Sud Ouest Sud-Gironde - 2019-08-23

(Romina) #1

SUD OUESTVendredi 23 août 2019


Trésor qui a défendu, lui aussi, l’idée
d’une « taxation digitale internatio-
nale » émise à la réunion prépara-
toire des ministres des Finances du
G7. Macron veut aussi engranger
des résultats dans la lutte contre
les inégalités (affiché comme prio-
rité de ce G7) et dans une mobilisa-
tion accrue en faveur des pays du
Sahel, en proie à la désertification
et au terrorisme.


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La sécurité à maintenir,
au sommet et dans le monde
À défaut d’empêcher des clashs en-
tre dirigeants, le G7 biarrot sera ju-


gé sur sa capacité à gérer d’éven-
tuels débordements lors des ma-
nifestations des « anti-G7 », et à pré-
venir une attaque terroriste ou des
cyberattaques. Mais il est d’abord
attendu sur les pistes qu’il va être
capable d’ouvrir pour rendre le
monde plus sûr : justice climati-
que, équité commerciale et fiscale,
appui au développement pour
contrer la tentation terroriste. Sans
oublier le chapitre essentiel de la
révolution numérique pour la ren-
dre plus inclusive, et éviter qu’elle ne
débouche sur un naufrage des li-
bertés individuelles.

sud ouest.fr
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C’est un Boris Johnson plus conci-
liant que prévu qui a rencontré Em-
manuel Macron, hier, à Paris avant
de le retrouver, demain, à Biarritz
au G7, où le sujet du Brexit va inévi-
tablement être abordé. « Je veux un
accord », a juré le Premier ministre
britannique au président français,
comme il l’avait fait, la veille, à Berlin
face à la chancelière allemande.
« Faisons en sorte de réaliser le
Brexit de façon intelligente et prag-
matique dans l’intérêt des parties »,
a développé le successeur de The-
resa May dans la cour de l’Élysée. Un
discours sensiblement différent de
celui qu’il tient à Londres et ainsi ré-
sumé : « Le Brexit dès le 31 octobre,
avec ou sans accord ».
Vu par les Britanniques comme
« le dur de la bande », Emmanuel
Macron s’est justifié : « On dit cela
parce que j’ai toujours affirmé
qu’un choix a été fait par les Britan-
niques et qu’il ne sert à rien d’es-
sayer de ne pas appliquer ce choix ».
Exactement ce que pourrait dire Bo-
ris Johnson mais qui, dans la bou-
che d’un président français, semble
signifier : « Si Londres veut partir,
c’est à ses risques et périls ».

Le casse-tête irlandais
Londres veut partir, c’est incontes-
table, mais la question du com-
ment n’a pas été tranchée depuis
le vote du 23 juin 2016. Hier, Macron
a rappelé qu’un Brexit sans accord
obligerait l’Union européenne à ré-
tablir des contrôles à la frontière ir-
landaise pour protéger le marché
unique. Et que c’est précisément

pour éviter d’en arriver là, avec le
danger que cela fait courir à la paix
en Irlande (garantie par les Accords
du Vendredi saint, depuis 1998),
qu’elle propose aux Britanniques
un « filet de sécurité » impliquant
de garder Londres dans l’union
douanière.
Ce « backstop », intégré dans l’ac-
cord de 2018 entre Bruxelles et Lon-
dres, a entraîné un triple rejet du
texte à Westminster sans qu’au-
cune alternative ne soit proposée
par les Britanniques, entraînant la
chute de Theresa May. Et le pro-
blème reste entier puisque Boris
Johnson répète, en tant que Pre-
mier ministre, ce qu’il disait avant
de l’être : ce « backstop », en mainte-
nant le Royaume-Uni dans l’orbite
de l’UE, l’empêche de reprendre sa
liberté et de nouer de nouveaux ac-
cords commerciaux. Ce qui revien-
drait à nier le Brexit.
Hier, Johnson a juré qu’il existait
« des solutions techniques aisé-

ment disponibles ». Lesquelles, se
demande-t-on à Bruxelles, Berlin ou
Paris? Car en deux ans, les négocia-
teurs européens et britanniques ne
les ont pas trouvées. Conciliant lui
aussi, Macron a tenu à Boris John-
son le même discours que Merkel :
« Utilisons les trente jours qui res-
tent pour trouver une solution...
dans le cadre de ce qui a été négo-
cié ».
Mais à Paris, on ne croit pas désor-
mais pouvoir éviter un Brexit sans
accord et Macron a rappelé que la
France s’y était préparée. Ce qui ne
l’empêche pas d’insister sur le ca-
ractère « essentiel et inaltérable » de
la relation franco-britannique,
« quelles que soient les circonstan-
ces ». Cette relation privilégiée en
matière de diplomatie et de dé-
fense trouve un écho à Londres et
Boris Johnson a renchéri sur le su-
jet en appelant à « intensifier le par-
tenariat ».
C. L.

