1, un mes
sage sur son téléphone : « J’ai une
proposition à vous faire. Sur le plan
professionnel. Vous avez toujours
le même numéro de téléphone? »
Dès le lendemain, en l’absence de
réponse de sa part, deux hom
mes, selon le témoignage de la
plaignante, seraient venus lui ren
dre visite, dans le village du Var où
elle habite.
Le réquisitoire supplétif suggère
que le parquet de Paris prend au
sérieux l’hypothèse selon laquelle
des proches de M. Ramadan ont
voulu faire pression sur cette an
cienne journaliste de radio, en dé
but d’année, afin qu’elle ne dé
pose pas de plainte. La période
était alors cruciale. Quelques se
maines avant, en novembre 2018,
M. Ramadan venait d’être libéré,
sous contrôle judiciaire et avec in
terdiction de quitter le territoire
français, après plus de neuf mois
de détention provisoire. Le résul
tat, entre autres, d’un change
ment de stratégie. Encore détenu
et confronté aux résultats d’ex
pertises téléphoniques, il avait
fini par reconnaître face aux juges
avoir eu des relations sexuelles
avec les trois plaignantes, après
avoir longtemps nié tout rapport
intime avec les deux premières. Il
affirme, depuis, qu’elles étaient
consenties.
Mais les enquêteurs ont, depuis
le début de l’année, voulu écouter
d’autres personnes. Ainsi, selon
nos informations, une dizaine de
femmes ayant eu des relations
sexuelles avec Tariq Ramadan ont
été entendues ces derniers mois.
Plusieurs livrent la même mé
thode d’approche de l’islamolo
gue. Des échanges de messages
sur les réseaux sociaux ou par té
léphone, dans un premier temps.
Puis il leur demande d’envoyer
des photos d’elles dénudées. En
fin, après plusieurs semaines, une
première rencontre physique
dans une chambre d’hôtel, et des
rapports sexuels violents.
L’une des femmes auditionnées
par la brigade criminelle de Paris
tente de résumer aux enquêteurs
ses relations, désormais rompues,
avec l’islamologue. « M. Ramadan
a une personnalité à la fois com
plexe et très simple : c’est comme
un grand enfant, il veut avoir le
pouvoir sur tous les domaines », ré
sumetelle. Dans son audition,
que Le Monde a pu consulter, elle
évoque une relation « toxique »
qui, « au final », « a été tout sauf un
bienêtre ». Mais elle parle d’un
rapport sexuel « consenti », ce « di
manche de mars 2016 », où ils se
sont vus à l’Hôtel Crowne Plaza,
place de la République, à Paris.
Aux policiers, elle décrit la ren
contre de mars comme une « rela
tion sexuelle brutale ». Il ne lui met
pas de claque, mais l’étrangle, puis
finit par uriner sur elle, assuret
elle. Des actes qui font penser
à ceux décrits par l’une des
deux premières plaignantes de
l’automne 2017. « Vous me deman
dez si, devant ces “violences”, je ma
nifeste une désapprobation ou au
contraire une satisfaction : je ne dis
rien. Ce qui l’excite ce sont les fem
mes qui ne veulent pas. »
Avec l’islamologue, qu’elle a
connu alors qu’elle était en couple,
la femme du Crowne Plaza recon
naît n’avoir pas voulu couper les
ponts. « Je voulais rester attachée à
lui, je voulais garder contact avec
lui. J’étais très amoureuse de lui,
sous emprise », expliquetelle.
