Temps - 2019-08-27

(Martin Jones) #1
MARDI 27 AOÛT 2019 LE TEMPS

Suisse 7


FATI MANSOUR
t @fatimansour


En mode pause depuis la mi-jan-
vier, soit depuis la demande de
récusation des procureurs (reje-
tée fin mai), l’enquête sur l’affaire
Maudet reprend de plus belle avec
la rentrée. Six auditions, réparties
sur quatre jours, sont déjà fixées
d’ici au 30 septembre.
La première convocation est
pour l’après-midi du 29 août. Les
procureurs ont prévu d’entendre
un ancien tenancier de l’Esco-
bar ainsi que Catherine Maudet.
L’épouse du ministre en difficulté
est attendue en qualité de témoin.
Elle avait fait le voyage d’Abu
Dhabi et participé à l’organisa-
tion de la fête d’anniversaire dans
ce bar des Grottes, deux épisodes
qui valent au conseiller d’Etat une
mise en prévention pour accepta-
tion d’un avantage.
Selon le calendrier, parvenu
aux parties cet été, Pierre Mau-
det sera lui-même interrogé toute
la journée du 6 septembre. Point
besoin d’être grand clerc pour
deviner que le chef du Dépar-
tement de la promotion éco-
nomique doit notamment être
entendu comme prévenu dans
le volet Manotel.
Le Ministère public avait
annoncé la couleur au mois de jan-
vier en demandant et en obtenant
du Grand Conseil l’autorisation
de poursuivre aussi le conseil-
ler d’Etat pour les montants très
importants reçus du groupe hôte-
lier. La notification des charges
portant sur des faits susceptibles
de constituer une nouvelle accep-
tation d’un avantage doit donc
très logiquement intervenir à
cette occasion.


Un statut encore flou
Trois semaines plus tard, soit
le 27 septembre, les procureurs
ont convoqué deux personnali-
tés. La première n’est autre que
le conseiller d’Etat Serge Dal
Busco. Son statut de personne
appelée à fournir des renseigne-
ments (donc de potentiel suspect)
donne déjà moult frissons à un
monde politique sous tension et
en pleine campagne pour les élec-
tions fédérales.


Le second invité du jour,
témoin celui-là, est le direc-
teur de Manotel, Paul Muller,
appelé sans doute à expliciter
des raisons d’une grande géné-
rosité envers Pierre Maudet
(voire aussi Serge Dal Busco?)
et à préciser qui a pris la déci-
sion de cette philanthropie assez
exceptionnelle.

La concomitance de ces deux
auditions laisse supposer que
le ministre démocrate-chrétien
devra clarifier certains points en
relation avec le groupe hôtelier
dont les bureaux avaient été per-
quisitionnés en novembre 2018.
Si le parquet n’est pas satisfait des
réponses et envisage une mise en
prévention de Serge Dal Busco, il

devra passer par une demande de
levée d’immunité.
Cela commencerait à faire beau-
coup pour un même gouverne-
ment, sachant que Pierre Mau-
det est déjà entré dans l’histoire
pour avoir été le premier conseil-
ler d’Etat genevois à être pour-
suivi pour un délit commis dans
l’exercice de ses fonctions.

Là où les volets se rejoignent
Ce programme de rentrée
s’achèvera le 30 septembre avec
la convocation de Tania Danial.
Cette dernière est l’ex-épouse
d’Omar Danial, dont la société

Finial Capital détient la moitié des
actions du groupe Manotel et qui
s’est installé à Dubaï pour investir
notamment dans le projet d’une
école privée suisse.
Ce même témoin est aussi
la sœur de Magid Khoury – le
patron de Capvest qui a été mis
en prévention pour avoir orga-
nisé le fameux voyage de Pierre
Maudet à Abu Dhabi – et siège au
Conseil d’administration d’une
des sociétés de ce groupe spé-
cialisé dans l’immobilier com-
mercial.
Après les fastes des Emirats, la
fête de l’Escobar, le sondage de

