LeSoir - 2019-08-14

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Le SoirMercredi 14 et jeudi 15 août 2019

à la une 7


SNCB


Grève confirmée


ce samedi


Après le dépôt d’un préavis de grève par
le Syndicat indépendant pour cheminots
(SIC) et malgré la tenue d’une réunion de
conciliation, un mouvement de grève
perturbera le trafic ferroviaire ce samedi
17 août, a confirmé mardi la SNCB, qui
prépare un service garanti « pour limiter
au mieux les inconvénients pour les
voyageurs ». Cette grève du 17 août, qui
se déroulera pendant le week-end du
festival Pukkelpop à Hasselt, est la
deuxième après un mouvement similaire
du SIC lors du dernier week-end de juillet.
Le SIC dénonce un manque de personnel
récurrent parmi les accompagnateurs de
train.
De son côté, la SNCB reconnaît que la
période estivale « n’est pas évidente pour
ses collaborateurs » et qu’il n’est « pas
toujours évident » pour ses accompagna-
teurs de train de prendre congé pendant
les vacances d’été. Malgré la période des
grandes vacances, la SNCB dit en effet
continuer à fonctionner « à plein rende-
ment pendant tout l’été ». BELGA


MALAISIE


Le corps


de la jeune


Franco-Irlandaise


retrouvé dans


la jungle


Le corps de Nora Quoirin, la jeune Franco-
Irlandaise de 15 ans disparue en Malaisie,
a été découvert mardi, dénudé, au fond
d’un ravin dans la jungle, après dix jours
d’intenses recherches ayant mobilisé des
centaines de personnes. « La famille a
confirmé qu’il s’agit du corps de Nora », a
déclaré Mohamad Mat Yusop, chef de la
police de l’Etat de Negeri Sembilan.
Nora Quoirin, souffrant d’un léger handi-
cap mental, avait disparu dans la nuit du
3 au 4 août, alors qu’elle venait d’arriver,
avec sa famille vivant à Londres, pour des
vacances dans le complexe hôtelier Du-
sun Resort. Celui-ci est situé à 70 km
environ au sud de Kuala Lumpur, en
lisière de la jungle, près de Seremban, la
capitale de l’Etat de Negeri Sembilan. Une
fenêtre avait été retrouvée ouverte dans
le pavillon où résidait la famille.
Le cadavre a été découvert dans un petit
ruisseau au fond d’un ravin à environ 2,
km du complexe hôtelier. Le corps était
dénudé. On ne sait pas s’il portait des
traces de blessures. Une autopsie sera
réalisée mercredi matin. BELGA


ETATS-UNIS


Affaire Epstein :


le directeur de


la prison muté


Le directeur de la prison fédérale de
Manhattan a été muté à titre temporaire
et deux des employés suspendus après la
mort en détention du financier Jeffrey
Epstein, accusé d’agressions sexuelles sur
mineures. « Aujourd’hui, le ministre de la
Justice a ordonné à la direction des pri-
sons de muter temporairement le direc-
teur du Metropolitan Correctional Center
(...) en attendant les conclusions de l’en-
quête du FBI et de l’Inspecteur général »,
a indiqué mardi la porte-parole du minis-
tère, Kerri Kupec. Epstein, 66 ans, avait été
retrouvé mort dans sa cellule vers 6H
samedi matin. BELGA


©AFP.

VINCENT JOSÉPHY (AVEC J.B.)

E


n plus de susciter l’admiration
et de forcer le respect, la dési-
gnation de Stéphanie Frappart
pour diriger la rencontre de Super-
coupe européenne interpelle en Bel-
gique. Qu’en est-il de la situation et de
l’évolution du nombre de nos
« femmes en noir »? Nous avons fait
le point avec Stephanie Forde, la direc-
trice opérationnelle des arbitres belges
et ancienne assistante-arbitre.
Comme beaucoup de monde, Sté-
phanie Forde jettera un regard attentif
et curieux sur la prestation de Stépha-
nie Frappart, ce mercredi soir. « Je ne
la connais pas personnellement mais
c’est un exemple pour toute la profes-
sion », juge Forde. « En plus d’être
physiquement au top, ce qui est sans
doute l’un des défis les plus difficiles
pour une femme qui se doit d’être ju-
gée sur les mêmes critères que les
hommes, il s’agit d’une excellente ar-
bitre, comme elle l’a encore prouvé
lors du Mondial féminin. Elle possède
une forte personnalité, fait preuve de
beaucoup d’humanité et de sens du
management, qui sont autant de quali-
tés nécessaires pour tout bon arbitre,
peu importe son sexe. Pour moi, elle
rayonne d’autorité sans être pour au-
tant autoritaire à l’excès. »

