Sud Ouest Sud-Gironde - 2019-08-23

(Romina) #1

Gironde Vendredi 23 août 2019SUD OUEST


Isabelle Castéra
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H


eureux. Ému, même. Et aussi
fier tant qu’à faire. Philippe Vi-
gouroux, directeur général du
CHU de Bordeaux, va laisser son fau-
teuil à Yann Bubien au mois d’octo-
bre. Un fauteuil pas vraiment confor-
table mais solidement amarré. Le
CHU arrive en tête de podium, au der-
nier palmarès des 50 meilleurs hôpi-
taux publics de France, réalisé par
l’hebdomadaire « Le Point ». Ce po-
dium des trois meilleurs, qu’il partage
avec les CHU de Lille et de Toulouse de-
puis dix-sept ans. « Mais là, nous som-
mes les premiers, accuse Philippe Vi-
gouroux. Et pour la troisième fois en
quatre ans. Je vais partir en laissant
l’établissement dans d’excellentes
conditions. »
Ce palmarès indépendant du
« Point » est réputé comme étant le
plus sérieux, il répond à une en-
quête de terrain méticuleuse. Pour
figurer au classement final, les éta-
blissements doivent fournir un ser-
vice médical et chirurgical com-
plet. En l’occurrence, l’hebdoma-
daire travaille sur 122 disciplines
médicales et chirurgicales, on n’a
jamais fait plus exhaustif. Sont dé-
sormais intégrées des nouvelles
disciplines comme les troubles du
sommeil, la chirurgie des testicu-
les, des cancers de l’enfant et de
l’adolescent (rein, os, cerveau, leucé-
mies aiguës, lymphomes), l’épilep-
sie...


« Remercier les hospitaliers »
« Ce classement est l’occasion pour
moi de remercier le travail des hos-
pitaliers, reprend le directeur géné-
ral du CHU de Bordeaux. Car certes,
sont récompensés les médecins
sous les sunlights, mais aussi tous
les soignants, les administratifs,
ceux qui font tourner la machine
CHU. »
Selon lui, le succès de l’établisse-
ment public bordelais est attribué
à « la grande homogénéité dans la
qualité, assure le directeur. On peut
conseiller toutes les spécialités, tou-
tes excellent ». Mais, il admet que
sa politique, le
fameux « pari
de la recher-
che », a porté
ses fruits. « Un
élément aura
été décisif : l’im-
pulsion que
nous avons
donnée il y
a six ans à la re-
cherche, en en
faisant l’orientation première de
notre projet d’établissement, dit-il.
Le résultat est là : nous sommes
cette année à la 4e place nationale
au palmarès des publications dans
les grandes revues médicales inter-
nationales et à la 3e place nationale
au palmarès des contrats avec l’in-
dustrie pharmaceutique, ainsi qu’à
la 2e place au palmarès des appels à
projets nationaux du ministère de
la Santé. »

La rigueur des soins
Ce pari de la recherche a suscité au
sein de la communauté médicale,
que Philippe Vigouroux qualifie de
« particulièrement soudée », une
émulation propice à servir au plus
grand nombre. « Car, signale-t-il,
c’est non seulement la promesse
de mieux soigner demain, mais
aussi la certitude de mieux soigner
aujourd’hui. En effet, la rigueur des
protocoles de recherche dans un
hôpital contribue directement à la
rigueur des soins. » C’est tout « bé-

néf’» pour les patients. Philippe Vi-
gouroux a une longue histoire avec
le CHU de Bordeaux. Avant de le di-
riger pendant presque sept années,
jusqu’à ce mois de septembre, où il
s’apprête à le quitter définitivement
(1), il en fut pendant sept autres an-
nées, le directeur général adjoint.
Les esprits chagrins sauront rap-
peler la crise aux urgences qui sévit,
même à Bordeaux depuis quelques
années. N’oublieront pas de se sou-
venir des combats des soignants
pour défendre leur métier, leur hu-

manité, face au nouveau modèle de
gestion hospitalière française. Cer-
tes. L’heure est à la bonne nouvelle
pour les habitants de Nouvelle-
Aquitaine, car un CHU en tête des
classements rayonne. Le prochain
pari serait d’en faire un outil exem-
plaire.

(1) Philippe Vigouroux quitte la direction
générale du CHU de Bordeaux pour
prendre le poste de conseiller
aux affaires sociales de l’ambassade de
France à Rome.

