LeSoir - 2019-08-14

(ff) #1
SIBYLLE WAUTHY (ST.)

L


a canicule de la fin du mois de
juin aura un impact sur les ven-
danges. En France, celles-ci se-
ront moins précoces que l’an dernier.
Elles devraient intervenir une dizaine
de jours plus tard dans des régions
comme la Champagne, le Beaujolais et
le Languedoc. Et avec un décalage de
deux ou trois jours seulement pour le
Bordelais. Mais on ne peut pas parler
de situation anormale, surtout si on se
souvient qu’en 2018, la récolte était
particulièrement précoce.

Les vignerons de chez nous
constatent unanimement que les ven-
danges en Wallonie seront, comme en
France, un peu plus tardives que l’an
dernier. Ils estiment que le printemps
frais et les grosses chaleurs estivales re-
tarderont les récoltes d’une quinzaine
de jours en moyenne. Mais les ven-
danges ayant été particulièrement pré-
coces en 2018, celles de 2019 seront fi-
nalement dans la norme.

Un échaudage
également en Belgique?
Quant à la production globale, Eric
Boschman estime que la situation est,
cette année, assez hétérogène dans les
vignobles wallons. Les uns ont souffert
des gelées printanières tardives, ex-
plique le sommelier. D’autres de la
grêle. Quelques-uns ont été attaqués
par le mildiou, en raison du climat
chaud et humide de l’été. Enfin, les ca-
nicules ont brûlé les raisins de certains
vignobles. Ce qu’on appelle l’échaudage

est également constaté par Romain Bé-
villard, maître de chai du Vin de Liège
à Oupeye et par Jean-François Baele,
propriétaire-vigneron du Domaine du
Ry d’Argent à La Bruyère (Namur).
Au Vignoble des Agaises, près de
Binche, le fondateur Raymond Leroy
estime que « les gelées d’avril ont pro-
voqué une baisse de production de 15 à
20 %. Et lors des canicules, les vignes
exposées au soleil jusqu’au soir ont vu
leurs raisins carrément grillés. Cela fe-
ra une perte globale d’environ 30 %
par rapport à l’an dernier. Mais 2018
était une année exceptionnelle ». 2019
restera donc, selon Raymond Leroy,
une année valable.
Par contre, au Domaine du Chenoy,
situé lui aussi à La Bruyère, Jean-Ber-
nard Despatures estime que « les fortes
chaleurs n’auront pas d’impact négatif
sur le vignoble parce qu’elles parti-
cipent à la maturation du raisin ». Se-
lon lui, « la récolte se présente donc
plutôt bien. Il n’y aura pas, a priori, de
baisse de production ».
A propos de cette production, préci-
sons que les vins wallons, s’ils se
portent bien, restent cependant limités
en volume. Ils s’écoulent quasi totale-
ment sur le marché belge. Très peu
d’exportations donc, excepté, selon les
domaines, un peu en France, au grand-
duché de Luxembourg, en Allemagne
ou dans les ambassades belges à
l’étranger.

Une production globale
en baisse en France
Selon une estimation publiée en juillet
par le ministère français de l’Agricul-
ture, la production globale de vin de-
vrait baisser de 6 à 13 %, sachant qu’en
2018, la récolte fut exceptionnelle.
Cette baisse relative s’explique par les
gelées printanières, la sécheresse et
surtout la canicule qui ont touché de
nombreux vignobles. En Champagne,
c’est 10 à 20 % des grappes qui ont été
endommagées. Mais le volume com-

mercialisable du précieux breuvage ne
devrait diminuer que de 1 %. Par
contre, pour les vignobles de l’Aude, de
l’Hérault et des Pyrénées-Orientales, la
canicule risque d’avoir un impact plus
grave. En effet, les vins rouges de ces
départements devront composer avec
près de la moitié des raisins brûlés.
Par ailleurs, les exportations de vins
français continuent de reculer. La ré-
cente décision de Donald Trump de
taxer les vins français et la menace
d’un Brexit dur en Grande-Bretagne
suscitent la crainte de voir les ventes
de vins français à l’étranger baisser à
nouveau. Cependant, selon Eric Bosch-
man, « le principal marché de consom-
mation des vins français, c’est l’Europe,
surtout l’Europe occidentale ». L’ire de
Donald Trump ne devrait donc pas
trop impacter les exportations fran-
çaises.

Des vendanges moins


précoces qu’en 2018
RÉCOLTES

En Belgique comme en France, les fortes


chaleurs du mois de juin ont retardé


la maturation du raisin.


Quant à la production, elle devrait être


en légère baisse par rapport à 2018.


Les vignerons belges
(ici le Domaine du
Chenoy) constatent
unanimement que les
vendanges en Wallo-
nie seront, comme en
France, plus tardives
que l’an dernier.
© ALAIN DEWEZ.

