Page 2Mercredi 14 août 2019Mad
LES TOPS DE LA
★★★
De Quentin Tarantino, avec Leonardo DiCaprio, Brad Pitt,
Margot Robbie, 161 mn.
Hollywood, 1969. La star de télé Rick Dalton et
le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue
date, poursuivent leurs carrières au sein d’une
industrie qu’ils ne reconnaissent plus. Sur base
de ce scénario bien étoffé qui recèle sa propre
interrogation sur un monde tant rêvé qui le
désenchante, Tarantino crée un film orga-
nique, jaillissant de ses tripes, du cœur, de ses
souvenirs, là où bouillonne son amour du
cinoche. Certes, on lui connaît depuis toujours
des films ultra-référencés mais son neuvième
film est sa vibrante déclaration d’amour au
ciné, à Hollywood, à Los Angeles. Au cœur de
cette ode-baume qui console du réel et des
revers de l’usine à rêves, les germes d’un fait
divers atroce qui anéantira à jamais l’insou-
ciance de Hollywood : l’assassinat sauvage de
l’actrice Sharon Tate, femme de Roman Polans-
ki, par les membres de la secte de Charles
Manson. Sans en parler à Polanski, Tarantino
s’est réapproprié les événements de ce drame
pour en faire une version fictionnalisée, souli-
gnant le côté sombre de la nature humaine qui
a fait perdre à l’époque toute son innocence.
Immersion à la manière d’un conte – Tarantino
titre « Il était une fois... » – pour une mise en
abyme du cinéma et permettre à son auteur de
se prendre pour Sergio Leone. Plaisir de géant
dans un grand jeu de reconstitution pour ini-
tiés. Une foule de petits détails qui tuent et des
acteurs d’un autre temps venant faire un petit
clin d’œil. C’est rétro, décalé, plein d’humour,
de nostalgie et de violence. Tarantino garde
l’énergie d’imposer un rythme de fou, une
bande-son en référence, des scènes de dingue.
Mais on sent aussi pour la première fois,
derrière le vernis d’humour et de dérision, sa
profonde mélancolie pour un art et un lieu qu’il
vénère tant. Il a tourné en 35 mm comme avant
le numérique car c’est ça le vrai cinéma. Il
choisit des stars (les meilleurs) pour jouer des
ringards. Leonardo DiCaprio et Brad Pitt, enfin
réunis à l’écran, sont épatants dans leurs
affects, l’un dans la frustration, l’autre dans la
nonchalance, et communiquent la jouissance
d’incarner deux has been imbibés de whisky et
de LSD. Nous, on prend notre pied à les voir
jouer et se donner la réplique.
FABIENNE BRADFEROnce Upon a Time in Hollywood Déclaration d’amour
CINÉMAP.4-5★★★
Jusqu’au 18 août au Royal Festival, Spa.
Une heure merveilleuse de cirque
artisanal, confectionné à partir
d’objets recyclés, de tissus récu-
pérés ou de ferraille rafistolée.
Un théâtre de poche avec une
ambiance mi-mélancolique, mi-
comique. D’une infinie délica-
tesse, marionnettes ou numéros
de jonglerie alignent les
prouesses, sans épate. Tout
avance sur un fil brinquebalant, un
côté bricolé qui pourrait s’effon-
drer à chaque minute pour débou-
cher sur de soufflants tableaux.
CATHERINE MAKEREEL« Bêtes de Foire »
à Spa
SCÈNES★★
Kaiser Chiefs :
« Duke »
(Universal).
Le quin-
tette de
Leeds
publie un
26 juillet
son septième album. Quelle idée!
Sans doute, en période creuse, de
s’assurer la première place des
charts. Le disque s’ouvre par
« People Know How To Love One
Another », titre léger et positif,
«juste trois minutes de bonheur
partagé», selon Ricky Wilson qui
a reconnu que pour ce nouvel
opus, «le but du groupe était de
revenir à leur ADN», avec des
ritournelles dynamiques dont le
but est de se hisser au niveau
d’un « Ruby ». Jolies chansons
faites aussi pour les festivals, à
reprendre en chœur...
THIERRY COLJONKaiser Chiefs
fidèle à lui-même
ROCK ET VARIÉTÉS★★★
Linn
C’est au
conserva-
toire de
Bruxelles
que se
sont ren-
contrés ces
quatre musiciens, deux français
et deux espagnols, qui donnèrent
le nom de « Baroccotout» à leur
ensemble en souvenir d’un
sketch « Baroque toi-même » du
groupe Muchachada. Ils
consacrent leur CD aux sonates
en trio de l’Anversois Henri-
Jacques de Croes. Les six so-
nates de l’op. 5 étaient considé-
rées comme disparues jusqu’à
leur découverte à l’université de
Virginie. Ces pages habiles et
élégantes seront également au
menu de leur concert du 29 août
aux Midis-Minimes.
SERGE MARTINBaroccotout
De Croes
CLASSIQUE★★★
De Mariano Llinás,
814 mn. Coffret 4
Blu-ray Disc ARP
sélection
Dix ans de pro-
duction pour
814 minutes, soit
près de 14 heures
de cinéma articulé en six épisodes
abordant chacun un genre diffé-
rent : le premier est une série B
fantastique, le deuxième est un
mélodrame musical avec une
pointe de mystère, le troisième est
un film d’espionnage, le quatrième
est une mise en abyme du cinéma,
le cinquième revisite Partie de
campagnede Jean Renoir, et le
sixième raconte la libération de
femmes captives d’Indiens au
XIXes. Le tout est porté par quatre
actrices magnifiques dont les
aventures se mêlent à l’histoire du
cinéma. Expérience hors norme.
FABIENNE BRADFER
La Flor
le film monstre
DVD