Numéro N°206 – Septembre 2019

(Rick Simeone) #1

LAPÉROUSE,


RENAISSANCE D’UN MYTHE


Derrière sa devanture noir et or et sa vue


panoramique sur la Seine, le mythique


restaurant Lapérouse fait rayonner l’art de


vivre à la française depuis 1766. Après


quelques mois de rénovation, cette


institution de Saint-Germain-des-Prés se


révèle dans ses plus beaux atours.


Matthieu Salvaing

Lifestyle


d’apparat, carte dans la plus pure tradition de
la grande brasserie française, on pénètre chez
Lapérouse dans un univers romanesque et chargé
d’histoire. Et pour la première fois, une des plus
belles caves de la capitale pourra être visitée.
Il faut dire que depuis sa création en 1766,
la dizaine de salons et le bar qui composent
Lapérouse ont accueilli les grands noms de l’art,
de la création et de la politique, d’abord parisiens
puis du monde entier. Marcel Proust le cite
dans À la recherche du temps perdu, Colette y
dînait une fois par semaine, Woody Allen y a
tourné une scène de Midnight in Paris, Gainsbourg
y a rencontré Jane Birkin, Victor Hugo y
emmenait ses petits-enfants, Michel Houellebecq
y a célébré son mariage. Des hommes politiques
français y ont aussi donné des rendez-vous
secrets, et Winston Churchill, Orson Welles ou
Guy de Maupassant ont également goûté
à l’ambiance feutrée et mystérieuse de cette
flamboyante institution germanopratine.
Conscient de l’aura exceptionnelle qui
enveloppe, depuis plus de 250 ans, le restaurant
à la devanture somptueuse, le duo d’entrepreneurs
ambitionne d’exporter cet art de vivre typiquement
parisien. Dans des lieux triés sur le volet, les
cafés Lapérouse, ainsi qu’une ligne d’épicerie fine,
verront ainsi le jour, notamment dès 2020 à
l’hôtel de la Marine, place de la Concorde, puis
à l’étranger. Une jolie manière de faire scintiller
la magie de Paris à travers le monde.

Au mois de juin dernier, tandis que Paris
vibre au rythme des défilés de la Fashion Week
masculine, le célèbre restaurant Lapérouse est,
une fois de plus, le théâtre d’une soirée qui va
entrer dans l’Histoire. Tandis que la célèbre
institution parisienne fête, après quelques mois
de travaux, sa réouverture avec un bal masqué,
Claude Lelouch y tourne en effet des séquences
de son prochain film, un huis clos au nom
évocateur : Les Fantômes de Lapérouse. Aux côtés
de Gérard Darmon et de Christophe Lambert,
au générique du 50e film du réalisateur aux multiples
récompenses, les actrices Arielle Dombasle et
Victoria Abril, Farida Khelfa, le designer Joseph
Dirand, l’écrivain Frédéric Beigbeder, le top
model Natalia Vodianova accompagnée de son
mari, Antoine Arnault. C’est à ce dernier,
ainsi qu’à l’entrepreneur Benjamin Patou,
fondateur du Moma Group, que l’on doit cette
magnifique renaissance.
Pour sublimer le style délicieusement
suranné et typiquement français du lieu, Antoine
Arnault et Benjamin Patou se sont entourés de
signatures : l’architecte d’intérieur Laura Gonzalez,
la directrice artistique Cordelia de Castellane
(à la tête des lignes Dior Maison et Baby Dior),
le pâtissier Christophe Michalak et le chef étoilé
Jean-Pierre Vigato (qui avait fait la renommée
d’Apicius). Moquette rouge vif à motifs végétaux,
murs richement ornés de peintures, moulures,
magnifiques chandeliers en cristal, vaisselle


Par Léa Zetlaoui


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Ci-contre : le salon chinois du
restaurant Lapérouse.
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