LeSoir - 2019-08-14

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Le SoirMercredi 14 et jeudi 15 août 2019


16 sports


ENTRETIEN
GUILLAUME RAEDTS

U


n léger crachin se manifeste sur
Anderlecht quelques minutes
avant la conférence de presse de
Nacer Chadli. Après une année à Mona-
co, le Liégeois de 30 ans avait peut-être
oublié le temps maussade qui peut sévir
en Belgique mais aussi en Angleterre et
aux Pays-Bas, où il a évolué durant la
majorité de sa carrière. Une grisaille ab-
sente du ciel au-dessus du Rocher mais
sûrement pas de son esprit, tant la sai-
son écoulée en France a été compliquée
pour le Diable rouge aux 56 sélections et
six buts, dont celui que les Belges n’ou-
blieront jamais contre le Japon en hui-
tièmes de finale de la Coupe du monde
en Russie. Treize mois plus tard, Nacer
Chadli est en passe de découvrir le
championnat belge avec la ferme inten-
tion de prouver qu’il peut enchaîner les
performances. D’autant qu’en fin de sai-
son, il y a un Euro où les places dans le
groupe de Roberto Martinez seront
chères.

Nacer Chadli, pourquoi avoir opté pour
le Sporting d’Anderlecht?
Ma situation à Monaco avait été très dif-
ficile la saison dernière, et j’ai eu de
nombreux problèmes de blessures les
saisons précédentes. Il était important
pour moi d’avoir un retour aux sources
et de pouvoir jouer une saison complète.
Le projet anderlechtois m’a séduit et
c’est pour cette raison que j’ai voulu re-
joindre le club.

Est-ce que vous auriez signé à Ander-
lecht si Vincent Kompany ne s’y trouvait
pas?
Honnêtement, je ne sais pas. Claire-
ment, c’est Vincent qui a été le premier à
me parler de ce projet et j’ai été charmé.

A quand remontent vos premiers
contacts avec le club bruxellois?
Au mois de juin, lors du dernier rassem-
blement des Diables rouges. J’en avais
discuté avec Vincent en lui disant que
c’était intéressant. Ensuite, je voulais
partir en vacances, me reposer et faire la

préparation avec l’AS Monaco pour voir
ce qui allait se passer, parce qu’il y a eu
de nombreux changements là-bas aussi.
On a gardé le contact durant la prépara-
tion pour savoir où j’en étais et ensuite,
ça a été très vite.

Finalement, l’histoire se réécrit, parce
que ce n’est pas la première fois que le
RSCA pense à vous. C’était déjà été le
cas il y a dix ans...
Avant que je m’engage avec Twente, il y
avait effectivement eu des contacts avec
Anderlecht et l’Ajax. Finalement, cela ne
s’est pas concrétisé et j’ai signé à Twente
qui disputait la Ligue des champions. Ce
n’était pas la raison principale. Pour
moi, c’était logique de rester aux Pays-
Bas pendant quelques années parce que
j’habitais là-bas, je me sentais bien là-
bas et que je m’étais acclimaté à ce pays.

Cette fois-ci, vous avez opté pour le
championnat de Belgique. Pourquoi
a-t-il eu votre préférence par rapport à
une compétition plus huppée?
Ma priorité était de trouver un club du
top dans le pays dans lequel j’allais évo-
luer. Je n’avais aucune envie de signer
pour une formation qui allait lutter pour
son maintien durant toute la saison.

Est-ce que vous pensez déjà à la suite
après ce prêt d’une saison? Est-ce qu’il

est possible que vous restiez plus long-
temps à Anderlecht?
Honnêtement, je ne sais pas de quoi sera
fait mon avenir. Le plus important, c’est
de jouer un maximum durant toute la
saison et retrouver un maximum de
confiance. Si c’est le cas, ce sera bien
pour Anderlecht et bien pour moi.
Après, on verra ce qui se passera.

Est-ce que c’était dans vos plans de
revenir en Belgique à un moment ou un
autre de votre carrière?
Oui. Cela arrive enfin, puisque je n’ai ja-
mais joué dans le championnat belge.
C’est une bonne chose.

Quel est votre regard sur ce champion-
nat?
Depuis que j’ai le satellite, je regarde
parfois des matchs. Je sais que Genk a
été champion et avait une très bonne
équipe la saison dernière. J’ai également
joué contre Bruges la saison dernière en
Ligue des champions. Bruges avait une
très bonne équipe (Bruges s’était no-
tamment imposé 0-4 en Principauté,
NDLR). Maintenant, je ne pourrais pas
dire qui est l’attaquant de Gand ou l’en-
traîneur de Charleroi.

Vous n’êtes pas le premier à revenir
dans votre pays natal. Plusieurs Diables
rouges sont récemment revenus en
Belgique : est-ce que parce que le
championnat est plus attractif qu’il y a
quelques années ou parce qu’il y a une
envie de revenir au pays après de nom-
breuses années à l’étranger?
Il y a un peu des deux. On a vu arriver en
équipe nationale des nouveaux joueurs
qui avaient commencé en Belgique
avant de signer à l’étranger, et d’autres
qui sont arrivés en équipe nationale en
prestant bien dans la compétition belge.
Cela montre qu’il y a de la qualité et du
niveau. C’était donc facile pour moi de
choisir Anderlecht.

