MondeLe - 2019-08-27

(Ron) #1

MARDI 27 AOÛT 2019 économie & entreprise| 13


Une perte de salaire due à un retard d’avion


doit être indemnisée par le transporteur


La Cour de justice européenne a condamné une compagnie à dédommager deux voyageurs


A


lors que les vacanciers se
pressent dans les halls
d’embarquement des aé­
roports pour reprendre le travail,
voilà une nouvelle qui pourra les
intéresser. Dans un arrêt du
29 juillet, la Cour de justice de
l’Union européenne (CJUE) a con­
damné une compagnie aérienne à
indemniser deux de ses passagers,
non seulement en raison du re­
tard de leur vol, mais aussi pour la
perte de salaire qu’ils ont subie à la
suite de jours de travail manqués.
De nationalité roumaine, ces
voyageurs avaient réservé deux
billets d’avion en septembre 2016
auprès de la compagnie Blue Air
pour rejoindre Londres, où ils
travaillent. A l’aéroport, ils ap­
prennent que leur embarquement
est annulé, faute de sièges disponi­
bles. Les deux passagers ont été
réacheminés sur un autre vol as­
suré par Blue Air seulement quatre
jours après, alors qu’ils devaient
reprendre le travail bien avant.
En guise de compensation, Blue
Air leur a offert une indemnité de
400 euros par personne, confor­
mément au droit européen. En
effet, le règlement no 261/

prévoit que les passagers d’un vol
au départ ou à destination d’un
aéroport européen ont droit à
une indemnisation en cas de vol
annulé ou retardé allant de 250 à
600 euros selon la distance, sauf
en cas de circonstance exception­
nelle (conditions météorologi­
ques, attentat...).

Obligation d’information
Mais les requérants ont estimé
que leur préjudice dépassait lar­
gement le montant de cette com­
pensation. En effet, ils n’ont pas
pu honorer leurs engagements
professionnels à la suite de leur
retard, ce qui leur a occasionné
des retenues de salaire. Une pro­
cédure de licenciement, qui s’est
finalement soldée par un blâme, a
même été ouverte à l’encontre de
l’un d’entre eux.
Les deux passagers ont alors
saisi la justice roumaine, mais le
tribunal de première instance de
Bacau a rejeté leur demande d’in­
demnisation complémentaire
au titre du préjudice profession­
nel. Le couple a fait appel devant
le tribunal de grande instance,
qui a décidé de s’en remettre à la

Cour de justice de l’Union euro­
péenne. La plus haute juridiction
de l’Union en matière de droit a
finalement donné raison aux
deux passagers. « Une telle perte
de salaire doit être considérée
comme un préjudice pouvant
faire l’objet de l’indemnisation
complémentaire [elle s’ajoute à
l’indemnité forfaitaire dont peu­
vent bénéficier tous les passa­
gers victimes d’un retard de
vol]», a décidé la CJUE.
« Cette décision peut s’appliquer
à toute personne en partance pour
un autre pays européen », fait
valoir Me Caroline Horny, avocate
associée au cabinet Desarnauts
& Associés et membre du réseau
Eurojuris. En France, il y a déjà eu
un précédent ferroviaire très mé­
diatisé : la SNCF a été condamnée
en 2010 par la cour d’appel de
Paris à indemniser un avocat qui
avait raté une audience à la suite
du retard d’un train.
L’arrêt de la Cour de justice de
l’Union européenne précise
qu’« il appartient à la juridiction
de renvoi [du pays où la justice est
saisie] de déterminer et d’appré­
cier les différents éléments consti­

tutifs dudit préjudice, ainsi que
l’ampleur de l’indemnisation de
celui­ci ». De l’avis de Me Caroline
Horny, la preuve du préjudice
d’une perte de salaire peut être
facilement apportée « en présen­
tant des fiches de paie faisant la
preuve de la retenue de salaire
pour cause d’absence injustifiée ».
Autre point important précisé
dans l’arrêt de la Cour de justice
de l’Union européenne : le trans­
porteur a le devoir de trouver
une solution et d’informer les
passagers de toutes les options
possibles.
« Pour sa défense, le transpor­
teur a fait valoir que ses passagers
ne l’avaient pas informé de l’im­
portance de ce vol pour eux, souli­
gne Me Caroline Horny. Mais la
CJUE a rappelé que c’est au trans­
porteur d’apporter tous les élé­
ments pour que les passagers dé­
cident de la meilleure option. » Il
peut s’agir des possibilités
d’acheminement par une autre
compagnie à ses frais, par exem­
ple. Une possibilité rarement
proposée spontanément aux
passagers.
catherine quignon

