NOUVELLE SCÈNE
PARISIENNE
Représentants d’une nouvelle scène
musicale parisienne qui affirme sa maîtrise
des contrastes forts, la chanteuse Marie-
Flore et le rappeur S.Pri Noir assènent leurs
punchlines sans concession en français,
sur des instrumentations sophistiquées.
Rencontre avec deux figures qui n’ont pas
fini de faire parler d’elles.
Réalisation: Guillaume Boulez. Coiffure: Laurent Mole. Maquillage: Eny Whitehead chez Calliste Agency. Assistante réalisation: Agathe Auriffeille. Merci à l’hôtel Les Bains, 7, rue du Bourg-l’Abbé, ParisIIIe, tél.01 42 77 07 07, http://www.lesbains-paris.comPar Thibaut Wychowanok, portraits Raphaël Lugassy
Profil
dessine la cartographie des relations
d’aujourd’hui : un asphalte des sentiments. “Je
ne cherche pas à être transgressive. Je n’essaie
pas d’incarner un personnage. Je retranscris
mes états d’âme. Et je parle de cul. On peut être
une femme et prendre cette liberté : oser mettre
les mots sans tourner autour.”
Chacun des douze titres de l’album
Braquage forme une carte postale envoyée des
trottoirs des villes, plutôt que de Capri. Cette
brutalité sincère et incisive fait mouche comme
les coups de tête portés au cœur par sa voix :
un chant dense, au phrasé assuré, flirtant de loin
avec les rivages du rap, ou s’envolant à l’occasion
vers des contrées plus douces. Couleur dominante
de l’album, l’électro-pop urbaine n’empêche pas
les touches de piano, violon et guitare- jusqu’aux intonations folk du titre final, Bleu
Sur son nouvel album, Braquage, ring musical
où s’affrontent des amours désenchantées, Marie-
Flore boxe les mecs à coups de punchlines,
d’uppercuts d’amertume ou de désir qui riment
jusqu’au K.-O. Ça sonne contemporain : “Pour
moi t’es qu’un détail, une pipe de plus que je taille”
(dans le titre QCC). Ça sent parfois le moite et
l’onanisme : “Seule dans le lit, je déclare l’alarme
incendie.” (dans le titre Cambre). Marie-Flore
chante cru, avec l’élégance d’une Françoise Hardy
déniaisée et badass. Chez la trentenaire, l’amour
est physique et prend aux tripes : descente
en rappel jusqu’au vertige du point G, amours de
passage, connards et plans cul avec ou sans
lendemain... Marie-Flore émerge en Georges
Bataille de la chanson française là où Juliette
Armanet prendrait encore la pose façon Musset.
Exit l’exotisme lyrique de l’amour, la Française
MARIE-FLORE
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