Sud Ouest Sud-Gironde - 2019-08-23

(Romina) #1

SUD OUESTVendredi 23 août 2019 Actualité


1


Les supermarchés déconseillés
pour acheter bio
« Il faut arrêter de croire que la
cherté du bio provient exclusive-
ment du surcoût agricole... » Deux
ans ont passé depuis sa dernière
étude sur la question, mais l’associa-
tion UFC-Que Choisir dresse tou-
jours le même constat : contraire-
ment à ce que l’on peut penser, les
grandes surfaces ne sont pas forcé-
ment les meilleurs endroits pour
se procurer des produits bio. Et ce
notamment à cause des marges
pratiquées sur les fruits et légumes
issus de l’agriculture biologique.


2


Des différences de marges
inexpliquées
Dans son numéro de septembre
paru hier, « Que Choisir » publie
une enquête portant sur 24 fruits
et légumes. Celle-ci conclut que les
marges brutes sur le bio sont « 75 %
plus élevées » que sur les produits
conventionnels. Pour les produits
les plus consommés, l’écart est en-
core plus important : la marge de
la grande distribution sur le poi-


reau bio est 165 % supérieure à celle
de son équivalent non-bio.
Pourquoi de telles marges?
Pour l’association, elles seraient
ajustées « selon des logiques pure-
ment mercantiles ». « La grande
distribution n’a produit aucun élé-
ment chiffré permettant de justi-
fier une différence dans les frais de
distribution [...] (manutention,
stockage, mise et pertes en
rayon) », déplore UFC-Que Choisir,
avant d’appeler l’observatoire de la
formation des prix et marges à
plus de transparence.

3


Les magasins spécialisés
souvent plus compétitifs
L’association estime que le con-
sommateur a un rôle à jouer pour
faire changer ces pratiques : « Faire

jouer la concurrence entre les mo-
des de distribution ». En clair, privi-
légier les magasins bio et les petits
producteurs. Pour « les seuls fruits
et légumes » bio, les prix seraient
19 % « moins élevés dans les maga-
sins spécialisés », justifie-t-elle après
une enquête sur un panier de
39 produits « reflétant la consom-
mation des Français ».
La grande distribution reste tout
de même plus compétitive sur ce
panier global des produits bio, no-
tamment grâce au coût des pro-
duits d’épicerie et des viandes... Le
panier bio est 27 % moins cher
dans les grandes surfaces par rap-
port aux magasins spécialisés. Ce
qui s’expliquerait par une
meilleure capacité à gérer et stock-
er les gros volumes.

Selon UFC-Que Choisir,


les marges sur les fruits


et légumes bio sont


75 % supérieures à celles


sur leurs équivalents non-bio


Comment les supermarchés rendent


les fruits et légumes bio plus chers


TROIS CLÉS POUR COMPRENDRE


L’enquête portait sur 24 fruits et légumes. ILLUSTRATION QUENTIN SALINIER

Gabriel Blaise
[email protected]


D


es T-shirts noirs réclamant
des « Pyrénées sans préda-
teurs ». D’autres, rouge et
blanc, affichant « Oso y lobo, ruina
del mundo rural » (« ours et loup,
ruine du monde rural »). Hier, à Ain-
sa, en Aragon, au pied du parc natio-
nal d’Ordesa, la colère des éleveurs
était multicolore, et multilingue. On
comptait, parmi le millier de parti-
cipants, au moins 200 représen-
tants du versant nord.
Basques, Béarnais, Catalans et
Ariégeois – les plus nom-
breux – avaient à cœur de faire vivre
la « première grande manifestation
transfrontalière pour la sauvegarde
de l’élevage extensif », à l’appel de la


Plateforme transpyrénéenne, qui re-
vendique une soixantaine d’organi-
sations.
« C’est un pas de plus dans la soli-
darité entre les territoires, apprécie
Pierre Casabonne, le maire
d’Arette (64) venu avec une poignée
de ses homologues du Haut-Béarn.
Cela fait longtemps que l’on pré-
vient les Navarrais qu’ils sont aussi
concernés. Ce n’est pas quand il
commence à y avoir de la casse qu’il
faut se mobiliser... »
Une telle manifestation permet-
tra-t-elle de faire avancer la cause de
ceux pour qui les grands préda-
teurs, ours et loup, sont définitive-
ment « incompatibles » avec l’éle-
vage extensif?

