Echos - 2019-08-28

(lily) #1
échanges, à l’avenir, entre l’Irlande
du Nord (qui fait partie du Royau-
me-Uni) et la République d’Irlande,
membre de l’UE? Comment main-
tenir cet impératif garanti par
l’accord qui a mis fin, en 1998, à des
décennies de conflit armé, sans
pour autant donner à Londres un
accès illimité et sans contrôle au
marché unique?
C’est notamment cette insoluble
équation qui a entraîné, à trois
reprises, le rejet de l’accord de
retrait par le Parlement britanni-
que. C’est aussi elle qui fait craindre,
désormais, le scénario d’un Brexit
sans accord.

Un cadre clair
Mais, ces derniers jours, une lueur
d’espoir est apparue. Ce mercredi,
les équipes de négociateurs se
retrouvent à Bruxelles pour se pen-
cher sur les moyens de répondre au
problème crucial de l’Irlande.
Le cadre de la discussion est clair.
D’un côté, Londres brandit sa sou-
veraineté et exige que soit exclu le
« backstop », ce mécanisme qui

ver un juste milieu. Cette solution
n’aurait rien d’optimal par rapport à
la fluidité actuelle, mais elle aurait
le mérite de rendre possible le
divorce entre Londres et l’UE.
Elle pourrait reposer, entre
autres, sur une proposition avancée
par quelques experts, dont Jona-
than Faull, le Britannique qui avait
dirigé l’équipe de la Commission
européenne chargée du Brexit
avant le référendum de juin 2016.
Son idée : les négociateurs pour-
raient s’entendre pour installer, des
deux côtés de la frontière mais loin
de celle-ci, des centres dans lesquels
seraient effectuées les formalités
douanières. En Irlande du Nord ou
en Grande-Bretagne, les produits
destinés à l’export vers l’UE seraient
vérifiés et les taxes seraient payées,
tandis que l’équivalent serait fait, en
République d’Irlande, p our les mar-
chandises destinées au Royaume-
Uni. La frontière resterait donc une
zone de transit fluide.
Pour garantir la viabilité de ce
dispositif, ses auteurs préconisent
un mécanisme juridique par lequel

Gabriel Grésillon
@Ggresillon
—Bureau de Bruxelles


Enfin une p erspective? Alors que le
risque d’un Brexit sans accord n’a
jamais semblé aussi fort, les discus-
sions techniques qui doivent
reprendre ce mercredi pourraient
inclure de nouvelles pistes, techni-
ques, pour tenter de sortir de
l’impasse.
Les discussions politiques
butent, depuis des mois, sur un cas-
se-tête d’apparence insoluble :
comment maintenir la fluidité des


ROYAUME-UNI


Alors que
la perspective
d’un divorce
sans accord est
dans tous les esprits,
les négociations
techniques
vont reprendre.


tour de consultations en recevant
les leaders du M5S et du Parti
démocrate. Il cherchera à s’assu-
rer de la solidité de leur alliance
de circonstance motivée par leur
crainte que des élections antici-
pées n’offrent le pouvoir à Matteo
Salvini.

Future équipe
Les dernières heures de négocia-
tions sont fébriles entre deux par-
tis e ngagés dans un bras de fer. Les
discussions portent sur la distri-
bution des ministères au sein d’un
futur gouvernement dont le pro-
gramme n’a pas encore été claire-
ment fixé. Seule certitude, il sera
dirigé par Giuseppe C onte après le
retrait du veto de Nicola Zinga-
retti, secrétaire du PD, au main-
tien du président du Conseil
démissionnaire à son poste. Mais
le considérant désormais comme
l’expression du M5S, il demande
des garanties sur la composition

du prochain exécutif. Le flanquer
de nouveau de deux v ice-Premiers
ministres représentant les deux
alliés n’est plus envisageable. Le
PD revendique ainsi un seul vice-
Premier ministre issu de ses
rangs, en sus des ministères de
l’Economie, des Affaires étrangè-
res et de l’Intérieur.
Un poste qu’ambitionnerait
également Luigi Di Maio pour
conforter son influence sur la
future équipe. Dans un communi-
qué, le M5S rappelle qu’il est « la
première force politique au Parle-
ment » après ê tre arrivé e n tête des
législatives du 4 mars 2018 avec
32 % des suffrages.
Quel que soit le nom du succes-
seur de Matteo Salvini, le Parti
démocrate exige une rupture avec
la politique migratoire menée au
cours des quatorze mois de gou-
vernement populiste et souhaite
que ses décrets sécuritaires soient
remis en cause. Ils sont pour l’ins-