8

Le SoirMercredi 14 et jeudi 15 août 2019


8 société


FRÉDÉRIC SOUMOIS

D


es chercheurs de l’université Mo-
nash en Australie ont découvert un
antibiotique qui pourrait prévenir la
diarrhée mortelle causée par Clostri-
dium difficile. La stratégie pourrait éga-
lement potentiellement lutter contre les
maladies causées par d’autres bactéries
produisant des spores similaires, no-
tamment l’anthrax mortel, outil clé du
bioterrorisme.
La recherche, dirigée par la profes-
seure Dena Lyras, est publiée dans Na-
ture Microbiology de ce mardi. Selon la
professeure Lyras, l’utilisation accrue
d’antibiotiques a exacerbé la recrudes-
cence des infections à C. difficile. La
bactérie produit des spores en dor-
mance, ce qui lui permet de survivre
dans des environnements où des bacté-
ries en croissance active périraient nor-
malement. Les spores peuvent infecter
et réinfecter les patients, provoquant
une maladie pouvant durer des mois.
L’équipe de chercheurs a découvert
par hasard qu’une classe particulière
d’antibiotiques, les céphamycines, peut
empêcher la formation de spores de C.
difficile. Les chercheurs utilisaient un li-
quide couramment utilisé pour la
culture de C. difficile en labo et étaient
perplexes sur le fait que la bactérie était
capable de se développer mais ne pou-
vait pas produire de spores. Ils ont dé-
couvert qu’il y avait une céphamycine
dans les contenants qui empêchait la
formation de spores. « Pour confirmer
cela, nous avons utilisé des tests pour
examiner le nombre de spores et avons
découvert que les cultures contenant
des céphamycines présentaient une ré-
duction importante du nombre de
spores », explique le docteur Yogitha
Srikhanta, principal auteur de l’article.

1.000 morts par an
Un traitement utilisant des céphamy-
cines pourrait faire avancer de manière
significative le développement de médi-
caments pour contrôler d’autres bacté-
ries formant des spores. « Nous avons
examiné d’autres agents pathogènes, y
compris Bacillus cereus – un contami-
nant majeur dans l’industrie alimen-
taire qui provoque des in-
toxications alimentaires
et des altérations – et
nous avons montré que
les céphamycines peuvent
également réduire la pro-
duction de spores », a dé-
claré Srikhanta. Les cé-
phamycines pourraient
potentiellement aider à
contrôler l’anthrax, agent
du bioterrorisme, une
maladie causée par l’in-
halation des spores de
Bacillus anthracis en sus-
pension dans l’air.
Les Centers for Disease Control consi-
dèrent le C. difficile comme une menace
majeure pour la santé, causant un demi-
million d’infections et 15.000 décès
chaque année aux Etats-Unis. Selon les
derniers chiffres de l’ECDC, il y a eu
7.711 cas d’infection par an en Europe,
dont 1.088 patients sont décédés.
« En fait, la colonisation par la bacté-
rie clostridium difficile apparaît à la
suite de certaines antibiothérapies.
Cette bactérie occupe toute la place de
la flore. Elle peut entraîner des diar-
rhées, parfois des pertes de sang. Dans
de rares cas, elle peut entraîner une di-
latation et une perforation et, excep-
tionnellement, le décès. Généralement,
une nouvelle antibiothérapie suffit à soi-
gner cette maladie, mais certains cas
restent rétifs », explique le professeur
André Van Gossum, chef de clinique en
pathologie intestinale à l’hôpital univer-
sitaire Erasme (ULB).

Un antibiotique


efficace contre


l’anthrax


SANTÉ


Des scientifiques


australiens découvrent une


nouvelle classe


d’antibiotiques efficace


contre de nombreuses


bactéries, dont l’anthrax.


Pour le sommelier Eric Boschman,
l’année 2019 se présente comme un
millésime complexe car c’est une année
hétérogène selon les vignobles. « On a
eu des gelées tardives au printemps.
Certains domaines viticoles ont donc
perdu un pourcentage relativement
important de leurs grappes. D’autres
ont subi la grêle. Et le climat particulier
que nous avons cet été, chaud et hu-
mide à la fois par moments, a fait ap-
paraître sur les ceps de certains vi-
gnobles des maladies comme le mil-
diou. De plus, à cause des canicules,
des raisins ont brûlé sur plusieurs
domaines. » Tous ces problèmes entraî-
neront probablement une baisse de la
production viticole wallonne pour le
millésime 2019. S.W. (ST.)

« 2019, un millésime
complexe »

En Champagne, c’est 10 à 20 %
des grappes qui ont été
endommagées. Mais le volume
commercialisable du précieux
breuvage ne devrait diminuer
que de 1 %

Souvent,


une nouvelle


antibiothérapie


suffit à soigner


la maladie
André Van Gossum
hôpital Erasme
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