Pas assez d’arbitres en Belgique
En Belgique comme partout ailleurs,
l’arbitrage traverse une crise sensible.
Un problème identitaire mais sans
doute générationnel, aussi. Trop rares
sont les jeunes qui, aujourd’hui, ac-
ceptent de « sacrifier » leurs week-
ends pour permettre aux autres de
pratiquer leur passion dans les
meilleures conditions. Ce constat, va-
lable chez les hommes, l’est aussi chez
les femmes. Le football féminin
connaissant un gros boom en Bel-
gique, suite à sa médiatisation crois-
sante mais aussi aux résultats promet-
teurs des Red Flames, l’Union belge
veut surfer sur cette réussite pour aug-
menter un quota encore trop bas de
candidates au sifflet. « C’est notre am-
bition, en effet », explique Stéphanie
Forde. « Personnellement, j’ai joué au
foot jusqu’à mes 12 ans puis je me suis
progressivement tournée
vers l’arbitrage. C’est une
décision que je ne re-
gretterai jamais, parce
qu’elle m’a permis de
prendre de l’assurance,
de découvrir de belles
choses. A un moment
donné, certaines jeunes
filles doivent se poser les
bonnes questions quant
à leurs ambitions,
prendre conscience qu’il
s’agit d’un moyen idéal
pour continuer à prati-
quer sa passion, diffé-
remment. Le foot reste
un sport de contact qui
peut engendrer pas mal
de blessures. L’arbitrage
peut être une belle
échappatoire. »
Au niveau national, il
y a environ 40.
joueuses qui pratiquent
le football pour seule-
ment... 107 arbitres, soit
une arbitre pour 373
joueuses. « Il y a quelque

temps, on était retombé de 125 à
seulement 80 arbitres et ce chiffre
semble repartir à la hausse. » Chez les
hommes, le rapport est de 5.500 ar-
bitres pour environ 450.000 prati-
quants, soit un arbitre pour 82
joueurs.

Une arbitre en D1, une utopie?
Contrairement à ce qui se passe ou
s’est déjà passé dans des pays euro-
péens comme l’Allemagne – et sa pion-
nière Bibiana Steinhaus, qui a sifflé en
Bundesliga dès 2017 –, en Suisse (Es-

ther Saubli) ou en France, aucune ar-
bitre belge n’a déjà sifflé au plus haut
niveau national. Si Stéphanie Forde a
« fait la ligne » jusqu’en D2, rôle au-
quel peut aujourd’hui encore pré-
tendre Bérengère Pierart, deux
femmes, Ella De Vries ainsi qu’Anne
Cheron, ont eu la possibilité d’officier
dans ce rôle en D1. En tant qu’arbitre
central, plus personne n’officie aujour-
d’hui au-dessus de la première Provin-
ciale. « Voir un jour une femme officier
en D1 ou dans une compétition euro-
péenne majeure est un rêve, mais cela
prendra du temps. Il y a pas mal de
jeunes qui semblent attirées par l’arbi-
trage mais qui doivent encore acquérir
de l’expérience. On veut développer
des actions, notamment auprès des
clubs possédant des sections fémi-
nines. L’idée, c’est de former et accom-
pagner au mieux des arbitres ayant
une forte personnalité, un critère im-
portant tant chez les femmes que chez
les hommes, d’ailleurs. »

Une arbitre belge


au sommet? Un rêve,


pas une utopie


FOOTBALL


Il y a à ce jour 107 femmes arbitres en


Belgique. Deux assistantes sont arrivées


en D1 il y a quelques années, personne


n’a arbitré plus haut que la D3.


