Echos - 2019-08-28

(lily) #1
avec trois ou quatre grandes régies,
et les agences médias ont un fort
pouvoir de négociation sur les prix,
souligne le spécialiste. Pour autant,
il n’y a point péril en la demeure, le
média radio est relativement ren-
table et sait s’adapter. »
A l’étranger, d’ailleurs, « les
marchés publicitaires radiophoni-
ques de plusieurs pays européens se
portent bien. On a même vu un
record d’audience cumulée cet été
en Grande-Bretagne, alors même
que le streaming est fort », ajoute
Maryam Salehi, directrice déléguée
de NRJ Group. Pour elle, l’une des
grandes forces de la radio est d’être
« un média très social, contraire-
ment aux plates-formes de strea-
ming ». « Une marque incarnée est
beaucoup plus puissante », appuie
Tristan Jurgensen, directeur des
radios Fun Radio et RTL2.

Miser sur les innovations
technologiques
Parallèlement, les radios misent
sur les innovations technologi-
ques, comme le développement
sur les enceintes connectées, les
webradios, des accords avec les
plates-formes ou encore les pod-
casts. La plupart des radios ont
ainsi créé ces derniers mois des
podcasts « natifs », à l’image de Fun
Radio qui lance cette semaine un
nouveau format intimiste. NRJ
revendique 54 millions d’écoutes
depuis le début de l’année (replay
et podcasts natifs). « Le contexte
nous pousse à passer à la vitesse
supérieure sur le digital », résume
Tristan Jurgensen.
« On commence à voir l’émergence
de smart radios, c’est-à-dire la radio
géolocalisée et personnalisée en
fonction des déplacements et des
goûts de l’utilisateur. C’est l’une des
pistes d’avenir de la radio, ajoute
Nicolas Curien, membre du Conseil
supérieur de l’audiovisuel, et auteur
de plusieurs rapports sur la radio.
On va de plus en plus vers un monde
multicanal avec une coexistence de
plusieurs façons d’écouter l’audio. »
Preuve de l’intérêt pour le média,
chaque rumeur affole le marché.
M6 n’a pas hésité à casser sa tirelire
pour acquérir RTL et ses radios
(Fun...) en 2016, et les radios musi-
cales de Lagardère (RFM, Virgin)
suscitent un vif intérêt.

* Durée d’écoute par individu, tenant
compte des non-auditeurs.

Les radios


à la reconquête


de leur public


l L’audience et la durée d’écoute de la radio ont baissé


sur les dix dernières années, en particulier chez les jeunes.


lMais les radios ne se laissent pas abattre.


Marina Alcaraz
@marina_alcaraz


Podcasts, webradios, innovations
éditoriales, développement sur les
enceintes connectées... les radios
cherchent à reconquérir leur
public. Média roi des Français, la
radio a perdu un peu de sa superbe
au fil du temps, en particulier chez
les jeunes. L’audience cumulée de la
radio – l’ensemble des personnes
ayant écouté au moins une fois la
radio dans la journée – a enregis-
tré un point bas historique, à 77,5 %
de la population française, sur
la période avril-juin (selon des
données publiées c et été par
Médiamétrie).
Sur dix ans, la durée d’écoute du
média a perdu environ 10 % *. Si le
recul est relativement contenu sur
les auditeurs les plus âgés, le plon-
geon est de plus de 30 % sur les
13-24 ans. « C’est une baisse très
nette, même si elle est proportion-
nellement moins forte que pour la
télévision live, commente Philippe
Nouchi, expert chez Publicis Media.
La radio a subi la concurrence
d’Internet, des réseaux sociaux et,
plus globalement, des autres modes
de loisirs. » Presque 68 % des
13-24 ans ont écouté la radio au
moins une fois dans la journée sur
la saison allant de septembre 2018
à juin 2019. Mais ils étaient plus
de 80 % il y a une décennie.
Assez logiquement, ce sont les
radios musicales (comme NRJ,
Skyrock, Fun Radio, etc.), plébisci-
tées par les adolescents, qui ont le
plus souffert, alors que le strea-
ming (Spotify, Deezer...) et, plus
globalement, YouTube, ont pris
de l’ampleur. « La durée d’écoute
a surtout baissé sur la tranche
horaire du soir [là où il y avait
souvent de la libre antenne, NDLR],
avec une chute qui s’est accentuée
depuis 2013 », reprend Philippe
Nouchi.


