LeSoir - 2019-08-14

(ff) #1
13

Le SoirMercredi 14 et jeudi 15 août 2019

économie 13


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LUDOVIC HIRTZMANN
ENVOYÉ SPÉCIAL À PANAMA

L


a ville de Panama est née le
15 août 1519 d’une mauvaise ren-
contre entre des conquistadors
espagnols et des indigènes vite matés.
Cette année-là, l’explorateur Pedro
Arias Davila a fondé la ville avec une
centaine de colons espagnols. Elle de-
vint en quelques années la start-up du
royaume. Que reste-t-il du passé? Pas
grand-chose, à l’exception du centre
historique, le Casco Viejo. La préserva-
tion de l’architecture n’est pas le fort des
Panaméens. Peut-être est-ce dû à la de-
vise du pays? « Pro Mundi Beneficio »
(Pour le bénéfice du monde). Et surtout
des banques, disent les mauvaises
langues. Panama compte 93 banques et
des dépôts de 120 milliards de dollars.
De l’argent pas toujours propre. « Ici,
les banques font ce qu’elles veulent »,
confie cette employée du quartier ban-
caire. Là, les tours se font concurrence :
banques colombiennes, canadiennes...
Le scandale des Panama Papers n’a rien
changé.

Incontournable canal
Le Panama et Panama Ciudad, c’est
avant tout son canal, rendu par Wa-
shington au Panama en 1999. Plus d’un
million de navires y sont passés depuis


  1. A Panama, on en sait encore gré à
    la France, même si finalement le canal
    fut terminé par les Américains. « Les-
    seps échoua car il voulait faire quelque
    chose d’identique au canal de Suez, sans
    écluses. Gustave Eiffel lui avait dit de
    mettre des écluses. Si Lesseps avait
    écouté Eiffel, nous parlerions français »,
    dit, pensif, Dazell Marshall, spécialiste
    du canal.
    Plus de 5 % du commerce maritime
    mondial transite par le canal, qui a été
    élargi en 2016. Ce dernier emploie di-
    rectement 10.000 personnes et indirec-
    tement 200.000. Aujourd’hui, à l’écluse
    de Miraflores, voici l’Ocean, un bateau
    japonais de 186 mètres, un petit navire
    au regard des porte-conteneurs qui
    peuvent atteindre 300 mètres de long.
    En 2018, sur 12.100 navires qui ont tra-
    versé le canal, 41 battaient pavillon
    belge.
    « Le canal a été construit par les Amé-
    ricains dans une logique militaire et
    non commerciale. Lorsque celui-ci est
    redevenu panaméen le 31 décembre
    1999, nous avons multiplié les études de
    marchés pour le rendre rentable »,
    confie Sylvia de Merrucci, vice-prési-
    dente et analyste de marché de l’Autori-
    té du canal de Panama (ACP). Ce qui
    rapporte le plus? Les porte-conteneurs,
    dont les droits de péage s’élèvent en


moyenne à « 700.000 dollars par ba-
teau, contre 200.000 dollars pour un
céréalier », confie Sylvia de Merrucci.
Depuis le mois de février, l’ACP a enre-
gistré une petite révolution. Si ces der-
nières années, la Chine était le
deuxième pays en tonnage à emprunter
le canal, loin toutefois derrière les
Etats-Unis, la guerre commerciale entre
Washington et Pékin a relégué la Chine
à la troisième place, derrière le Japon.
La Belgique a atteint le 16erang en ton-
nage en 2018.

Un demi-millénaire après sa nais-
sance, Panama City fait face à de nom-
breux défis. Une baisse relative de la
croissance, tout d’abord. Si cette der-
nière s’est chiffrée à 7,2 % en moyenne
annuelle entre 2001 et 2013, elle est
tombée à 3,7 % l’an dernier. Autre défi,
la corruption est endémique. « Dix fa-
milles contrôlent 90 % de l’économie du
pays », confie Kevin Chesnais, directeur
général de la compagnie maritime Car-
ribean Feeder Services, établi au Pana-
ma depuis six ans. Une raison pour la-

quelle, malgré un des PIB par habitant
parmi les plus élevés d’Amérique cen-
trale, le Panama est dans le top 10 mon-
dial des inégalités. « Les inégalités entre
la capitale et des régions entières du
pays augmentent. Il y a une fracture so-
ciale et cela a été l’un des enjeux de la
dernière élection présidentielle », confie
cette source informée. Selon la Banque
mondiale, économiquement, le Panama
est un « modèle qui pourrait être en
danger, car l’économie jusqu’ici s’est dé-
veloppée grâce au transit sur le canal et
aux investissements dans les infrastruc-
tures ».

Les griffes chinoises
Longtemps arrière-cour des Etats-Unis,
le pays devra se protéger de la Chine,
omniprésente. Si cette présence est his-
torique dans le quartier de San Felipe,
près du Casco Viejo, les ressortissants
chinois se sont aussi installés dans un
nouveau quartier, El Dorado. « En
quelques années, ils ont occupé El Do-
rado et ils s’étendent de plus en plus »,
confie Jonathan, un jeune Espagnol.
Les Etats-Unis ne s’y trompent pas.
Dans une visite en octobre dernier dans
la capitale, Mike Pompeo a dénoncé
« les activités de prédation écono-
miques » des entreprises chinoises. Da-
zell Marshall note qu’à l’époque où le
canal était propriété américaine, Wa-
shington n’a reversé « que 1,8 milliard
de dollars à l’Etat panaméen en 85 ans.
Pour la seule année 2018, l’ACP lui a
versé 1,5 milliard de dollars ».

Panama City, 500 ans


et un avenir encore à construire


AMÉRIQUE CENTRALE


La ville de Panama fête


ses 500 ans ce 15 août.


Au-delà des festivités,


le pays, malgré de


confortables revenus


bancaires et les


retombées du canal


de Panama, fait face


à de nombreux défis.


Ce qui rapporte le plus? Les porte-conteneurs : les droits de péage s’élèvent à
700.000 dollars par bateau, contre 200.000 dollars pour un céréalier. ©D.R.

Gustave Eiffel lui


avait dit de mettre


des écluses.


Si Lesseps avait


écouté Eiffel, nous


parlerions français
Dazell Marshall
Spécialiste du canal
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