CHU DE BORDEAUX L’hôpital public de


Nouvelle-Aquitaine est classé en tête des


50 meilleurs hôpitaux publics français. Son


directeur général applaudit et commente


Premier hôpital de France


Le directeur général du CHU de Bordeaux, Philippe Vigouroux, est fier de son établissement.
ARHIVES THIERRY DAVID

Ils sont plus de 70, vignerons et
négociants, à avoir pris leurs quar-
tiers ce jeudi à Québec pour la
5 e édition du pendant canadien
de Bordeaux fête le vin. Pendant
quatre jours, ces professionnels
vont une nouvelle fois faire dé-
couvrir leurs précieux crus et met-
tre en valeur le terroir bordelais.
Car l’événement n’est en aucun
cas une manifestation commer-
ciale. L’objectif est de faire de la
promotion et d’inciter les con-
sommateurs québécois, très con-
naisseurs en la matière, à avoir le
réflexe vins de Bordeaux au res-
taurant ou dans les magasins.


Un marché à préserver
Il est donc essentiel pour la filière
d’assurer une présence sur le ter-
rain auprès du grand public.
« Nous avons réinvesti le marché
nord américain et nous menons
des actions de promotion fortes
au Canada. C’est un marché his-
torique pour les vins de Bordeaux


(9e marché mondial) que nous
avions un peu délaissé car l’eldo-
rado s’ouvrait avec les pays asiati-
ques. Mais on voit que dès qu’on le
sollicite à nouveau, il redémarre
car nous parlons à des connais-
seurs et à des consommateurs
non pas acquis mais conquis », as-
sure Julien Vignault, représentant
du Conseil des vins du Médoc. « Il
ne faut pas oublier nos fonda-
mentaux et sécuriser les marchés
où on est présent grâce à cette ap-
proche directe des consomma-
teurs », poursuit Laurent Vaché, di-
recteur des vignerons d’Unimé-
doc et vice-président de l’Alliance
des crus Bourgeois du Médoc.
Si le rendez-vous est incontour-
nable pour la profession, il n’en
demeure pas moins que le mar-
ché reste difficile à investir. Car les
viticulteurs doivent répondre à
des codes bien précis pour ven-
dre leurs vins au Québec. Ici, rien
ne se fait sans passer par le sas
d’accès de la Société des alcools

du Québec (SAQ) qui a le mono-
pole de l’achat et de la distribu-
tion des boissons alcooliques
dans la Belle Province. « Le Québec
est une cible prioritaire. C’est un
marché mature mais compliqué
car il faut passer par la SAQ et
pour cela il faut trouver un agent.
Quant aux importations privées,
elles restent minimes », souligne

Laurent Vaché dont deux mar-
ques de la cave sont aujourd’hui
référencées par la SAQ.

SAQ : les places sont chères
« Nous ne venons pas sur la fête
du vin pour faire du business
mais pour faire la promotion de
nos vins liquoreux. Mais c’est tou-
jours assez frustrant de faire dé-

guster un vin à quelqu’un sans
qu’il puisse l’acheter ensuite. Il y
a bien une centaine de références
à la SAQ pour les liquoreux mais
il n’y a encore que peu de vins à
prix abordables. L’accès à la SAQ
est très fermé et les places sont
chères », regrette Stéphane
Wagrez, producteur de Sauternes,
Barsac et Bordeaux moelleux.
Pour Renaud Limbosch, le pro-
priétaire du château Tifayne à
Puisseguin, présent à Québec de-
puis la première fête du vin et
dont certains vins sont référencés
à la SAQ , il y a tout de même du
mieux. « Avant, il était impossible
de vendre des petits volumes.
Maintenant, c’est plus souple et
c’est possible avec les importa-
tions privées. Puis, il ne faut pas le-
ver le pied sous prétexte qu’il y a
un monopole de la SAQ. C’est un
réseau de distribution comme un
autre. Il faut continuer d’investir
le marché et être nombreux à
pousser la porte. Puis il faut être
présents sur des événements
comme la fête du vin pour que les
consommateurs demandent en-
core des vins de Bordeaux en
rayon. »
Stella Dubourg

ÉCONOMIE Véritable levier de notoriété, Bordeaux


fête le vin à Québec est un rendez-vous important


pour la filière et utile pour soutenir l’export. Même si


le marché reste difficile à investir


Le marché québécois : « une cible prioritaire »


Julien Vignault (à gauche) et Laurent Vaché sur le pavillon
de l’appellation Médoc. PHOTO GUILLAUME BONNAUD

L’une des
conséquences
de ce résultat :
l’impulsion
donnée
il y a six ans
à la recherche

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