L’Euro 2020 a également dû être un
argument de poids dans votre déci-
sion...
C’est vrai, mais cela n’a pas été la seule
raison. Le plus important pour moi, c’est

de me prouver à moi-même que je peux
jouer durant toute une saison à mon
meilleur niveau. Et forcément, si je par-
viens à bien jouer tous les matchs, ce se-
ra plus simple d’avoir ma place chez les
Diables rouges.

Est-ce que vous avez le profil pour
évoluer dans le système de Vincent
Kompany?
Je le pense. Avant tout parce que j’ai un
profil de joueur offensif et que c’est le jeu
que Vincent veut développer avec une
grande possession de balle. Et puis, je
n’ai que 30 ans et je peux encore ap-
prendre des choses.

Ces dernières années, vous avez évolué
à différents postes, quel est celui où
vous vous sentez le mieux?
Cela dépend du système de jeu. En géné-
ral, je me sens plus à l’aise à une position
offensive sur un côté. Après, ma polyva-
lence est un atout. Je peux évoluer
comme latéral.

Est-ce que vous pouvez dépanner au
poste de numéro neuf où Anderlecht
rencontre de nombreuses difficultés en
ce début de saison?
Je ne sais pas. Je n’ai pas encore parlé de
cela avec le coach. Je n’ai pas joué beau-
coup de matchs à ce poste-là.

Vous avez côtoyé Vincent Kompany
comme coéquipier. Il est désormais
manager-joueur. Est-ce que cela change
quelque chose à votre relation?
On a toujours eu beaucoup de respect
l’un pour l’autre. Vincent a toujours été
un leader dans l’âme en équipe natio-
nale. Il coachait beaucoup, on l’écoutait
beaucoup. Donc, finalement, cela ne
change pas grand-chose.

On attend de vous des performances
sur le terrain mais également que vous
guidiez les jeunes. Comment envisagez-
vous ce rôle?
Je veux leur transmettre mon expé-
rience et les aider. Je vais essayer de bien
les coacher. Il y a beaucoup de jeunes,
mais ils semblent tous très calmes, très
intelligents et surtout à l’écoute, ce qui
est très important.

Chadli : « Me prouver que je pe


faire une saison complète »


ANDERLECHT
Prêté pour une saison sans option d’achat par Monaco, le Liégeois a hâte

de découvrir le championnat belge après quatorze années à l’étranger.


Les premiers contacts
entre Chadli et Ander-
lecht datent du mois
de juin. © PHOTO NEWS.

Même s’il n’a jamais
porté le maillot du Stan-
dard chez les pros, Nacer
Chadli est lié au plus
grand rival du Sporting.
Durant huit saisons chez
les jeunes, il a porté les
couleurs liégeoises. « Les
dirigeants m’ont remercié
et m’ont dit d’aller voir
ailleurs », se souvient
Chadli. « A partir de ce
moment-là, on ne peut
pas en vouloir à quel-
qu’un qui a juste envie
de jouer au foot. Je suis
parti sans regret et je
pense que c’est pareil de
leur côté. »
Cela n’a pas porté préju-
dice à sa carrière, puis-
qu’il est parvenu à rebon-
dir aux Pays-Bas, en
Angleterre et à Monaco,
avant d’être prêté à An-
derlecht. Hasard du ca-
lendrier, le Diable dispu-
tera son premier match à
domicile face au Stan-
dard. Rien de bizarre
pour le principal intéres-
sé. « Ce sera tout simple-
ment un match impor-
tant à gagner », indique-
t-il. « Cela fait longtemps
que j’ai quitté le Stan-
dard. » G.R.

« Parti sans regret
du Standard »

Casteels
192 matchs
0 cap

Boyata
224 matchs
16 caps

Alderweireld
396 matchs
92 caps

Vermaelen
374 matchs
74 caps

Vertonghen
522 matchs
114 caps

Januzaj
200 matchs
11 caps

Chadli
397 matchs
56 caps

Carrasco
271 matchs
36 caps

Mertens
533 matchs
84 caps

Origi
227 matchs
26 caps

E. Hazard
547 matchs
102 caps

Remplaçants :
Mirallas 465 matchs, 60 caps - Denayer 194 matchs, 10
caps - Naiggolan 461 matchs, 30 caps

A 30 ans, Nacer Chadli
va donc découvrir le
championnat de Bel-
gique. Etonnant, pour un
Belge, n’est-ce pas? Pas
tant que cela, finale-
ment... Parmi les 46
joueurs appelés par
Roberto Martinez depuis
2016, 14 n’ont toujours
pas foulé les pelouses de
la Pro League. Jan Ver-
tonghen et Dries Mer-
tens ont beau avoir plus
de 500 matchs en pros,

c’est évidemment aux
Pays-Bas, puis en Angle-
terre et en Italie, que les
deux Diables rouges se
sont révélés aux yeux de
l’Europe. Tout comme
Eden Hazard, 547
matchs en pros, produit
de la formation lilloise
comme Divock Origi et
Kevin Mirallas.
Les Pays-Bas ont servi de
terre d’accueil à Toby
Alderweireld et Thomas
Vermaelen, l’Angleterre

5.003 matchs à l’étranger, 711 avec les Diables,


En équipe


nationale,


Kompany


coachait


beaucoup,


on l’écoutait


beaucoup. Notre


relation ne va


donc pas changer

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