Le Kenya devient producteur de pétrole


Les 200 000 premiers barils seront exportés par tankers vers la Chine d’ici à septembre


I

l y avait un brin de fierté
dans la voix. « Nous sommes
désormais exportateurs de
pétrole, a déclaré Uhuru Ke­
nyatta, président du Kenya, le
1 er août. Notre premier accord a
été conclu cet après­midi avec
200 000 barils pour un prix de
12 millions de dollars [soit près de
11 millions d’euros]. » D’ici au
mois de septembre, les premières
gouttes de brut kényan, achemi­
nées par camion depuis le comté
de Turkana, dans le nord­ouest
du pays, seront exportées par tan­
kers vers la Chine.
Ce brut n’a pas la qualité du pé­
trole du delta du Niger, considé­
rée comme l’un des meilleurs au
monde. Il n’empêche que le Ke­
nya, dont la production devrait
être comprise entre 60 000 et
80 000 barils par jour, fait désor­
mais partie des pays producteurs
d’or noir. « S’il n’y a pas d’autres
découvertes, cette nouvelle ri­
chesse ne devrait toutefois pas
bouleverser l’économie du pays,
qui est relativement diversifiée »,
assure Benjamin Augé, chercheur
au centre Afrique subsaharienne
de l’Institut français des relations
internationales (IFRI).
Des explorations offshore au
large des côtes – mais peut­être en
territoire somalien – pourraient
venir doper encore plus l’écono­
mie qui, après avoir vu sa crois­
sance chuter à 4,9 % en 2017 en
raison de la sécheresse et d’incer­
titudes électorales, devrait con­
naître un rebond de 5,7 % en 2019.
Le litige frontalier opposant le
pays à la Somalie doit être réglé en

septembre devant la Cour inter­
nationale de justice de La Haye.
Pendant un an, le pétrole a été
acheminé par camion jusqu’au
port de Mombasa (sud­est), puis
stocké dans des cuves. Dans une
seconde phase, qui ne sera pas dé­
cidée avant 2020, les autorités
souhaiteraient que l’or noir cir­
cule dans un oléoduc depuis la
zone de production jusqu’au port
de Lamu, situé dans le nord du
pays. Mais ce projet est contesté :
il se situe près de la frontière so­
malienne, où il y a déjà eu des en­
lèvements et des actes terroristes
revendiqués par les Chabab. « To­
tal, qui possède 25 % des parts du
projet, a toujours été défavorable
à ce site pour des questions de sé­
curité, explique Benjamin Augé.
Mais, sur place, il n’y a aujourd’hui

pas les moyens logistiques pour
faire venir des tankers de plusieurs
centaines de milliers de barils. »
Le gouvernement insiste pour
que le pétrole soit exporté depuis
le port de Lamu, car il souhaite dé­
velopper de nouvelles zones éco­
nomiques dans le pays et désen­
gorger le port de Mombasa. Cette
décision est aussi liée au fait que
les Kikuyu, l’ethnie du président
Kenyatta, possèdent des terres
dans la région. Cette obstination à
vouloir le privilégier par rapport à
Mombasa a provoqué une
épreuve de force avec l’Ouganda,
autre pays producteur de pétrole.
« Le Kenya était effectivement envi­
sagé pour l’exportation du brut
ougandais, où les réserves sont
trois fois plus importantes, analyse
le chercheur de l’IFRI. Mais,

comme Uhuru Kenyatta ne voulait
pas de Mombasa, Total a fait en
sorte que les négociations puissent
s’ouvrir avec la Tanzanie. Le brut
ougandais devrait dont être ex­
porté depuis le port de Tanga, dans
le nord de la Tanzanie. Le tracé est
plus long que s’il passait par le ter­
ritoire kényan, mais la Tanzanie a
accepté des droits de transit infé­
rieurs à ceux du Kenya sur toute la
durée d’exploitation du pipeline. »