Anne Cheron est l’une des deux
femmes qui ont déjà été
assistantes en D1...© BEGA

Bérengère Pierart pourrait
atteindre le niveau D2. © BELGA

... c’est le cas aussi
d’Ella De Vries.
© BELGA

PORTRAIT
VINCENT JOSÉPHY

D


ans son domaine de prédilection,
l’arbitrage, Stéphanie Frappart est
en quelque sorte une pionnière des
temps modernes. Après avoir été la
première femme à diriger un match de
Ligue 2 – Niort-Brest le 8 août 2014 –
puis une rencontre de Ligue 1 – c’était
le 28 avril dernier lors d’un insipide
Amiens-Strasbourg qui serait tombé
aux oubliettes sans sa simple pré-
sence –, la native d’Herblay, dans le
Val-d’Oise, s’apprête à se voir confier
les rênes d’un match européen d’im-
portance. Ce mercredi soir, dans l’enfer
d’Istanbul, elle dirigera rien moins que
la Supercoupe d’Europe, qui opposera
Liverpool et Chelsea.
Les remarques sexistes? Elle s’en
amuserait presque! Elle les balaie en
tout cas d’un coup de sifflet énergique,
elle qui, du haut de ses 164 centi-
mètres, parvient à diriger les hommes
avec maestria, à faire oublier que cer-
tains esprits rétrogrades estiment illo-
gique sa situation de maître du jeu
d’un monde essentiellement masculin.
« Depuis qu’on m’a désignée pour arbi-
trer ce match », a-t-elle expliqué ce
mardi, « ma vie a changé, la pression
n’a fait que s’intensifier, mais je m’y
suis préparée de la même manière que

je l’avais fait quand j’ai arbitré mon
premier match de Ligue 1. Pour moi,
cela ne change pas grand-chose. »
Même si la Suissesse Nicole Petignat
était au sifflet pour trois matchs de
qualification de Coupe de l’UEFA
entre 2004 et 2009, Stéphanie Frap-
part va encore écrire une nouvelle
page d’un arbitrage qui commence
doucement mais sûrement à ne plus
uniquement se conjuguer au masculin.
« Modeste et bosseuse », selon les
pontes de l’UEFA, qui ont assurément
voulu poser un geste fort, Stéphanie
Frappart ne cherche pas spécialement
la lumière des projecteurs, les flonflons
des cérémonies, le côté très ou trop
« bling-bling » des stars qu’elle devra
canaliser d’une main de fer enserrée
dans un gant de velours.
Ce qui compte avant tout pour cette
jeune femme de 35 ans, fan d’athlé-
tisme, de cinéma et de randonnée,
c’est de pratiquer sa passion avec sé-
rieux, sans préjugés si possible. D’être
jugée sur ses qualités, de susciter des
vocations, aussi, pourquoi pas? Celle
que certains joueurs surnomment par-
fois maladroitement « Monsieur l’ar-
bitre », qui bénéficie d’une rémunéra-
tion mensuelle de 6.000 euros brut
agrémentée de primes de 3.000 euros
par match, manie le coup de sifflet
avec dextérité.

La volonté de prouver
Elle s’appuie sur une personnalité af-
firmée qui l’a déjà aidée à se sortir de
situations délicates, surtout au début
de sa carrière. Ses tests physiques,
identiques à ceux de ses collègues
masculins, elle les réussit avec brio
« parce qu’il n’est pas question d’être
plus loin de l’action sur la simple base
que je suis une femme », affirmait-elle
récemment. En plus des entraînements
collectifs, elle s’impose donc deux à
trois sorties supplémentaires de 12 à
14 kilomètres par semaine pour garder
la forme davantage que la ligne.
« De la même manière que je ne
voulais pas au début qu’on dise qu’on
avait désigné une femme comme ar-
bitre uniquement pour le fait que je
sois une femme, il est d’autant plus
important de prouver qu’on a les com-
pétences requises, techniquement et
physiquement », affirme-t-elle.
Forcément, elle mérite le respect au-
tant qu’elle l’impose. « Psychologue,
ouverte au débat, elle est à mes yeux le
meilleur arbitre de Ligue 2 », expli-
quait récemment Pierre Bouby (Or-
léans). Aujourd’hui, l’Europe est à ses
pieds. Elle ne laissera personne mar-
cher sur les siens...

Stéphanie Frappart


L’Europe pendue à son sifflet


Les pontes de l’UEFA
la qualifient de
« modeste et bosseuse ».
© PHOTO NEWS.

A peine 2,2 %
d’arbitres féminines
en Belgique

Répartition
par province

5.
arbitres
hommes

107
arbitres
femmes

13
11 13

16 11
6
1

7

16
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