Artravel N°88 – Septembre 2019

(C. Jardin) #1
Quelles réalisations récentes étaient
les plus inspirantes?
Laura Gonzalez : Chacune possède
son propre univers, et je conçois vraiment,
à chaque fois, un projet unique. Évidemment
le restaurant La Gare à Paris dans le XVIe
arrondissement, livré il y a quelques mois,
était très inspirant, car il s’agissait d’un voyage
complet. Un voyage en Méditerranée
avec des infl uences italiennes, espagnoles,
portugaises, marocaines, etc. Le volume
est impressionnant, et le projet montre
une multitude de couleurs et de motifs.
Pour le restaurant Lapérouse, dans le VIe,
notre idée était de retranscrire l’ADN
du lieu, un lieu très classique et en même
temps décalé et un peu décadent. L’endroit
était sublime. Nous l’avons dépoussiéré sans
le rendre neuf, car cela n’était pas l’objectif.
Nous avons refait entièrement certaines
zones, le bar, le deuxième étage, les salons.
La réussite de ce projet réside dans le fait
que nous avons conservé son ADN.

Comment construisez-vous
vos projets?
Laura Gonzalez : Dès le départ,

nous effectuons énormément de recherches.
Partout, dans tous les supports, dans
les livres, dans la presse... Notre première
présentation au client est assez lourde,
car elle exprime tous nos rêves jusqu’aux
tissus. Nous réalisons des recherches
conceptuelles très denses, ce qui nous
permet de ne jamais nous répéter. Un projet
a besoin d’un concept. Puis, on choisit
nos matières, mais on ne part jamais
de la matière. Il y a forcément des tissus,
car cela caractérise mon travail, du marbre,
des fresques aussi... mais je ne travaille
jamais la même chose.

D’où provient cet amour que vous
portez aux tissus, aux motifs?
Laura Gonzalez : Cela remonte à mon
enfance, je pense. Quand j’étais petite,
ma maison était remplie de tissus Pierre
Frey. J’avais une chambre avec des fl eurs
partout que je détestais bien sûr à cette
époque! [rires] Chaque pièce avait
des imprimés différents, et cela m’a certain-
ement marquée. Par ailleurs, mes parents
ont toujours chiné ; ils allaient dans les
salles des ventes et je les suivais partout.

Ma passion pour la chine, pour l’objet,
pour le tissu, la matière, vient probablement
de tout cela.

Vous êtes adepte du « mix and
match ». Comment parvenez-vous
à défi nir le juste équilibre entre tous
les éléments que vous associez?
Laura Gonzalez : Comment expliquer
ce juste équilibre... Je ne sais pas...
Cela repose sur mon intuition, et c’est
mon problème de déléguer cela justement!
Aussi, je participe forcément à la création
de tous nos projets. Selon où l’on place
le curseur, on est de bon ou de mauvais
goût, vieillot ou moderne... C’est compliqué
de savoir où placer ce curseur, mais c’est
ce qui fait mon style.

Sur quels sujets planchez-vous
actuellement?
Laura Gonzalez : Sur pas mal d’hôtels
cinq étoiles. Un à Paris, un autre à Rome
et un en Afrique du Sud. C’est génial, car
nous abordons plein de cultures différentes.
À Rome, il s’agit d’un boutique-hôtel
de 45 chambres avec un restaurant

© Matthieu Salvaing


Restaurant-salon de thé de Pierre Hermé avec L’Occitane,
86Champs à Paris, réalisé par Laura Gonzalez.
Free download pdf