Avant d’ajouter : « C’est d’un autre
ordre qu’un viol physique, cela va
audelà, il y a de l’emprise. Il y a un
viol moral. Il a une telle emprise sur
vous qu’on fait tout ce qu’il nous de
mande, on n’est plus maître de no
tre personne. Mais cette relation
physique a été consentie. Il faudrait
une autre infraction pour ce genre
de personne. S’il a en face de lui une
personne un peu faible, il doit être
dans sa pleine jouissance. »
Peur et emprise
Une autre femme entendue par
les enquêteurs résume à sa ma
nière : « Il me poussait à faire cer
taines choses, il était très fort pour
ça. » D’après son récit, elle a ren
contré Tariq Ramadan « en no
vembre ou décembre 2015 », à l’Ho
liday Inn, gare de l’Est, après plu
sieurs semaines de messages
échangés. Le jour de leur première
rencontre, ditelle, il s’est montré
violent lors du rapport sexuel. « Je
lui demandais d’être plus doux,
mais il me disait : “C’est ta faute, tu
le mérites.” (...) Cela ne me plaisait
pas, mais j’ai continué. » Elle re
verra même Tariq Ramadan un
mois plus tard. Mais dit ne pas en
avoir parlé autour d’elle, ni même
à ses proches : « J’en avais honte,
car je ne me reconnaissais pas
dans ce que j’avais fait avec lui. »
Les enquêteurs lui demandent :
« Quelle image gardezvous de Ta
riq Ramadan aujourd’hui? » Ré
ponse, lapidaire : « Je le déteste, il
me dégoûte. »
Seule bonne nouvelle pour la dé
fense du théologien, une contre
expertise du téléphone de la
deuxième plaignante, « Chris
telle », vient démontrer que cer
tains des messages envoyés à
M. Ramadan, dans lesquels elle
écrivait notamment « ta peau me
manque », ont été écrits juste
après le viol qu’elle dénonce
en 2009, et non un mois avant,
comme elle l’assurait. Elle a re
connu s’être trompée. « C’est la
première fois qu’elle se trompe en
deux ans. La peur et l’emprise expli
quent ses messages », souligne son
avocat, Me Eric Morain, rappelant
l’ancienneté des faits et faisant ré
férence aux nombreux change
ments de version de M. Ramadan
sur leur rencontre, à Lyon.
Egalement visé par une en
quête en Suisse, où une femme
l’accuse de l’avoir violée et sé
questrée dans un hôtel, à Genève,
en 2008, Tariq Ramadan voit son
horizon judiciaire s’obscurcir.
Outre une possible mise en exa
men à la suite de cette quatrième
plainte en France, les juges d’ins
truction pourraient demander à
un juge des libertés et de la dé
tention la révocation de son con
trôle judiciaire. Contacté, Me Em
manuel Marsigny, l’avocat de
M. Ramadan, a répondu qu’il ne
ferait « aucun commentaire en
l’état ».
yann bouchez
Une femme
affirme que le
théologien l’a
violée, en 2014,
en compagnie
d’un membre
de « son staff »
M U N I C I PA L E S
A Paris, Mahjoubi
soutient Griveaux
Un temps candidat à la mairie
de Paris, le député La Républi
que en marche (LRM) Mounir
Mahjoubi s’engagera « pleine
ment avec Benjamin Griveaux »,
le candidat officiel investi par
LRM pour les municipales de
- Dans un entretien au
Parisien du 26 août, l’exsecré
taire d’Etat au numérique,
qui avait d’abord décidé de
soutenir Cédric Villani,
appelle ce dernier à abandon
ner l’idée d’une candidature
dissidente : « Le rassemble
ment avec Cédric, c’est une
nécessité. »
B I O E T H I Q U E
PMA : « mère et mère » sur
les actes de naissance
Interrogée sur BFMTV, lundi,
la ministre de la justice, Ni
cole Belloubet, a tranché :
« mère » et « mère » seront les
termes qui apparaîtront sur
l’acte de naissance des en
fants des couples de lesbien
nes ayant recours à une pro
création médicalement
assistée (PMA), après l’adop
tion de la loi de bioéthique
qui arrive à l’Assemblée fin
septembre. La mère ayant ac
couché devrait figurer en pre
mier. L’hypothèse de l’utilisa
tion de « parent 1 », « parent
2 » avait un temps circulé.
Lascience dubien-être
LECERVEAUCRÉATIF
DENOSRÊVERIES
AVEC NOTRE PROGRAMME
GREATER GOOD SCIENCE
DE L’UNIVERSITÉBERKELEYEN CALIFORNIE
FRÉDÉRICLOPEZ
MES HÉROS
DU BOUT DU MONDE
LA BELLE RENCONTRE
CAHIER NEUROSCIENCES
LE VERT, VITAMINE
D’UN MORAL AU BEAU FIXE
OSEZ LIBÉRER
VOS INSTINCTS SAUVAGES
LE POUVOIR BIENFAISANT
DES PLANTES ETDES ANIMAUX
Réveillezla
quiesten vous
nature
MichelleObama
« Moncombat defemmepourlasantédes enfants »
LA SCIENCEDU BIEN-ÊTRE # 12 - ÉTÉ 2019
ENVENTE
CHEZVOTREMARCHANDDEJOURNAUX