Temps - 2019-08-27

(Martin Jones) #1

SÉBASTIEN RUCHE
t @sebruche


Autour de 7,5%: c’est la part de
marché que Credit Suisse estime
détenir dans la clientèle de détail
en Suisse. Et les moins de 30 ans
sont proportionnellement moins
nombreux à avoir recours à ses
services que les quinquagénaires.
La deuxième banque du pays a
donc décidé d’investir plusieurs
centaines de millions (le chiffre
n’est pas précisé) sur deux ans,
pour moderniser son offre et réor-
ganiser sa division Swiss Univer-
sal Bank, qui fournit près de la
moitié du bénéfice avant impôts
du groupe. Un peu plus de neuf
mois après avoir achevé un plan
mondial de restructuration de
trois ans.
Premier objectif de l’offen-
sive de Credit Suisse annoncée
lundi: concurrencer les néo-
banques, comme Revolut ou N26.
Ces établissements calibrés pour
les plus jeunes générations, avec
des produits simples et des tarifs
très agressifs (pour les virements
internationaux par exemple), le
tout accessible prioritairement
par smartphone.


Besoin de «high-tech»
et de «high-touch»
Contre ces concurrents, la deu-
xième banque suisse ne lance
pas une banque en ligne, mais
une division de banque directe
en Suisse. Elle fournira des pres-
tations simples et moins chères
aux clients privés et aux PME.
Credit Suisse affirme déjà ser-
vir 1  million de personnes et
600 000 entreprises de cette
catégorie.


A côté du recours à la techno-
logie, la banque veut également
renforcer ses capacités de conseil.
En jargon bancaire, on parle res-
pectivement de «high-tech» et de
«high-touch». D’ici à fin 2021, Cre-
dit Suisse prévoit d’embaucher
plusieurs dizaines de conseillers


  • entre 50 et 100, estime l’agence
    de presse AWP – pour les affaires
    décrites comme à «forte intensité
    de conseil». Elles peuvent concer-
    ner des entreprises, ou des indi-
    vidus fortunés, voire extrême-
    ment fortunés. Fin 2018, l’entité
    helvétique de Credit Suisse comp-
    tait 1780 conseillers à la clientèle.
    L’accent sera également mis sur
    la disponibilité du soutien télé-
    phonique, qui devrait être élar-
    gie jusqu’au samedi au moins.
    Ce plan d’investissement aux
    chiffres peu précis est lancé alors


que Credit Suisse a achevé en
décembre 2018 une restructura-
tion commencée en 2015. Cette
dernière, conçue par Tidjane
Thiam, avait conduit à une réor-
ganisation de la banque en trois
divisions régionales (Suisse,
Asie-Pacifique, Gestion de for-
tune internationale) et deux uni-
tés mondiales (négoce d’actions
et obligations, banque d’affaires).

Elargissement de l’offre
La restructuration comprenait
aussi, dans un premier temps,
l’introduction en bourse d’une
partie du capital de la banque
suisse, la Swiss Universal Bank


  • le projet a été abandonné par
    la suite, Credit Suisse ayant levé
    des capitaux d’autres manières.
    Fin septembre 2015, la Swiss Uni-
    versal Bank comptait 13 900 colla-


borateurs sur un total de 48 100
emplois au niveau du groupe. La
restructuration avait provoqué
la suppression de quelque 1600
postes en Suisse. Au deuxième tri-
mestre 2019, la «SUB» représen-
tait 12 190 employés sur un total
de 46 360 pour le groupe.
Credit Suisse réfléchit également
à la possibilité d’offrir de nouveaux
produits qui ne seraient pas de
nature purement bancaire. Des
assurances vie liées à des hypo-
thèques ou des assurances immo-
bilières par exemple, a confié au
Tages-AnzeigerThomas Gottstein,
qui dirige la division helvétique de
Credit Suisse. Sans entrer dans
plus de détails, le banquier a éga-
lement envisagé la possibilité de
conclure des partenariats avec des
acteurs de la technologie ou des
industries grand public. n

Credit Suisse veut rajeunir


sa clientèle locale


BANQUE La deuxième banque
du pays investira plusieurs cen-
taines de millions de francs dans
la numérisation d’ici à fin 2021 et
réorganise ses services en Suisse.
C’est une riposte contre les néo-
banques


Credit Suisse modernise son offre et réorganise sa division Swiss Universal Bank, dirigée par Thomas Gottstein. Cette entité
fournit près de la moitié du bénéfice avant impôt du groupe. (GAËTAN BALLY/KEYSTONE)