Olivier Tosseri
—Correspondant à Rome


Journée décisive ce mercredi
pour la résolution de la crise p oli-
tique italienne. Sergio Mattarella
achèvera le second et dernier


ITALIE


Le président
de la République
achève son dernier
tour de consultations
ce mercredi.


Le M5S et le PD
doivent lui démontrer
qu’ils sont en mesure
de former ensemble
un gouvernement
remanié, dirigé
par Giuseppe Conte.


chaque entité sanctionnerait forte-
ment, voire pénalement, tout agent
économique qui ferait le choix de se
dérober à ses obligations en cas
d’exportation. En clair : c’est le droit
européen, sanctionné en dernier
recours par la Cour de justice de
l’UE, qui serait appliqué, au Royau-
me-Uni, sur les produits exportés
dans l ’UE e t ce sont les r ègles britan-
niques qui seraient valables pour
les produits exportés en Irlande du
Nord depuis la République
d’Irlande.

Tonalité conciliante
Une chose est sûre : la tonalité
des Européens se veut plutôt con-
ciliante. Lundi, c’est le Premier
ministre néerlandais, Mark
Rutte, qui en a donné la preuve,
affirmant que les Vingt-Sept
étaient « ouverts à des proposi-
tions concrètes ». La porte-parole
adjointe de la Commission euro-
péenne a déclaré, pour sa part,
que Bruxelles se tenait « prêt à
s’engager dans des discussions
constructives ».n

Les négociations concrètes reprennent


entre Londres et Bruxelles sur le Brexit


S’il s’agissait d’afficher une
sereine maîtrise du dossier
européen, c’est raté. L’Ely-
sée peinait encore, mardi, à
annoncer son candidat pour le
poste de futur commissaire
européen à Bruxelles. Alors que
la date limite théorique était
celle du lundi 26 août, Emma-
nuel Macron avait prévenu,
lundi soir, qu’il avait obtenu un
délai et s’était engagé à trancher
mardi matin. La journée de
mardi s’est déroulée dans
l’attente... et aucun nom n’avait
été annoncé en début de soirée.
Si le choix s’avère compliqué
pour Paris, c’est que la liste des
candidats est courte. Alors que
l’Italie, en pleine crise gouverne-
mentale, est le seul autre pays à
n’avoir pas encore présenté de
candidat, la France doit tenir
compte du principe de parité
que défend Ursula von der
Leyen, l’Allemande qui doit suc-
céder à Jean-Claude Juncker à la
tête de la Commission euro-
péenne. Pour que l’équilibre glo-
bal soit respecté, Paris subit
donc une forte pression pour
présenter une femme. Si les
noms de Sylvie Goulard,
ancienne eurodéputée et éphé-
mère ministre de la Défense, ou
de Florence Parly, actuelle
ministre des Armées qui pour-
rait bénéficier à Bruxelles de sa
proximité avec Ursula von der
Leyen, ont circulé au cours des
derniers jours, rien ne permet
d’exclure un autre scénario.

