Echos - 2019-08-28

(lily) #1

04 // FRANCE Mercredi 28 août 2019 Les Echos


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BIENVENUEDANS LA NOUVELLE ECHOSNOMIE


tuel’info.


Propos recueillis par
Joël Cossardeaux
et Elsa Freyssenet

Après le G7 de Biarritz, êtes-
vous un écologiste heureux?
Je serais heureux si on arrivait à
arrêter la déforestation de l’Amazo-
nie et si l’action internationale était
à la hauteur de l’urgence climati-
que. Ce n’est pas le cas malgré les
efforts de la France.

N’y a-t-il pas un problème de
cohérence entre les déclara-
tions et les actes? Bercy envi-
sage de réduire drastiquement
les aides à la transition énergé-
tique en les concentrant sur
les ménages les moins aisés...
Sur ce sujet, il faut distinguer le
montant de l’enveloppe et
l’outil. Transformer le crédit
d’impôt à la transition énergétique
en prime versée aux ménages est
une mesure juste car les personnes
les moins aisées seront désormais
bénéficiaires et n’auront pas à faire
l’avance. Cette réforme est donc
positive e t ne doit p as ê tre a ccompa-
gnée d’une baisse des crédits.
Les coupes envisagées dans les
aides à l’isolation des bâtiments
sont inopportunes. Ne pas revenir
sur ces coupes, c’est prendre le ris-
que de rendre le budget de l’écologie
incompréhensible. D’autant que
l’isolation des bâtiments est le sec-
teur sur lequel nous s ommes le plus

en retard en France, selon le Haut
Conseil pour le climat.
L’enjeu est d’objectiver ce qu’est
un budget cohérent avec l’Accord de
Paris. J’attends beaucoup de la com-
paraison entre nos engagements
écologiques et le projet de loi de
finances, comparaison promise par
le Premier ministre pour octobre et
votée dans la loi énergie-climat. Je
note que la France est l’un des pre-
miers pays à se doter d’un tel outil.

N’est-ce pas fatigant de devoir
toujours surveiller l’allocation
des crédits?
Tout gouvernement est soumis à
des injonctions contradictoires,
mais je me félicite que le budget du
ministère de l’Ecologie soit en
hausse pour la troisième année
d’affilée. Le gouvernement est en
train de réduire les niches fiscales
anti-écologiques. Mais les secteurs
concernés ne sont bien sûr pas con-
tents.
L’enjeu est de trouver u n nouveau
compromis social qui permette le
chemin vers la neutralité carbone et
de se doter d’une vraie stratégie
d’investissement dans la transition.
Il nous manque 20 milliards

PASCAL CANFIN
Président de la com-
mission Environne-
ment à Bruxelles

d’investissements ( privés et
publics) chaque année pour que
l’économie française soit alignée
avec l’Accord de P aris. S ur c e sujet, il
est urgent de changer de braquet.

La France ne veut pas signer
le traité UE-Mercosur « en
l’état ». Le texte est-il caduc ou
y a-t-il quelque chose à faire?
Les traités commerciaux doivent
permettre de « donner des dents » à
l’Accord de Paris qui ne comporte
pas de mécanisme de mise en œuvre
contraignant. Si le Mercosur conte-
nait des clauses conditionnant
l’exportation de soja vers l’Union
européenne au respect d’une garan-
tie « zéro déforestation », ce serait
un très bon accord. Il est le premier à
mentionner la mise en œuvre
« effective » de l’Accord de Paris, ce
qui est positif, mais il ne dit rien sur
qui décide que c’est « effectif » ou
pas! Rien également sur la suite à
donner si cette mise en œuvre n’est
pas effective. Les dimensions clima-
tique et environnementale sont
exclues du mécanisme qui abouti-
rait à suspendre l’accord. Ce n’est évi-
demment pas acceptable.

« Je défends une
écologie d’action,
pas une écologie
de posture. »

lui faudra faire autrement. « A
un moment, il faudra le rendre
obligatoire pour une partie des
jeunes, et pas pour les autres »,
avait confié Gabriel Attal aux
« Echos », en juin. Plusieurs pis-
tes, comme le tirage au sort ou le
choix du mois de naissance des
jeunes sont à l’étude, avait indi-
qué le secrétaire d’Etat auprès
du ministre de l’Education
nationale. Ceux qui seraient nés
un mois impair pourraient, par
exemple, être obligés de faire
leur SNU, et pas les autres. Les
modalités ne sont toujours pas
tranchées. Elles vont faire l’objet
d’échanges entre le gouverne-
ment et les parlementaires.