Le fonds KKR
détient 42,5%
d’Axel Springer
Le groupe de
médias allemand
Axel Springer
(notamment
copropriétaire du
«Temps») a
annoncé lundi être
détenu à 42,5% par
le fonds américain
KKR au terme de
l’offre publique
d’achat lancée en
juin par ce dernier.
Echue le 21 août,
l’offre reposait sur
un prix de rachat de
63 euros par action
en numéraire
(+31,5% par
rapport au cours
moyen des trois
mois précédant
l’offre). Comme
convenu dès le
début avec KKR,
Friede Springer,
veuve du fondateur
du groupe, qui
détient 42,6% du
capital, et le
président du
directoire, Mathias
Döpfner (2,8%),
n’ont pas apporté
leurs titres à l’offre
et vont à l’avenir
coordonner leurs
décisions avec
celles de KKR. AFP

MAIS ENCORE


Ferag va supprimer
jusqu’à 150 postes

L’industriel Ferag va devoir faire des
économies et prévoit de supprimer jusqu’à
150 postes de travail. La rapide mutation
opérée dans les médias se fait cruellement
sentir au niveau des commandes et le
développement de nouveaux marchés
dans l’intralogistique prendra plus de
temps que prévu, a indiqué l’entreprise
familiale zurichoise lundi. Un plan social
est prévu. Ferag devrait conserver son site
de Hinwil (ZH). L’activité historique –
systèmes de traitement industriels pour
l’imprimerie – sera poursuivie, mais avec
des capacités revues à la baisse. Ferag est
contrôlé par la holding WR Walter Reist et
emploie 512 collaborateurs. AWP

Licence bancaire suisse
octroyée à deux «crypto»

La cryptosphère franchit un cap en Suisse
avec l’annonce, lundi, de l’octroi pour la
première fois d’une licence bancaire à deux
sociétés financières traitant des actifs
numériques. La Finma a accordé le sésame
à Seba Crypto à Zoug et à la fintech Sygnum,
basée à Zurich. Les deux entités, avec leurs
prestations basées sur la blockchain, sont
les deux premières «cryptobanques»
agréées à ce stade en Suisse. Leurs services
s’adressent aux clients professionnels et
institutionnels. AWP

EN BREF


RAM ETWAREEA
t @ram


Les Verts suisses pourraient
lancer un référendum contre
l’Accord de libre-échange (ALE)
entre le Mercosur (Brésil, Argen-
tine, Paraguay et Uruguay) et la
Suisse dont les négociations se
sont achevées samedi dernier.
L’assemblée des délégués qui se
réunit samedi prochain à Rap-
perswil-Jona (SG) est appelée
à se prononcer sur une motion
demandant à la direction du
parti d’évaluer cette option. Elle
demande même de s’y préparer
avec des alliés au cas où l’accord


ne contiendrait pas d’exigence de
durabilité contraignante.
L’accord sera vraisemblable-
ment signé en novembre, voire
en janvier lors du Forum éco-
nomique mondial de Davos par,
d’une part, le conseiller fédé-
ral Guy Parmelinet ses homolo-
gues de l’Association européenne
de libre-échange qui, outre la
Suisse, comprend la Norvège,
l’Islande et le Liechtenstein et,
d’autre part, par les ministres
de l’Economie des quatre pays
du Mercosur. En Suisse, l’ac-
cord sera ensuite soumis au par-
lement. Après adoption, il fera
l’objet d’une publication dans
le Journal officiel. A partir de
cette date, le délai référendaire
est de 100 jours. Si tout va bien,
l’ALE avec le Mercosur entrera
en vigueur en 2021.
Pour la conseillère nationale
Liza Mazzone (Verts/GE), il s’agit
maintenant de s’assurer que le

Conseil fédéral accepte le prin-
cipe de soumettre cet accord au
vote populaire. «Tous les accords
ne le sont pas, précise-t-elle. La
population doit pouvoir se pro-
noncer sur cet accord aux vastes
conséquences sur l’environne-
ment et les droits humains.»

