Sud Ouest Sud-Gironde - 2019-08-23

(Romina) #1

Sports Vendredi 23 août 2019SUD OUEST


Propos recueillis par
Denys Kappès-Grangé
[email protected]


« Sud Ouest » Le retour de Guil-
hem Guirado implique que vous lui
rendiez le capitanat. Cela ne va-t-
il pas déjà vous manquer?
Jefferson Poirot (Rires) Non, ça
ne va pas me manquer. C’était
clair dès le début : Guilhem est
notre capitaine d’équipe depuis
quatre ans. Je n’ai pris l’intérim
que sur un match. Je suis d’abord
très content qu’il revienne dans
le groupe. C’est notre leader.


C’est la première fois que vous
étiez capitaine avec la Bleus : cela
vous a-t-il plu ou est-ce que ça a
été un poids?
Ça m’a plu, oui. Après coup, c’est
facile de le dire. Surtout qu’on a
gagné : c’est peut-être plus sim-
ple dans ces moments-là. Ce que
j’ai surtout apprécié, c’est l’enga-
gement des joueurs autour de
moi. J’ai été aidé par tout le
monde, c’est ce qui a fait la réus-
site.


Comment avez-vous vécu cette
fonction tout au long de cette se-
maine qui a précédé le match face
à l’Écosse à Nice?
Je me suis plus focalisé sur le
groupe que sur moi-même dans
la préparation du match. J’ai es-
sayé de rapide-
ment me con-
centrer et de
parler plus à
mes coéqui-
piers, aux lea-
ders de jeu,
pour organiser
les choses. Ça
s’est rapide-
ment mis en
place parce
qu’il y a beaucoup de joueurs
d’expérience. Et durant la se-
maine, puisque Guilhem est ca-
pitaine d’équipe, il a continué à
prendre les choses en main
comme il le fait d’habitude. Ça a
été assez simple à assurer.


Pour ce déplacement à Edimbourg,
le staff a reconduit l’essentiel de
l’équipe victorieuse à Nice. Com-
ment a-t-il justifié cette décision?
Ils ont quand même fait quel-
ques changements, même si c’est
par parcimonie. Ils nous ont dit
qu’ils avaient deux choix : soit
tout changer, soit avoir de la con-
tinuité. Ils ne l’ont pas vraiment
justifié. Ils ont fait ce choix peut-
être pour voir si on avait enfin la
capacité à enchaîner deux bon-
nes prestations de suite. C’est un
peu le problème des dernières
saisons.


C’est quelque chose que vous-
même aviez souligné après le
match samedi. Est-ce clairement
l’enjeu?
C’est un avis purement person-
nel. C’est vrai que sur les derniè-
res années, il y a eu quand même
de belles victoires, mais de suite
après, on s’est écroulé. La der-
nière en date, c’était contre
l’Écosse durant le Tournoi. Juste
avant ça, il y a eu l’Argentine et
derrière, on est parti en éclat con-
tre les Fidji. On est habitué à cette
situation. Il faut qu’on soit
meilleur à chaque sortie.

La reconduction de cette équipe
n’incite-t-elle pas à penser que
l’ossature du groupe pour la Coupe
du monde apparaît plus claire-
ment au staff?
Là-dessus, c’est assez compliqué.
Je n’aimerais pas être à leur place.
Il y a 37 joueurs, j’ai du mal à me
dire qu’il y en a six qui n’iront pas
à la Coupe du monde. Tout le
monde a fait une grosse prépa,
tout le monde s’y est filé pour le
groupe.

Une hiérarchie n’apparaît-elle pas
malgré tout? Un Charles Ollivon,
réserviste à l’origine, enchaîne en
tant que titulaire pour la deuxième
fois consécutive.
En tant que joueur, je n’en ai pas
l’impression. Dans la tête du
staff, peut-être. Au quotidien, on
est tous ensemble. Il y a des
joueurs qui n’ont pas encore
joué, mais c’est à cause de blessu-
res (Ndlr, Lauret, Machenaud,

Huget...). Je ne peux pas trop ré-
pondre...

Le groupe ressent fatalement que
l’heure des choix approche, non?
De l’intérieur, on n’arrive pas à se
dire ça. Les mecs mettent la
même intensité à l’entraînement.
Il n’y a pas de changement no-
toire, le travail est toujours aussi
qualitatif. Tous les mecs se pren-
nent en main, on n’est pas con-
fronté à ça.

À l’issue du match samedi, Maxime
Médard estimait que la prestation
était rassurante, parce que l’équipe
était dans le flou après plusieurs
semaines de préparation. Avez-
vous ressenti la même chose?
Oui. On avait
bossé beau-
coup de cho-
ses, mais on
n’avait pas en-
core de bases.
On a pris de la
confiance sur
ce qu’on pou-
vait mettre en
place. On a
une bonne
base pour sa-
voir où on en
est et pour savoir ce que sont les
axes de travail.

Qu’avez-vous aimé dans le contenu
du match?
On a bien réussi à alterner entre
les phases de ballons lents, les pha-
ses de pression qu’on a eues et,
derrière, (cette capacité à) aller

chercher les extérieurs, le
deuxième mouvement. Et là où
j’ai été admiratif de l’équipe, c’est
sur les phases de défense. On a eu
quand même deux grosses pha-
ses de 15 minutes de temps faible
durant lesquelles on était sur notre
ligne. Et on n’a pas craqué. C’est
une bonne chose, parce qu’à ce ni-
veau, c’est ce qui fait la différence.