campagne payé par les sociétés
des compagnons de voyage et les
audaces fiscales du ministre libé-
ral-radical (examinées par l’ad-
ministration), le dernier-né des
volets de l’enquête pénale avance
sur le terrain sensible du finance-
ment politique.
Dans le communiqué accom-
pagnant sa demande d’exten-
sion de levée d’immunité, le
Ministère public évoquait un
soutien de Manotel totalisant
105 000 francs, dont 75 000 francs
alors que Pierre Maudet était déjà
au Conseil d’Etat.
De ces sommes, versées à
l’Association de soutien au
ministre et au désormais célèbre
Cercle Fazy-Favon, il faut sous-
traire un dernier versement de
25 000 francs qui a été retourné
plus tard à son expéditeur, alors
que l’affaire commençait à sen-
tir le soufre, avec un message
évoquant une erreur. Mais il faut
ajouter une soirée d’anniversaire
pour les 40 ans du ministre dans
un des hôtels du groupe.

Rumeurs et spéculations
A ce contexte déjà globalement
connu, la convocation de Serge
Dal Busco – qui se dit serein –
ajoute un élément très inattendu.
L’ancien président du gouverne-
ment, François Longchamp, avait
certes été auditionné par les pro-
cureurs mais comme témoin de
ce que Pierre Maudet avait dit de
son voyage à ses collègues du gou-
vernement. Le statut de personne
appelée à donner des renseigne-
ments et la possible conjonction
avec le volet sonnant et trébu-
chant de Manotel ouvrent désor-
mais la voie à toutes les spécula-
tions.
Un avant-goût de cette agita-
tion a été donné avec une ques-
tion urgente déposée lundi déjà
par le député socialiste Sylvain
Thévoz qui fait état de certaines
«rumeurs insistantes» à propos
d’une somme reçue puis rem-
boursée par Serge Dal Busco et
qui demande au gouvernement
davantage de transparence sur
les comptes de campagne per-
sonnels. Rien à faire, le pouls de
la République continue de battre
au rythme de ce dossier. n

Pierre Maudet (à g.) et Serge Dal Busco. Ce dernier est convoqué en qualité de personne appelée à donner des renseignements. (MARTIAL TREZZINI/KEYSTONE)

La rentrée a sonné pour l’affaire Maudet

GENÈVE Six auditions ont été fixées par le Ministère public d’ici à fin septembre. Le conseiller d’Etat Serge Dal Busco figure parmi


les invités inattendus de cette procédure. Le directeur de Manotel, Paul Muller, est appelé à témoigner le même jour


MARIE-AMAËLLE TOURÉ
t @MarieMaelle


Programmer pour mieux s’inté-
grer. Dans cette perspective, l’as-
sociation Powercoders, qui forme
les réfugiés établis en Suisse
au codage informatique, orga-
nise ce mardi un atelier de pro-
grammation à destination des
femmes. Une non-mixité choisie
afin d’encourager ces femmes à se
former aux rudiments du codage.


Coder pour exister
«Dans le secteur informatique,
les femmes sont encore sous-re-
présentées, résume Coline
Sauzet, coresponsable de Power-
coders pour la Suisse romande.
On s’aperçoit que cela reste com-
pliqué d’avoir une vraie équité


entre le nombre d’hommes et de
femmes.» C’est le raisonnement
qui a conduit le collectif à organi-
ser une rencontre pour sensibili-
ser un public féminin. L’atelier de
mardi sera donc dispensé par des
femmes, pour des femmes exclu-
sivement.

Une série de tests
Créée en 2016 à Berne, l’acadé-
mie Powercoders s’étend à Lau-
sanne en avril 2018. Elle offre à
des réfugiés, établis sur le terri-
toire suisse, la possibilité de béné-
ficier d’une formation complète
en codage informatique, prise en
charge par le canton et des entre-
prises. Le programme leur per-
met ensuite d’accéder au mar-
ché de l’emploi dans un secteur
en perpétuelle expansion.
Une vingtaine de candidats
est recrutée puis soumise à une
série de tests d’informatique ou
de logique. S’ensuit une période
de formation de treize semaines
dispensée par des enseignants
et plusieurs bénévoles, avant un

stage de six à douze mois au sein
d’une entreprise.