La publicité recule
La relative désaffection pour la
radio a pesé sur la publicité. Les
recettes nettes du média ont baissé
d’environ 12 % en dix ans, alors
qu’elles ont mieux résisté à la télé-
vision. « La publicité se monétise
moins bien d’année en année. Le
marché français e st structuré


RADIO


Les stations musicales très
écoutées par les jeunes sont les
plus affectées, notamment en
raison de la concurrence des sites
de streaming comme Deezer et
Spotify. Sans que cela n’exclue que
certaines aient gagné des audi-
teurs, ces stations ont dans leur
ensemble perdu 1,234 million
d’auditeurs, soit une baisse de 13 %
sur ces trois ans. Dans le même
temps, Mouv', de Radio France, a
gagné 175. 000 a uditeurs, même s’il
est vrai que la station partait d’un
point bas.
Les radios généralistes ont
stabilisé leur audience chez les
13 -34 ans, mais France Inter a
gagné 268. 000 jeunes, en progres-
sion de 37 %. Pendant ce temps,
Franceinfo en a gagné 44.000,
France Culture 46.000 et France
Musique 26.000. Seule France B leu
en a perdu 15.000.
Cette conquête du public jeune,
qui a particulièrement délaissé la
radio après 20 heures, Radio

France la doit notamment à sa
stratégie d’arrosage tous azimuts
des réseaux sociaux et plates-
ormes – même Twitch, depuis
cette année.

Monétisation
des podcasts
Cette stratégie, commencée quand
Franceinfo (la radio) a participé à la
création d’un média global avec
une chaîne de télévision, a été
accentuée l’an dernier. France I nter,
par exemple, a multiplié les modu-
les vidéos avec les séquences comi-
ques de son antenne. L es radios pri-
vées ont été plus réticentes car elles
voulaient garder leur audience
dans leur écosystème numérique
pour la monétiser. Même si,
aujourd’hui, Radio France, en
pleine période de coupe budgé-
taire, veut aussi monétiser ses pod-
casts, qui lui rapportent environ
1 million d’euros en publicité.
Le groupe a aussi développé une
stratégie de podcasts natifs avant

ses concurrents. Il en a aujourd’hui
une vingtaine – « Les Odyssées »,
« Superfail », « Oli » –, qui ont
cumulé plus de 15 millions d’écou-
tes depuis leur création. Ils sont
souvent dans des formats nou-
veaux qui attirent les jeunes et ont
l’autre avantage de les amener
ensuite sur les antennes tradition-
nelles.
Les dirigeants de Radio France
se félicitent de leur côté d’avoir été
plus innovants e t d’avoir continué à
investir sur les contenus et leurs
supports quand, dans cette période
de recul de la manne publicitaire,
leurs pairs du privé avaient les
mains moins libres pour diffuser
leurs contenus sans chercher à les
monétiser. A cet égard, la Maison
ronde attend beaucoup de sa
future application personnalisable
qui sera présentée en décembre et
qui permettra par exemple de finir
en format podcast une émission
dont on n’a pas pu écouter la fin en
direct...n

Radio France réussit à séduire les jeunes


Nicolas Madelaine
@NLMadelaine

Si le média radio est fragilisé en
France d epuis quelques années p ar
une désaffection du public jeune –
un p oint bas historique a été atteint
pour la période avril-juin de
l’année dernière –, la « vieille »
radio publique s’en sort paradoxa-
lement très bien auprès des Millen-
nials. En trois ans, de la saison 20 15-
2016 à la saison 2018-2019, Radio
France a ainsi gagné 54 3.000 audi-
teurs de 13 à 34 ans, soit une hausse
de 31 %, alors que le média radio en
général en perdait 889 .000, entraî-
nant une baisse de 7 %, selon des
données Médiamétrie.