« Eliminer la pauvreté »
Dans son allocution, Uhuru Ke­
nyatta a déclaré que les ressour­
ces pétrolières « devaient être uti­
lisées au mieux pour assurer la
prospérité du pays et éliminer la
pauvreté ». Depuis la réélection de
M. Kenyatta en 2017, le gouverne­
ment communique sur son pro­
gramme « Big Four », visant à dé­
velopper la santé universelle, le
logement, la sécurité alimentaire
et l’industrie. « A travers le monde,
on s’aperçoit que les bons dévelop­
pements pétroliers et miniers se
font quand les présidents des pays
exportateurs sont soumis à des
contre­pouvoirs, lorsqu’ils sont
contrôlés par un Parlement, des
partis d’opposition qui jouent leur
rôle de façon constructive et une
société civile organisée et bien in­
formée », analyse M. Augé.
Au Kenya, la société civile est
active, mais l’opposition est assez
discrète. Son principal leader,
Raila Odinga, a passé un accord
avec le chef de l’Etat. Un autre op­
posant était le gouverneur du
comté de Turkana, Josphat Na­
nok. Mais ce dernier s’est rappro­

ché du vice­président William
Ruto et a de ce fait été exclu de son
poste de vice­président de
l’Orange Democratic Movement
(ODE, le parti de Raila Odinga), en
juin. Il se murmure qu’il aurait
passé un accord avec William
Ruto pour devenir un jour son mi­
nistre du pétrole dans le cas où ce­
lui­ci succéderait à M. Kenyatta
en 2022. « Toutes les personnalités
politiques qui pouvaient jouer un
rôle, afin de mettre en difficulté
Uhuru Kenyatta sur le développe­
ment du pétrole, sont actuellement
anesthésiées par leurs propres am­
bitions », conclut Benjamin Augé.
Sur le plan régional, de nou­
veaux rapports de force pour­
raient apparaître après l’arrivée
de l’Ouganda sur l’échiquier des
pays producteurs. Au pouvoir
depuis 1986, Yoweri Museveni,
qui se considère, du fait de sa
séniorité, comme le leader natu­
rel de la région, a décidé avec
l’accord de Total de tenir tête au
Kenya. Jusqu’à quand ?
pierre lepidi

« Cette nouvelle
richesse
ne devrait pas
bouleverser
l’économie du
pays, qui est
assez diversifiée »
BENJAMIN AUGÉ
chercheur à l’IFRI

M O N N A I E
Le yuan au plus bas
depuis 2008
Le yuan a atteint, lundi
26 août, son plus bas niveau
depuis plus de onze ans face
au dollar, sur fond d’embrase­
ment de la guerre commer­
ciale entre la Chine et les
Etats­Unis. La monnaie
chinoise s’est échangée, en
séance, à 7,1449 yuans pour
1 dollar. – (AFP.)

M É D I A S
L’Australie envisage de
censurer des contenus
extrémistes sur Internet
L’Australie songe à bloquer
des sites Internet qui
diffusent des contenus extré­
mistes « violents et terroris­
tes », a indiqué, dimanche
25 août, le premier ministre,
Scott Morrison, en référence
aux attaques sanglantes per­
pétrées contre deux mos­
quées en Nouvelle­Zélande en
mars, qui ont tué 51 person­
nes, et filmées par l’agresseur
qui diffusait ses images en di­
rect sur Facebook. – (AFP.)

D I S T R I B U T I O N
L’ouverture d’un
hypermarché sans
caissiers le dimanche
suscite la polémique
Environ 250 personnes, selon
les organisateurs, se sont ras­
semblées, dimanche 25 août,
à Angers, devant l’hypermar­
ché Casino La Roseraie, qui,
pour la première fois, était
ouvert l’après­midi sans cais­
sières. Pour Jean Pastor,
délégué syndical central du
groupe Casino, « les gens n’ont
pas besoin d’une demi­journée
de consommation supplémen­
taire. L’amplitude horaire
d’ouverture est déjà largement
suffisante comme ça ». – (AFP.)

OUGANDA

SOUDAN
DU SUD

TANZANIE

ÉTHIOPIE

SOMALIE

Mombasa

Tanga

Hoima

Lamu

Lokichar

NairobiTana

Tracé du projet
d’oléoduc kényan

Tracé choisi
par l’Ouganda

Champ pétrolier

KENYA

250 km

Comté
de Turkana

OCÉAN
INDIEN

La Communautéd’AgglomérationNîmesMétropole
recrutepoursa DirectionGénéraledes Services