« Ça ne tiendra pas »
« Malheureusement, je crois que ça
ne changera rien ; mais on veut lut-
ter, et montrer qu’on est ensem-
ble », estime Alejandro Arnal, 29 ans,
qui élève 80 vaches à Besians, en Ara-
gon, et est plutôt concerné par la
progression du loup dans le massif.
Tandis qu’une représentante de la
Chambre d’agriculture de l’Ariège
distribue un document statistique
évoquant six attaques par jour de-
puis le début de l’été, certains fai-

saient signer des pétitions ou distri-
buaient des calendriers de la Plate-
forme.
Après une marche, accompagnée
du grondement des cloches, jusqu’à
la Plaza Mayor, en haut du magnifi-
que village perché, les prises de pa-
role se voulaient résolument tour-
nées vers l’avenir. « Aujourd’hui
commence quelque chose de
grand », lançait Olivier Maurin, chef

de file de la contestation en Béarn,
tandis qu’Angel Samper, à la ba-
guette côté aragonais, se montrait
« très satisfait » de la mobilisation « à
une période pas facile, au milieu des
vacances ». « Nous vivons dans un
monde globalisé, ouvert, et le pro-
blème concerne tout le monde ru-
ral. Veut-on des campagnes vidées
de leurs habitants? Nous sommes
là pour montrer à l’Europe que der-

rière les bonnes intentions – sauve-
garder la biodiversité –, il y a la réali-
té de gens qui souffrent. L’ours ne
connaît pas de frontières! »

AINSA (ESPAGNE) La première


manifestation franco-espagnole a réuni


mille personnes, hier matin, en Aragon


Contre l’ours, sans frontière


La marche a remonté la vieille ville d’Ainsa, au pied du parc national d’Ordesa. PHOTO QUENTIN TOP

Fort de son succès aux élections
européennes de mai (13,5 %), Eu-
rope Écologie Les Verts (EELV) ef-
fectue sa rentrée politique le vent
en poupe et le moral gonflé à bloc.
À l’image de son chef de file, Yan-
nick Jadot, qui, hier matin encore,
a assuré qu’il fallait « que l’écologie
prenne le pouvoir » en 2022, « la
grande chance de notre pays ».
La journée d’hier marquait éga-
lement le début des journées d’été
du parti. « Les îJDE2019, c’est parti!
Ça se bouscule un peu au por-
tillon », s’est réjouie sur Twitter la
sénatrice Esther Benbassa en arri-
vant à l’université du Mirail. « C’est
un bon cru, on est à peu près au
même niveau d’affluence qu’à Nî-
mes en 2009 », a estimé l’ancien
député européen, Alain Lipietz.

7 000 adhérents
Chargée de l’organisation, Marine
Tondelier a annoncé plus de
2 000 personnes, soit le double de
l’an dernier à Strasbourg, et faisant
se lever dans un amphithéâtre
bien plein les nouveaux membres
du parti. EELV assure compter dé-
sormais un peu plus de
7 000 adhérents, contre un peu
moins de 5 000, fin 2018. Si « les

pulls qui grattent et les bir-
kenstocks ne sont pas obligatoi-
res », « la cravate en bois com-
mence à se démocratiser » !, a sou-
ri celle qui pourrait briguer la
mairie de Hénin-Beaumont (Pas-
de-Calais), en mars, dans une allu-
sion à l’accessoire vestimentaire
jadis arboré par le candidat à la pri-
maire de 2011, Henri Stoll. Le secré-
taire national d’EELV, David Cor-
mand, a souligné dans son dernier
discours dans cette fonction le
« contraste saisissant » entre les
« années de disette » connues par
EELV et la période actuelle.
Hier soir, une délégation de re-
présentants de La France insou-
mise a été accueillie à Toulouse, à
l’heure où les uns et les autres met-
tent en avant l’urgence écologique.

ÉLECTIONS Les
écologistes étaient
aux anges, hier, pour
l’ouverture de leurs
journées d’été à Toulouse

Avant les municipales, les

Verts voient la vie en rose

Yannick Jadot était auprès des
militants, hier, à Toulouse. AFP

Actu France


sud ouest.fr
Vidéo : les éleveurs manifestent
contre l’ours à Ainsa.
● Abonnés.

7

Free download pdf