Boris Johnson a affiché une attitude décontractée, dans
les salons de l’Élysée, face à son homologue français. PHOTO AFP

BREXIT Le Britannique
a dit au président
français qu’il voulait
éviter le « no deal »

Macron et Johnson croient


encore à un accord de sortie


Justin Trudeau


Canada. On scrutera les
retrouvailles du jeune Premier
ministre canadien avec Donald
Trump. Ce dernier l’avait traité de
« faible et malhonnête » lors du G
de l’an dernier... au Québec. Même
s’il a des milliers de kilomètres de
frontière avec les États-Unis, le
Canada et son jeune leader
entretiennent une relation
difficile avec l’administration
Trump, et pas seulement sur les
questions commerciales. Du
coup, Trudeau se retrouve bien
plus souvent aux côtés des
Européens sur les grands dossiers
internationaux. Ce devrait être
encore le cas au G7 biarrot.

Boris Johnson


Royaume-Uni. Le successeur de
Theresa May à Downing Street n’a
qu’un souci : sortir de l’Union, le
31 octobre, quoi qu’il en coûte à son
pays. Et sa présence au G7 n’a qu’un
objectif clair : s’entretenir avec
Trump pour lui arracher la
promesse d’un accord commercial
bilatéral privilégié dans la lignée de
la « relation spéciale » que Londres
se flatte toujours d’entretenir avec
Washington. L’Américain le lui a
promis mais faut-il le croire? Pour
le reste, Johnson, qui a déjà vu
Macron et Merkel sur le Brexit, va
profiter de ce G7 pour faire oublier
qu’il fut un médiocre ministre des
Affaires étrangères.

Shinzo Abe


Japon. Le Premier ministre
japonais, en poste depuis 2012,
arrive au G7 dans le costume de
président sortant du G20. Son
entente avec Emmanuel Macron,
mise en scène fin juin à Tokyo lors de
la visite du président français, sera
pour lui un allié précieux dans un
contexte difficile. Représentant du
seul pays du G7 situé dans la région
la plus dynamique de la planète,
Shinzo Abe est à l’image de son pays,
discret mais influent. La présence à
ce G7 de l’Inde, partenaire
stratégique du Japon, le satisfait. Et
si des majorités à géométrie
variable peuvent se nouer sur les
sujets forts du G7, le Japonais en sera.


CARLOS GHOSN L’épouse du patron
déchu de Renault-Nissan, Carole
Ghosn, a appelé, hier, Emmanuel Ma-
cron à intervenir auprès du Premier
ministre japonais, Shinzo Abe, lors du
G7 pour que Carlos Ghosn bénéficie
d’un « procès équitable ».
POLICE Le syndicat Alliance a estimé,
hier, qu’Emmanuel Macron, qui s’est
dit mercredi « très vigilant » sur l’état
de fatigue des forces de l’ordre, « doit
pouvoir mieux faire » pour améliorer
les conditions de travail des policiers,
régulièrement dénoncées. Les syndi-
cats Alliance et Unité SGP Police-FO
ont par ailleurs lancé un appel à un «
barbecue de la colère » ce soir, à la
veille du G7, pour « imposer en ur-
gence une véritable loi d’orientation
et de programmation pour la sécurité
intérieure », annoncée par le gouver-
nement pour les prochains mois.
EXPULSION Un ressortissant alle-
mand, qui était visé par une interdic-
tion de séjour en France avant la te-
nue du G7 à Biarritz, a été arrêté dans
la nuit de mardi à mercredi et expulsé
vers son pays.
MANIFESTATION Environ 200 per-
sonnes ont participé, hier, à une ma-

nifestation (photo) non déclarée en-
tre le camp de base du « contre-som-
met » du G7 à Urrugne et Hendaye,
près de la frontière espagnole, la pre-
mière depuis le début du rassemble-
ment des anti-G7.
« HYPOCRISIE » Du PCF à EELV, la
gauche a critiqué, hier, l’obsolescence
et l’« hypocrisie » du sommet du G
dont le thème est la réduction des in-
égalités. « Il y a quand même une
grande hypocrisie autour de ce G7 : lui
demander de lutter contre les inégali-
tés, c’est un peu demander à Mon-
santo de lutter contre les pesticides »,
a souligné Manuel Bompard, député
européen de La France insoumise.

L’ACTUALITÉ DU SOMMET


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