La « vieille » radio publique
navigue à contre-courant
du reste du secteur sur
le public jeune grâce à sa
présence sur les réseaux
sociaux et à sa politique
de podcasts natifs.

Les chiffres clefs


77 , 5 %
DE LA POPULATION
FRANÇAISE
L’audience cumulée
de la radio a enregistré
un point bas historique
sur la période avril-juin.

68 %
DES 13 -24 ANS
ont écouté la radio au moins
une fois dans la journée
sur la saison allant
de septembre 2018 à juin
20 19. Ils étaient plus de 80 %
il y a une décennie.


  • 10 %
    LA PERTE
    de la durée d’écoute
    du média sur dix ans.


Les radios musicales, plébiscitées par les adolescents, ont le plus souffert, alors que le streaming
et plus globalement YouTube ont pris de l’ampleur. Photo Shutterstock

Nouvelle offensive de Facebook face
à la menace Snapchat. Le géant des
réseaux sociaux travaille sur le
développement d’une nouvelle
application de messagerie instanta-
née, Threads. Cette plate-forme ser-
vira de renfort à Instagram (pro-
priété de Facebook) pour lui fournir
une meilleure interface de messa-
ges privés, selon The Verge. Pour
l’instant, aucune date de lancement
n’a encore été annoncée.
Threads permettra aux utilisa-
teurs de partager directement la
position géographique, la vitesse et
l’autonomie de la batterie, en plus
des f onctionnalités textes, photos, et

de vidéos proposées par Instagram.
L’application se concentrera sur les
« amis les plus proches » d’un utili-
sateur Instagram, spécificité sou-
vent associée à Snapchat.

Première tentative avortée
En termes d’interface, Threads
ressemble beaucoup à la message-
rie déjà existante sur Instagram.
Avec notamment la même pastille
verte pour montrer si un utilisateur
est a ctif et la disponibilité des stories
des autres utilisateurs. Il est éga-
lement possible d’envoyer des
photos et des vidéos immédiates à
ses amis proches.

Avec cette nouvelle fonctionna-
lité, Instagram et Facebook espè-
rent augmenter le temps d’utilisa-
tion de leur application. Selon de
nombreux rapports, un utilisateur
de Snapchat passe en effet davan-
tage de temps sur l’application au
petit fantôme qu’un utilisateur
d’Instagram sur celui-ci.
Ce n’est pas la première f ois que le
groupe tente de doubler Snapchat.
En mai, Instagram avait annoncé
l’arrêt de son application Direct,
une application de messagerie
développée depuis 2017. Direct était
disponible uniquement dans
six pays – en Italie, au Portugal, en

Israël, en Turquie, au Chili et en
Uruguay. Le groupe n’étant pas
satisfait de devoir basculer d’Insta-
gram à Direct pour envoyer des
messages privés, il l’avait mise de
côté et annulé un lancement mon-
dial. C’est l’équipe de Direct qui,
après une immersion dans l’équipe
de Messenger (également propriété
de Facebook), a travaillé sur le nou-
veau projet d’Instagram.
En mars, Mark Zuckerberg, le
patron de Facebook, a annoncé que
la messagerie privée était le futur du
groupe. Un discours qu’illustre
aujourd’hui le développement de
Threads dans Instagram. —C. N.

RÉSEAUX SOCIAUX


Après l’échec de son
application Direct,
le groupe Facebook


planche sur Threads.


Cette application


fournirait une
nouvelle messagerie
privée aux utilisateurs
d’Instagram, à l’image


de Messenger
avec Facebook.


Instagram prêt à dégainer sa messagerie Threads


Threads permettra
aux utilisateurs de
partager directement
la position
géographique, la
vitesse et l’autonomie
de la batterie, en plus
des fonctionnalités
textes, photos, et
de vidéos proposées
par Instagram.

HIGH-TECH & MEDIAS


Mercredi 28 août 2019 Les Echos

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