Numéro N°206 – Septembre 2019

(Rick Simeone) #1
Ci-dessus : Crossing I (2019).
Huile sur toile, 60 x 100 x 2,5 cm.

Galerie Balice Hertling, Paris. Photo

: Aurélien Mole

même type de réflexe aujourd’hui, lorsque,
dans un musée, je suis confrontée à une œuvre
que j’apprécie vraiment.


Qu’est-ce qui vous plaisait à l’époque?
Et aujourd’hui?
Jusqu’à mes 18 ans, j’étais une grande fan
des impressionnistes ; ça m’est un peu passé
désormais. Depuis que je me suis installée
à Paris, je vais voir à peu près tout ce qu’il est
possible de voir dans les musées, et pas
seulement en matière de peinture. Je crois que
j’ai été également très marquée par ma lecture
de l’ouvrage de Gilles Deleuze sur Francis Bacon,
Logique de la sensation.


Vous sentez-vous proche d’une communauté
ou d’un mouvement en particulier?
J’aime beaucoup passer du temps avec mes
amis artistes, mais l’essentiel de ce que fais s’inscrit
dans l’espace de mon atelier, qui est un lieu
très personnel, un lieu à moi.


Vous semblez très à l’aise avec la peinture, mais
il vous arrive aussi d’utiliser d’autres médiums,
comme la photographie par exemple.
Pourquoi cela?
Je ne pourrais pas dire que je suis très à l’aise
avec la peinture. Ce qui est certain, en revanche,
c’est que j’adore ça. Je trouve que c’est un
médium à la fois très sensible et très puissant.
Il demande une bonne dose de planification, tout
en laissant une assez grande place à l’accidentel.
Quand j’ai commencé à peindre davantage,


je me suis mise à prendre beaucoup de
photos. Au départ, elles me servaient simplement
de référence pour mes toiles, mais je crois
qu’elles ont acquis ensuite une existence propre,
et c’est quelque chose que j’ai eu envie
d’explorer. Il y a des photos auxquelles je reviens
sans cesse, que je regarde encore et encore,
sans pour autant ressentir le besoin de les
peindre. Et là, je me rends compte que ce sont
des photographies qui existent de façon
autonome.

Comment choisissez-vous votre palette de
couleurs?
Concernant les couleurs, j’ai envie qu’elles
soient agréables et en même temps presque
dérangeantes – qu’elles déclenchent un
moment particulier, avec les sensations qui
l’accompagnent.

Connaissez-vous ces gens que vous représentez?
Et pourquoi seulement des hommes?
Je peins des gens que je connais – parce que
j’aime leur visage, ou leur manière de parler, ou
encore la façon dont leurs gestes peuvent
raconter une histoire. On trouve aussi des femmes
dans mes toiles plus récentes.

Travaillez-vous avec des images d’archives
ou avec le found footage? La question de
l’appropriation vous semble-t-elle pertinente?
Je peins principalement à partir de photos
que j’ai prises moi-même, avant d’assembler entre
elles les pièces du puzzle. Dans mon travail,

L’artiste du mois – Xinyi Cheng


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