Cette défense plus agressive est-
elle compliquée à mettre en
place?
C’est un changement de menta-
lité. C’est en cela qu’on était un
peu dans le flou, c’est qu’on a fait
des choses à l’entraînement et il
fallait prendre confiance sur du
concret.

C’est là un apport de Fabien Gal-
thié. Dans quelle mesure a-t-il po-
sé sa patte sur le jeu?
Il a ramené plus de structures et
de repères. On a un système plus
cadré, il a apporté une plus-value.
Ce qui permet de mettre notre
jeu en place et, par exemple, avoir
cette alternance entre jeu auprès
et jeu au large.

L’Écosse a changé quasiment inté-
gralement son XV de départ. À
quel type de rencontre vous atten-
dez-vous?
Ils ont entré beaucoup de cadres.
Ce sera un bon test, encore un
cran au-dessus de la semaine der-
nière. Dans un contexte un peu
tendu, on va se tester sur notre
capacité à rester dans nos struc-
tures et froid.

ÉQUIPE DE FRANCE Concentré sur le match face à l’Écosse à Edimbourg, Jefferson


Poirot estime que le staff va avoir des maux de tête pour composer la liste définitive


« Je n’aimerais pas


être à leur place »


Capitaine lors du premier match, Jeff Poirot laissera cette charge à Guirado samedi. PHOTO AFP

« J’ai du mal


à me dire


qu’il y en a six


qui n’iront pas


à la Coupe


du monde »


« Dans un
contexte un
peu tendu, on
va se tester sur
notre capacité
à rester dans
nos structures
et froid »

RUGBY PRÉPARATION À LA COUPE DU MONDE (20 SEPTEMBRE - 2 NOVEMBRE)


FRANCE^
XV de départ : Ramos - Penaud, Fickou, Fofa-
na, Raka - (o) Lopez, (m) A. Dupont - Ollivon,
Alldritt, Iturria - Vahaamahina, Lambey - Sli-
mani, Guirado (cap), Poirot.
Remplaçants : Chat, Baille, Setiano, R. Taofi-
fenua, Y. Camara, Serin, Ntamack, Médard.
ÉCOSSE
Le XV de départ : Hogg - Seymour, Harris,
Horne, Maitland - (o) Russell, (m) Laidlaw
(cap) - Watson, Thomson, Wilson - Skinner,
Cummings - Nel, Turner, Reid.
Remplaçants : Stewart, Dell, Berghan, Gil-
christ, Barclay, Horne, Hutchinson, Kinghorn.

Matchs de préparation
Écosse - France, samedi à Edimbourg
(14 h 10)
France - Italie, le 30 août au Stade de France
(21 h 10)

REPÈRES


Ce n’est finalement pas Jacques
Brunel qui a commenté hier les
choix effectués dans l’équipe ali-
gnée demain à Edimbourg. Absent
en raison d’une poussée de fièvre
qui ne l’empêchera pas de faire le
déplacement, le sélectionneur a été
remplacé par ses adjoints Jean-
Baptiste Elissalde et Julien Bon-
naire.

« AUTOMATISMES »
Quatre joueurs intégreront l’équipe
victorieuse de l’Écosse à Nice : le ca-
pitaine Guirado, le deuxième ligne
Lambey, le troisième ligne Iturria et
l’arrière Ramos (qui butera). Et cela
alors « qu’on aurait pu penser à une
large revue d’effectif » (dixit Elissal-
de). Mais l’encadrement a « privilé-
gié la continuité ».
Première raison avancée, la volonté
de « trouver des automatismes »
selon Bonnaire. Notamment à la
charnière (Dupont-Lopez) et au
centre (Fofana-Fickou).
L’encadrement souhaite également
« voir ce que ça donne par rapport à
une opposition qui à mon avis sera
certainement différente », a pour-
suivi l’ancien troisième ligne. Et il au-
rait probablement procédé à d’au-
tres changements sans quelques
pépins physiques. « Certains ne sont
pas à 100 %, a développé Elissalde.
Je pense notamment à Louis (Pica-
moles, qui passe de remplaçant à
hors groupe) et Yoann (Huget). »

LE CAS GABRILLAGUES
Le deuxième ligne Paul Gabrillagues
verra-t-il le Japon si sa suspension
de six semaines est confirmée en
appel? Même si elle le ferait man-
quer trois des quatre matchs de
poules, elle ne serait « pas rédhibi-
toire » selon Elissalde. Si le staff dé-
cidait de ne pas inclure le Parisien
dans la liste finale de 31 qui sera dé-
voilée le 2 septembre, il dispose de
deux solutions. D’une part le sup-
pléer par Taofifenua, 2e ligne « réser-
viste ». D’autre part compter sur la
polyvalence d’Iturria, ancien 2e ligne
qui a basculé un cran plus bas en dé-
but de saison dernière. Ce qui per-
mettrait d’inclure dans les 31 un 3e li-
gne de plus, alors que les réservistes
François Cros et Charles Ollivon ont
marqué des points à ce poste same-
di à Nice. « Il y aura des discussions,
mais pour l’instant on ne tire pas
trop de plans », a éludé Elissalde.

« On a privilégié


la continuité »


LE DÉBRIEF


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