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MERCREDI 14 AOÛT 2019 économie & entreprise| 11
En Europe, les banques
taillent dans leurs effectifs
Sous la pression des taux bas et des tensions
commerciales, les établissements
suppriment des dizaines de milliers d’emplois
L
es perspectives ont chan
gé. » Le communiqué du
géant bancaire britannique
HSBC, publié à l’occasion de ses
résultats semestriels, le 5 août, ne
laisse planer aucun doute sur la
période d’austérité qui attend
l’institution. Le conseil d’admi
nistration a exclu John Flint, pa
tron du groupe depuis moins de
deux ans, et son programme d’in
vestissement de plus de 15 mil
liards de dollars (13,4 milliards
d’euros). Place désormais à un
plan de restructuration, la ban
que ayant annoncé la suppres
sion de 2 % de ses effectifs, soit
près de 4 000 postes.
Le groupe, sis à Londres mais
très puissant en Asie, est fragilisé
à la fois par les tensions commer
ciales sinoaméricaines et par les
incertitudes entourant le Brexit.
Comme lui, toutes les banques
européennes adoptent une ap
proche défensive. « Le rythme de
croissance aujourd’hui en Europe
est très bas, autour de 1 % à 1,5 %, et
il est difficile de voir où nous en
sommes dans le cycle économi
que. Les banques ne peuvent donc
plus fonder leur stratégie sur un
développement de leur activité »,
note Laurent Quignon, responsa
ble de l’équipe d’économie ban
caire au sein de BNP Paribas.
Début juillet, Deutsche Bank, la
première banque allemande, en
crise chronique depuis plusieurs
années, annonçait le plus grand
plan de restructuration de son
histoire, avec la suppression de
18 000 emplois – 20 % de ses effec
tifs. La britannique Barclays, elle,
prévoit de supprimer 3 000 pos
tes au deuxième trimestre.
« Nous devons nous adapter »
D’autres plans massifs sont atten
dus. UniCredit, numéro un en Ita
lie, a déjà supprimé 14 000 em
plois depuis l’arrivée à sa tête du
Français JeanPierre Mustier, il y a
trois ans. Selon Bloomberg, l’éta
blissement envisagerait de sup
primer à nouveau jusqu’à 10 000
emplois (près de 10 % des postes)
dans le cadre du plan stratégique
de décembre. Sans confirmer
l’ampleur de la restructuration, le
patron de l’institution a averti ses
salariés que « toute évolution du
groupe (...) [serait] gérée à travers le
système de retraite anticipée ».
Lors de la présentation de ses
comptes à miannée, le 7 août,
UniCredit a revu à la baisse son ob
jectif de chiffre d’affaires pour
2019, mettant en cause le contexte
des taux d’intérêt bas. Pour les
mêmes raisons, en début d’année,
BNP Paribas et Société générale
avaient, elles aussi, dû annoncer
de nouvelles mesures d’écono
mies, la suppression de 1 600 pos
tes chez Société générale.
Plus discrètement, les grandes
institutions européennes déloca
lisent des postes vers des pays à
moindres coûts salariaux. Pre
mière banque européenne,
BNP Paribas a développé des acti
vités de « middle office » (vérifica
tion de la régularité des opéra
tions) en Inde, mais surtout au
Portugal. Dans ce pays, les effectifs
du groupe ont triplé en quatre ans.
L’établissement vient d’ailleurs
d’informer les syndicats que sa
banque de financement et d’in
vestissement, à l’issue d’un plan
de départs volontaires, allait à
nouveau supprimer près de
80 postes. Des emplois « destinés
à être recréés dans des pays
comme le Portugal et l’Espagne,
dont les coûts salariaux sont infé
rieurs de plus de 40 % à ceux en
France, et dans des pays à fiscalité
très avantageuse, pour ne pas dire
plus, comme l’Irlande, la Suisse et
les PaysBas », déplorent des re
présentants du personnel CFDT
dans un compte rendu publié sur
le site du syndicat.