Gestion catastrophique
de l’Amazonie
Les Verts ne sont toutefois pas
les seuls contestataires. Selon le
conseiller national Fabian Molina
(PS/ZH), son parti a également
des exigences en matière de pro-
tection de l’environnement et de
respect des droits humains. «L’ac-
tuelle gestion catastrophique de
l’Amazonie par le gouvernement
brésilien nous rend encore plus
responsables», prévient-il.
Le député socialiste est aussi
attentif à l’ALE signé en sep-
tembre 2018 entre la Suisse et
l’Indonésie. Déjà paraphé par le

Conseil fédéral, il sera soumis à
la Commission parlementaire du
Conseil national lundi prochain.
«Si nous ne sommes pas satisfaits
du contenu, nous examinerons à
la fin du processus parlementaire
la possibilité de lancer un réfé-
rendum», lance-t-il.
Du côté de la société civile,
Alliance Sud, un groupement
d’ONG suisses, souhaite aussi
prendre connaissance du
contenu de l’ALE avec le Merco-
sur avant de décider de la voie à
suivre. Plus résolu, le syndicat
paysan Uniterre est déjà sur le
pied de guerre. Pour Rudi Berli,
son codirecteur, l’ALE avec le
Mercosur «fait peu de gagnants
(multinationales) et beaucoup
de perdants (petits paysans)»
tant en Suisse qu’en Amérique
du Sud. «Nous sommes en discus-
sion avec d’autres organisations
pour lancer un référendum», pro-
clame-t-il déjà. n

L’accord avec le Mercosur


sous la menace d’un référendum


LIBRE-ÉCHANGE Les négocia-
tions entre l’AELE et les quatre pays
d’Amérique du Sud en vue d’un
accord ont été conclues en fin de
semaine dernière. Insatisfaits, par-
tis politiques et société civile
suisses se préparent à aller au front


Source: Bloomberg

26 août

TAUX DE CHANGE
En francs

1,

1,

1,
1,
0,
0,
3 juin

Euro 1,

Dollar 0,

SMI / CLÔTURE: 9715,
Performance sur 3 mois: +1,18%

3 juin 26 août

8800

9440
9120

STOXX EUROPE 600 / CLÔTURE: 371,
Performance sur 3 mois: +0,21%
393

373

353

333
3 juin 26 août

OBLIGATIONS
Taux à 10 ans

3 juin 26 août

Etats-Unis 1,526%
Europe -0,666%

Suisse -0,

2
1
0







S&P 500 / 18H: 2865,
Performance sur 3 mois: +4,17%

2900

3000

2700
2600

2800

3 juin 26 août

TOPIX (TOKYO) / CLÔTURE: 1478,
Performance sur 3 mois: -1,40%

1300

1500

1700

1900

3 juin 26 août

10 080
9760

Donald Trump souffle
le chaud et le froid

En début de semaine, le marché
suisse a entamé la séance en
baisse de 0,22% à 9724,00 points, dans le
sillage de la forte chute de Wall Street
vendredi. En effet, la Chine a imposé
vendredi de nouveaux tarifs douaniers sur
des produits américains. Donald Trump
avait fourni des réponses suscitant les pires
craintes des investisseurs. Les indices ont
accentué leur recul après une série de
tweets au ton menaçant du président
américain. Lundi, le président américain
s’est voulu plus rassurant, expliquant sur
Twitter que «les négociations commerciales
avec la Chine vont commencer très
prochainement» et que Pékin a appelé à un
retour à la table des négociations. Le SMI a
clôturé en repli de 0,30% à 9715,83 points et
le SPI de 0,33% à
11 829,49 points.
LafargeHolcim a
réalisé la
meilleure
performance du
jour avec un gain
de 0,46% à
45,94 francs, suivi
par Alcon (+0,28%
à 57,37 francs) et
par Swisscom (+0,27% à 480,10 francs). Aux
bancaires, Credit Suisse (-0,13% à
11,21 francs) a annoncé une réorganisation
de ses activités helvétiques avec à la clef des
investissements importants destinés à
soutenir la croissance. Le numéro deux
bancaire helvétique entend injecter plus de
100 millions de francs dans sa banque
universelle suisse d’ici à fin 2021. Pour sa
part, UBS a cédé 0,14% à 10,33 francs. Aux
pharmaceutiques, Novartis a reculé de
1,12% à 86,36 francs et Roche de 0,59% à
270,25 francs, les deux titres pesant sur la
tendance. En revanche, Nestlé a grignoté
0,17% à 108,08 francs. Les valeurs du luxe
ont été sous pression, Richemont
abandonnant 0,42% à 75,82 francs et
Swatch Group 0,52% à 266,30 francs. n
BCGE, SALLE DES MARCHÉS

PROPOSÉ PAR

LE TITRE VEDETTE

Source: Bloomberg

45,

45,

45,

45,

LafargeHolcim

+0,46%

9h00 17h

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BOURSE


MARDI 27 AOÛT 2019 LE TEMPS

Economie & Finance 17

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