Des chiffres encourageants
La dernière session de cours
donnée à Lausanne ce printemps
s’est traduite par une réussite glo-
bale. Les 17 étudiants retenus ont
reçu une proposition de stage à
l’issue de la formation. Quinze
d’entre eux sont actuellement sta-
giaires au sein d’agences web ou
de départements informatiques
de grandes entreprises telles que
Swisscom ou les CFF.
«L’atelier entièrement féminin
est pour le moment le seul qui a
été planifié. Cependant, comme
notre but est d’intéresser davan-
tage de femmes à l’informatique,
nous organiserons d’autres ate-
liers introductifs de ce type»,
assure Coline Sauzet. n

What is coding? A short introduction to
discover and learn about it. Le 27 août
de 13h30 à 15h30, dans les locaux de
Futurekids, boulevard de Grancy 19,
1006 Lausanne.

Un atelier de codage informatique


pour les femmes migrantes


INTÉGRATION  L’association
Powercoders organise ce mardi
un atelier de codage informatique
à Lausanne. Une présentation
exclusivement réservée aux
femmes réfugiées ou immigrées


Le dernier-né des volets de l’enquête


pénale avance sur le terrain sensible


du financement politique


ATS

Les trains qui ne s’arrêtent pas en gare
pour rattraper un retard ne posent pas de
problème à la Confédération. Cette mesure,
qualifiée de raisonnable, ne viole pas le
devoir d’exploiter des CFF. Elle permet en
revanche de minimiser les effets d’un retard
sur tout le réseau et pas seulement sur un
seul train, a indiqué lundi l’Office fédéral
des transports (OFT). Du point de vue de la
concession, l’OFT salue le fait que lors de
pannes et de retards les CFF prennent en
compte l’ensemble du trafic.

Eviter un effet domino
En renonçant à certains arrêts, les CFF
estiment éviter un effet domino sur un
réseau transportant chaque jour plus de
1 million de passagers. Le train concerné
peut ainsi rattraper son retard et effectuer

le reste du trajet en étant dans les temps, ce
qui empêche les autres trains d’être touchés
par cet éventuel retard.
Depuis les changements d’horaires en
décembre dernier, les CFF ont eu recours à
dix-sept reprises à cette mesure. Quatre fois
sur le trajet Zurich-Saint-Gall et treize fois
sur la ligne Berne-Zurich. Ayant eu connais-
sance de ces suppressions de trains et face
à la grogne des passagers, l’OFT avait
demandé des explications aux CFF au début
de l’été. Dans sa réponse, la compagnie de
chemins de fer explique que ces mesures ne
sont utilisées que pour protéger l’intérêt de
la majorité des clients et éviter l’effet
domino. Quant aux passagers restés en rade
sur le quai de leur gare, ils reçoivent les
informations sur les alternatives pour arri-
ver à destination, justifient les CFF.
Appliquées de manière raisonnable, ces
mesures répondent à l’obligation d’exploiter
de la compagnie, estime l’OFT. L’ex-régie ne
doit toutefois les utiliser qu’avec la plus
grande retenue possible et uniquement si la
situation l’exige. A l’avenir, si la non-desserte
de gares pour rattraper un retard devait aug-
menter de manière significative, les CFF sont
priés d’en informer l’OFT et de lui commu-
niquer les alternatives possibles. n

CFF L’Office fédéral des transports a jugé
raisonnable la mesure permettant à un
train de rattraper son retard en renonçant
à certains arrêts en gare. Les répercussions
sur l’ensemble du trafic ont été jugées plus
importantes que des inconvénients subis
par certains voyageurs

En cas de retard, les trains


peuvent «rater» des arrêts


L’enquête
Orllati-Nicod
ne repartira pas
de zéro
L’enquête
Orllati-Nicod ne
reprendra pas à
zéro. Le Tribunal
cantonal a refusé
la demande
d’annulation de
l’entier des actes
d’instruction
menés par le
procureur récusé
Christian Buffat.
La défense de
Bernard Nicod
confirme qu’elle
ne recourra pas au
Tribunal fédéral.
ATS

MAIS ENCORE

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