Réforme constitutionnelle
D’autant qu’il faudra une loi
pour rendre obligatoire le SNU.
Deux options sont sur la table :
soit un article attaché au projet
de loi organique relatif à la
réforme constitutionnelle − le
texte sera à l’ordre du jour du
Conseil des ministres, ce mer-
credi −, soit un projet de loi dédié.
D’ici là, le gouvernement
devra encore surmonter des cri-
tiques et des réticences, notam-
ment c elles d es représentants de
parents d ’é lèves. Sur le plan bud-
gétaire au moins, Jean-Michel
Blanquer et Gabriel Attal
devraient avoir de quoi contrer
les attaques des opposants au
SNU, avec des ressources nou-
velles de 700 millions d’euros
pour les 400.000 jeunes de 2022
qui seront dissociées du budget
du ministère de l’Education
nationale. A cette échéance, le
coût par jeune serait donc de
l’ordre de 1.750 euros, soit un
peu moins que les 2.000 euros
facturés cette année pour le
démarrage du dispositif.n

Marie-Christine Corbier
@mccorbier

C’était dans l’air du temps depuis
plusieurs mois. Cette fois, c’est
arbitré : selon nos informations,
le service national universel
(SNU) concernera au moins
400 .000 jeunes d’ici à 2022, soit
plus de la moitié d’une classe
d’âge. L’annonce est envisagée
pour fin septembre, au moment
de la présentation du projet de
loi de finances pour 2020.
Lors de sa conférence de
presse d’avril, E mmanuel
Macron avait souhaité « qu’on
accélère le déploiement de cette
initiative ». « Elle est indispensa-
ble et notre nation en a besoin »,
avait-il déclaré, en identifiant le
SNU comme « la matrice indis-
pensable au cœur de notre école
[et] qui va i rriguer des vocations ».
Le SNU a débuté mi-juin
avec 2.000 jeunes volontaires.
Les effectifs doivent être portés à
30.000 à 40.000 « appelés » en
2020 puis à 150.000 en 2021. Le
gouvernement espère trouver
des volontaires jusqu’en 2021.
En revanche, pour atteindre
les 400.000 jeunes en 2022 et
généraliser le dispositif en 2023
ou 2024 (soit 800.000 jeunes), il

JEUNESSE


L’exécutif devrait
débloquer 700 mil-
lions d’euros de
ressources nouvel-
les d’ici à 2022.

L’objectif est
de rendre le SNU
obligatoire
en 2023 ou 2024.

Service national


universel : l’exécutif


vise 400.000 jeunes


en 2022


Les industriels réduisent leurs
prévisions d’investissements en 2019

CONJONCTURE Les industriels français ont revu en baisse leurs
anticipations d’investissements en 2019, mais continuent à tabler
sur une hausse, de 6 %, après u ne progression de 2 % en 2018, selon
l’enquête trimestrielle de l’Insee. En avril, les industriels tablaient
sur une hausse des dépenses d’investissement de 11 % cette année.
Cette révision à la baisse est plus marquée qu’en moyenne à cette
période de l’année (–2 points). Selon l’enquête, l’investissement
progresserait notamment dans les biens d’équipement.

en bref


Il faut faire du respect des engage-
ments sur le climat et la biodiversité
une clause essentielle des accords
commerciaux. C’est-à-dire permet-
tre à une partie de demander la sus-
pension de l’application du traité, si
l’autre ne met pas effectivement en
œuvre l’Accord de Paris.

Pensez-vous pouvoir travailler
avec Les Verts français
au Parlement européen
et sur quels dossiers?
Sur la PAC, la France a une position
beaucoup plus verte que ses voisins.
Je m’attache à ce que la position du
Parlement européen soit renégo-
ciée entre la commission Agricul-
ture et la commission Environne-
ment que je préside. Si la nouvelle
version de la PAC se révèle plus
verte que la précédente, j ’espère que
le groupe des Verts saura prendre
ses responsabilités. Je constate à
regret qu’il ne l’a pas fait sur l’élec-
tion d’Ursula Van der Leyen à la pré-
sidence de la Commission, dont les
engagements sur le climat sont
beaucoup plus forts que ceux de la
commission précédente.
Pour gagner la bataille climatique,
deux attitudes sont possibles. Soit on
attend que Les Verts deviennent
majoritaires partout, soit on estime
que face à l’urgence climatique il faut
agir dès maintenant. Je n’oppose pas
les deux scénarios, je les agrège. Je
défends une écologie d’action, pas
une écologie de posture.n

« Il est urgent de changer de


braquet sur le climat » en France


l Le député européen s’oppose aux coupes sur l’isolation des bâtiments.


lIl appelle la France à investir massivement pour respecter l’Accord de Paris.


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