Artravel N°88 – Septembre 2019

(C. Jardin) #1
Les habitués de la destination se souvien-
dront de l’adresse. Celle-là même où fut
ouvert, il a y plusieurs années de cela,
sans doute le premier hôtel design de la
ville. Mais aujourd’hui, l’hôtel Omm fait
partie de l’histoire et c’est au dernier-né
de la collection hôtelière Sir Hotels de Liran
Wizman, d’écrire un nouveau récit.
Un récit autour de 91 chambres et suites
qui ont été entièrement rénovées
par les équipes du groupe hôtelier.
Des espaces frais, chargés de lumière
et de tons naturels, qui affi chent discrètement
les intentions catalanes du lieu au travers,
entre autres, d’acquisitions d’œuvres
originales des artistes Bernat Daviu
ou Antoni Muntadas, ou plus loin, de tapis
signés par Nanimarquina.
Plus tard, nous annonce-t-on déjà,
les 31 suites de l’hôtel seront pourtant
réimaginées. Une rénovation offerte à
l’agence Israélienne Baranowitz
+ Kronenberg, rodée à l’exercice et
entamant de fait leur quatrième collabo-
ration avec Sir Hotels. Mais pour l’heure,
l’agence israélienne s’est vue confi er
les espaces publics de l’hôtel, de son lobby

et de son restaurant, Mr Porter.
Rencontrer Irene Kronenberg et Alon
Baranowitz, c’est accepter d’apprendre.
Apprendre tant sur leur métier que
sur la grâce et l’humilité avec lesquelles
ils en parlent. Un discours de passion qui
décrit parfaitement leur implication dans
les projets pour lesquels ils sont mandatés.
Pour Sir Hotels, pas d’exception. L’agence
Baranowitz + Kronenberg aime la marque
et rien moins que lui apporter « sa folie ».
Pour Sir Victor, les deux architectes d’inté-
rieur ont donc encore poussé leur conceptu-
alisation le plus loin possible. Un exercice
qu’ils adorent, et cela tombe plutôt bien,
Liran Wizman aussi. « Un bon client,
s’exclame Alon, parce qu’il nous pousse
toujours plus loin dans notre réfl exion,
cela nous rend meilleurs! ». Pour Sir
Victor, Irene et Alon ont donc plongé
la main dans le paysage barcelonais.
« De la montagne à la mer » disent-ils
en cœur, de ce sol bistré jusque sur les fl ots
de la Méditerranée. Et c’est par ici que l’on
pénètre, sur cette mer, le bleu du lobby qui
se décline doucement vers un univers
brun et cuivré. « Un peu sévère,

souligne Irene, mais c’est aussi
le tempérament de Barcelone! »
Et puis bien-sûr, il y a Victor, qui malgré
les apparences, rend hommage à Víctor
Català, un nom de plume qui ne cache
ni plus ni moins que Caterina Albert,
pionnière catalane de la littérature
moderniste, et pour laquelle la bibliothèque
à l’étage rend hommage en ne s’entourant
que de travaux de femmes.
Dans cet univers masculin, presque austère,
Baranowitz et Kronenberg ont alors ajouté
de petites touches féminines, discrètes,
qui rappellent en un écho lointain
ce Victor-Caterina : ces perles cuivrées
postées en moucharabieh qui parent
la hauteur des murs comme elles parent
le cou d’une femme, ces panneaux de métal
noir plié qui tapissent l’enceinte comme
le froissement d’une jupe, et ces fl ux
de passage, qui dansent d’un espace
à l’autre comme dans une Sardane,
et offrent à ce Sir Victor, dans sa dualité
formelle, les courbes sensuelles
d’un picador au cœur d’une corrida
fantasmée.
http://www.sirhotels.com

© Steve Herud

| HÔTEL | Sir Victor – Barcelona


© Amit Geron

© Steve Herud © Amit Geron
Free download pdf