Le temps presse
Si le temps presse, c’e st que la
procédure qui doit permettre à
une nouvelle Commission euro-
péenne d’entrer en fonction le
1 er novembre prochain va pren-
dre du temps. D’abord, Ursula
von der Leyen va devoir s’entre-
tenir avec chacun des candidats.
Le but sera double : d’une part,
approuver ou rejeter ces der-
niers. Et d’autre part, concevoir,
à partir des profils des uns et des
autres, leur fiche de poste, en
articulant ses grands objectifs
politiques et les susceptibilités
des différents pays.
Il faudra notamment tenir
compte des attentes des pays
situés à l’est de l’Union euro-
péenne, que le casting décidé en
juillet dernier n’a guère favori-
sés. Déjà, le candidat qu’avait
présenté la Pologne s’est retiré
de la course, en estimant que
le portefeuille que prévoyait
l’Allemande p our son pays


  • l’agriculture – ne correspon-
    dait en rien à ses compétences.
    S’ensuivra une deuxième
    phase où les 27 candidats passe-
    ront sur le grill du Parlement
    européen. « On peut s’attendre à
    ce que les eurodéputés soient très
    attentifs au profil des candidats
    dont les gouvernements sont
    eurosceptiques ou portent
    atteinte à l’Etat de droit », pro-
    nostique Eric Maurice, en
    charge du bureau bruxellois de
    la Fondation Schuman. « Après
    avoir été contourné par les chefs
    d’Etat et de gouvernement pour le
    choix de la présidence de la Com-
    mission, le Parlement voudra
    peser de tout son poids dans ce
    processus », prévient encore
    l’analyste.
    —G. G.


Commissaire


européen : le


choix laborieux


de Macron


EUROPE


L’ Elysée n’était
toujours pas
parvenu, en début
de soirée mardi,
à proposer
un candidat
à la succession de
Pierre Moscovici.

interdit aux deux avions survo-
lant la Méditerranée pour signaler
les embarcations en difficulté de
décoller ou d’atterrir à Lampe-
dusa, ou depuis tout autre aéro-
port de la péninsule.

Adoucir la politique
migratoire
S’il devait rester à Palazzo Chigi,
Giuseppe Conte serait prêt à reve-
nir sur la politique migratoire qu’il
a pourtant soutenue depuis qua-
torze mois et sur les « décrets sécu-
rité » qu’il a signés avec Salvini. Ce
dernier invoque toujours un retour
aux urnes e t dénonce une c lassique
opération de transformisme à l’ita-
lienne pour l’évincer en s atisfaisant
les désirs d’Emmanuel Macron et
d’Angela Merkel. Il lui faut désor-
mais ajouter le nom de son modèle
Donald Trump. Dans un tweet, le
président américain a salué le
talent de Giuseppe Conte qu’il sou-
haite voir demeurer à son poste.n

Crise politique italienne : dernières consultations décisives


C’est autour de la frontière entre les deux Irlandes, actuellement fluide, que se cristallisent les difficultés. Photo dpa Picture-Alliance/AFP


prévoyait qu’e n dernier recours le
Royaume-Uni soit obligé de conti-
nuer à se plier aux règles européen-
nes. De l’autre, l’UE objecte que rien
ne doit fragiliser l’intégrité du mar-
ché unique : impossible de com-
mercer sans entrave avec une entité
géographique qui ne respecte pas
ses règles.
Entre ces deux postures, c’est
désormais une négociation très
technique qui pourrait s’ouvrir. Elle
viserait à additionner plusieurs dis-
positifs permettant, in fine, de trou-

Ce mercredi,
les équipes
de négociateurs
se retrouvent
à Bruxelles
pour se pencher
sur les moyens
de répondre
au problème crucial
de l’Irlande.

tant toujours en vigueur et Matteo
Salvini encore en fonction.
Mardi, il a signé, en accord avec
la ministre de la Défense et des
Transports issus du M5S, l’inter-
diction d’entrée, de transit ou
d’arrêt dans les eaux territoriales
italiennes du navire Eleonore de
l’ONG allemande Lifeline. Il avait
secouru lundi 101 migrants en
danger au large de la Libye. La
guerre livrée aux ONG ne l’est plus
seulement sur la mer, mais égale-
ment dans les airs. L’Enac, l’auto-
rité italienne de l’aviation civile,

Les discussions
ont pour l’instant
plus porté
sur les postes
à pourvoir
que sur les mesures
politiques à adopter.

MONDE


Les EchosMercredi 28 août 2019

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