Numéro N°206 – Septembre 2019

(Rick Simeone) #1

L’ARTISTE DU MOIS


XINYI CHENG


C’est dans l’effervescence du quartier


parisien de Belleville que la jeune artiste


chinoise Xinyi Cheng a installé son atelier.


Elle y peint des portraits chargés de


sensualité qui lui ont permis de se distinguer


lors de la dernière édition d’Art Basel en


remportant le Baloise Art Prize.


Propos recueillis par Nicolas Trembley


Art


Les artistes adorent Paris depuis toujours.
Les collections patrimoniales des musées sont
une source ininterrompue d’inspiration
pour toutes les générations de peintres. Et c’est
pour ces mêmes raisons que la jeune artiste
chinoise Xinyi Cheng a choisi, à son tour, de s’y
installer. C’est là qu’elle pratique la peinture
tous les jours. Ses tableaux se font ainsi l’écho
des rencontres qu’elle fait dans la capitale,
des amis qu’elle fréquente. Ils représentent des
jeunes gens (majoritairement des hommes),
des situations quotidiennes, parfois banales, et
souvent chargées d’une certaine sensualité.
Ses portraits aux lumières douces et aux contours
assez simples lui ont permis de remporter le
Baloise Art Prize (30 000 francs suisses alloués
au vainqueur par la compagnie Bâloise
Assurances) pour son solo show à la galerie
Balice Hertling lors de la dernière édition d’Art
Basel. Par ailleurs, Bâloise Assurances,
qui a fait l’acquisition de plusieurs œuvres de
l’artiste, a prévu d’en faire don à la
Nationalgalerie de Berlin et au MUDAM
Luxembourg – musée d’Art moderne Grand-Duc
Jean. Nous avons interviewé Xinyi Cheng dans
son atelier au cœur de Belleville.


NUMÉRO : Quel a été votre parcours?
XINYI CHENG : Je suis née dans la ville de Wuhan,
mais j’ai grandi à Pékin, où j’ai ensuite étudié
la sculpture dans une école d’art. Ces années
ont été extrêmement formatrices pour moi.
Nous devions réaliser beaucoup de sculptures
figuratives en argile, et cet exercice m’aide
encore énormément aujourd’hui dans mon
approche de la représentation du corps en peinture.
Mais la vraie révélation s’est produite quand
je suis partie vivre à Baltimore – j’y ai trouvé mon
véritable langage pictural, en même temps
que mon sujet.

Comment avez-vous su que vous vouliez être
artiste? Quelle a été votre première rencontre
avec l’art?
Cela n’a pas été une décision consciente.
J’ai commencé à peindre lorsque j’étais enfant
et, tout s’est enchaîné de façon naturelle.
Je n’ai pas le souvenir d’une “épiphanie”, ni d’une
rencontre avec l’art à proprement parler.
Cela dit, j’ai gardé en mémoire le catalogue d’une
exposition sur Van Gogh qui m’avait transportée.
Cet ouvrage m’avait véritablement donné envie
de jouer avec la peinture. Et j’éprouve le

Ci-contre : Lighter I (2019).
Huile sur toile, 41 x 33 x 2,5 cm.

Galerie Balice Hertling, Paris. Photo

: Aurélien Mole

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