Directeurde Projet
NPNRU(H/F)
Recrutementd’un(e)agentcatA, parvoiestatutaire
(ingénieurchef) ou contractuelle(CDD3 ans)
NîmesMétropolea 3 quartiersprioritaires d’intérêt nationalau sensde l’ANRUsurson
territoire. Ce sonttousdesquartiersde la villecentre quicumulentdesdifficultés
économiqueset socialestrès importantescouplésà desdysfonctionnementsurbains
majeurs.Cestroisquartiersreprésentent10%deshabitantsde l’agglomération.
La Communautéd’Agglomérationet la Villede Nîmessontengagésdansun programme
de rénovationurbainede cesquartiers.
Pourmenerà sontermeavec succés,le porteurde projetdoitse doterd’unDirecteur
de Projetde hautniveau.
Le Directeurde projetassure la miseen œuvre généraledu projetde développement
desquartiersNPNRUde Nîmes– Métropole
Il piloteégalementla miseen œuvre opérationnelledu projeten veillantau respectdes
objectifsstratégiquesdéfinisdansla conventionNPNRUet doitveillerà la contractua-
lisationrapidedesévolutionsdu projetde rénovationurbaineau traversde conventions
et d’avenantssignésavec l’ANRU.
Profil:• Formation supérieurede type ingénieur, architecte,urbaniste• Expériencedans
la conduited’opérationsd’aménagementcomplexeet en rénovation urbaine.Etre concerné
par la transformation des quartiersd’habitat socialet l’amélioration des conditionsde vie
de leurshabitants.Faire preuved’uneaisancerelationnelleavec les interlocuteurspoli-
tiquesou techniquesd’horizonsvariés.Une expériencede maîtrised’ouvrage en SEMou
OPH/ ESH est souhaitéecoupléeà une expérienceen postede directionen collectivités
locales.Connaissanceen matièred’ingénieriesocialeet Politiquede la Ville en général.
Missions:
Définiret mettreà jour le projetde rénovation urbaine:• Organiseret coordonner
l’élaboration des projetsurbainset de l’ingénierieurbaine• Conduirel’évaluation du
projeturbain
Cordonneret animerle dispositifde pilotagestratégique:• Organiseret animerles
instancesde pilotage • Construireles partenariats nécessairesau projet• Evaluerla
faisabilitédu projetet des composantes• Prépareret organiserles arbitrages • Procéder
à l’évaluation du projetde rénovation urbaine
Conduirela réalisationdu NPNRU au planopérationnel:


  • Anticiper, analyseret gérerles risquesdu projet• Identifieret réunirles expertises
    nécessairesau projet• Animerles instancesde pilotage et le collectifd’acteurs

  • Contrôleret évaluerrégulièrementl’avancementdu projet
    Articulerle NPNRU aux dispositifsde développementsocialet économique:

  • Définiret piloterla stratégiede relogement• Animerla chartepourl’insertion• Définir
    la stratégiede gestionurbainede proximité• Veiller au respectdes orientationsstraté-
    giquesdu Contrat de Ville
    Conseilleret aiderles élus à prendredes décisionset à agir en matièrede commu-
    nicationet de concertation:• Vveillerà la miseen œuvred’unestratégiede communi-
    cation et de concertation pourle projetde rénovation urbaine• Fournirdes informations
    fiablessur le projet• Intégrerdansla dynamiquedu projetles enseignementsdes actions
    de communication et de concertation
    Localisation : Gard
    Descriptiondu candidat:

  • Compétencesmétier: - Conduitede projetscomplexes- Capacitéà construireet à
    animerun systèmede décisionsolide- Capacitéà menerdes négociationsde hautniveau

  • Connaissance et pratique des dispositifsmis en placepar l’ANRU, l’ANAH- Connaissance
    du fonctionnement des collectivités locales.

  • Compétences managériales : - Maîtrisede la conduitede projet,depuissa conception
    jusqu’àson évaluation - Capacitéà coordonneret animerun systèmepartenarialcomplexe

  • Capacitéà encadrer une équipe- Capacitéà piloter des prestataires- Capacitésà
    coordonneret dirigerl’actionde servicesde droitcommun

  • Atoutspersonnels: - Culturede l’aménagement,de l’habitat, du logementsocialet de
    la Politiquede la Ville

  • Capacitéà donnerdu sensà l’action- Senspolitiqueet de la négociation - Capacité
    d’adaptation,d’anticipation et de prisede recul
    Pour tout renseignementcomplémentaire, contacterEmmanuelLICOUR04.66.02.55.
    [email protected]
    Postuler:
    Mail :[email protected]
    Postale:Directiondes RessourcesHumaines,3 rue du Colisée, 30900 NIMES
    Date limitede candidature fixéeau 10 septembre2019.


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