Les Inrockuptibles N°1239 Du 28 Août 2019

(Romina) #1
La montée de l’extrémisme religieux sera abordée
dans Papicha de Mounia Meddour (9 octobre), film où
une jeune femme tente d’imposer sa liberté vestimentaire
dans l’Alger des années 1990. On ne sait en revanche pas
grand-chose de Terminal Sud de Rabah Ameur-Zaïmeche
(20 novembre), si ce n’est que le réalisateur des Chants
de Mandrin y place Ramzy dans la peau d’un médecin
qui tente de faire son travail malgré le climat d’insécurité
qui règne dans son pays.
Dans Alice et le Maire de Nicolas Pariser (2 octobre),
l’un des meilleurs films de cette rentrée, l’enjeu s’est déplacé
puisque le film s’interroge sur la possibilité même
d’une parole politique à travers la relation qui se tisse entre
un politicien blasé (Fabrice Luchini) et une jeune philosophe
(Anaïs Demoustier). Nos défaites de Jean-Gabriel Périot
(9 octobre) et son passionnant dispositif sont eux aussi
centrés sur la possibilité d’une parole politique. Après
le fulgurant Une jeunesse allemande, le réalisateur français a
demandé à des lycéen.ne.s d’interpréter des textes sur
Mai 68 et d’exprimer la façon dont ils résonnent en eux.
Enfin, nul autre film n’annonce mieux son programme
politique que Viendra le feu d’Oliver Laxe (4 septembre).
Dans cette allégorie qui alterne entre sécheresse dramatique
et impressionnante pyrotechnie, le réalisateur franco-
espagnol pose l’usage du feu comme arme politique au sein
d’une société ostracisante. B. D.

Pour Hollywood, son propre passé est une source
d’inspiration. Un signe des temps?
Il fut un temps où l’on lisait constamment des coups de gueule
contre l’essor des suites et la diminution du nombre de projets
originaux à Hollywood, généralement sous forme d’articles bien
nourris d’infographies chronologiques façon fonte des glaces
ou déforestation amazonienne. Les coups de gueule se font plus
rares, peut-être à cause d’une abdication (à quoi bon lutter ?),
mais plus probablement parce que le goût du Hollywood
contemporain pour son propre patrimoine pop apparaît de
moins en moins comme une basse méthode de profits
à moindres risques (miser sur ce qui a déjà cartonné plutôt que
risquer un flop) et de plus en plus comme une nature profonde
à ne pas renier : à l’ère de Stranger Things (qui est un projet
original) et du Make America Great Again, a-t-on jamais été
aussi addict au passé?
C’est une certaine idée du passé qui hante et dont on ne se
débarrasse pas, tapi dans l’inframonde des égouts et des terreurs
d’enfance dans Ça (11 septembre), second volet du reboot
entamé en 2017 par Andy Muschietti, ou dans Doctor Sleep
(30 octobre), autre adaptation de Stephen King puisque Ewan
McGregor y interprète une version adulte du Danny de Shining,
torturé par un passé qui semble le pousser dans les mêmes
travers que son défunt père.
Le passé n’est pas forcément un fantôme : il peut aussi
devenir un objet, un jouet sans âge avec lequel on pourra
s’amuser éternellement, comme dans Jumanji: The Next Level
(11 décembre) ou La Famille Addams (4 décembre)
version animée, vétérans de l’entertainment 90’s à qui le reboot
ne semble rien vouloir offrir d’autre qu’une jeunesse toute
neuve, solaire – à l’inverse d’autres vétérans qui la jouent moins
jouvenceaux qu’increvables, comme le Sly de Rambo: Last
Blood (25 septembre) ou le Schwarzie de Terminator:
Dark Fate (23 octobre), qui marque le retour de la dream team
de la saga avec Linda Hamilton (Sarah Connor), Edward
Furlong (John Connor), mais aussi une participation accrue
de James Cameron.
Le passé est aussi un livre à récrire, chez les Charlie’s Angels
(4 décembre) qui veulent débarrasser la saga de quelques vieux
réflexes affriolants à tendance macho et élargir le casting féminin
(Elizabeth Banks, la réalisatrice, reprend le rôle de Bosley, aux
côtés notamment de Kristen Stewart), marquant un nouveau
checkpoint dans la route vers l’équilibre des genres à Hollywood.
Ou un livre à compléter, comme dans l’origin story auteurisante
que Todd Phillips et Joaquin Phoenix consacrent au Joker
(9 octobre).

Business


nostalgie


SRAB Films/Rectangle Productions/Lyly Films


Nadja Klier/Sony Pictures Entertainment

Kerry Brown/Paramount Pictures

Bac Films


Les Misérables
de Ladj Ly

Fabrice Luchini
dans Alice et le Maire
de Nicolas Pariser

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Rentrée cinéma
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