Les programmes de réduction
de coûts par le biais des délocalisa
tions touchent également les ban
ques américaines, pourtant bien
plus rentables que leurs concur
rentes européennes. Wall Street
transfère des postes vers la Floride
ou le Texas. JPMorgan Chase va
lancer dans les prochaines semai
nes la construction d’une nou
velle tour pour agrandir son cam
pus de Plano (Texas), qui abritera à
terme près de 11 000 employés.
A Jacksonville (Floride), où
Deutsche Bank, Bank of America,
Citigroup, JPMorgan Chase et
Wells Fargo ont installé des bu
reaux, un analyste financier ga
gne environ 68 400 dollars par an,
contre 110 300 dollars pour le
même poste à New York, selon la
chambre de commerce locale ci
tée par l’agence Bloomberg.
« Nous devons nous adapter, car
la courbe de taux plate [les taux
longs baissent et rejoignent le ni
veau des taux d’intérêt à court
terme] et l’abondance de liquidité
rendent notre métier plus diffi
cile », justifie le président d’une
grande banque française.
Les institutions de la zone euro
s’exaspèrent de la politique pro
longée de taux négatifs menée
par la Banque centrale euro
péenne (BCE), qui affecte depuis
plusieurs années leurs marges.
Or, le 25 juillet, l’institut de Franc
fort a ouvert la voie à un nouvel
assouplissement monétaire, et
les marchés anticipent que le
« taux de dépôt » négatif, qui pé
nalise la masse de liquidités lo
gées par les banques commercia
les dans les coffres de la BCE, soit
porté de – 0,4 % à – 0,6 % d’ici à la
fin de l’année. « Cette équation va
conduire les banques à revoir leur
tarification, pour que leur modèle
économique reste soutenable », es
time Laurent Quignon.
Dans le monde à l’envers des
taux négatifs, un nombre crois
sant de banques européennes fac
turent à leurs clients les gros dé
pôts laissés sur leurs comptes. Une
enquête réalisée outreRhin par
un comparateur en ligne, pour le
compte du quotidien Süddeutsche
Zeitung, a révélé en juillet que plus
d’une centaine de banques et cais
ses d’épargne allemandes avaient
répercuté les taux d’intérêt néga
tifs de la BCE sur les comptes à vue
détenus par une partie de leurs
clients. En Suisse, UBS fera, à partir
de novembre, payer des frais an
nuels de 0,6 % pour les dépôts en
euros de plus de 500 000 euros.
L’ère des taux bas s’installe et les
banques n’entendent pas sacrifier
leur rentabilité.
véronique chocron
L’arme antiNetflix de France Télévisions,
TF1 et M6 verra le jour début 2020
Salto, plateforme en ligne et sur abonnement des trois plus grands groupes de la télévision
en clair, a reçu le feu vert de l’Autorité de la concurrence, sous certaines conditions
S
ur leurs lieux de villégia
ture ou dans leurs bureaux
parisiens – peu fréquentés
en ce début du mois d’août,
vacances obligent –, les dirigeants
des trois plus grands groupes
français de la télévision en clair
ont certainement poussé un ouf
de soulagement. Salto, projet
commun de plateforme vidéo
porté par France Télévisions, TF
et M6, et dévoilé il y a plus d’un
an, en juin 2018, a finalement été
autorisé. Lundi 12 août, l’Autorité
de la concurrence a donné son feu
vert sous certaines conditions
pour éviter, avec cette union, tout
abus de position dominante.
Les restrictions que l’Autorité de
la concurrence a fixées en ce sens
concernent à la fois l’achat des
programmes, la distribution et la
publicité. Les trois chaînes se sont
engagées à limiter les possibilités
d’achats couplés pour diffuser sur
leurs antennes et sur Internet. De
plus, Salto ne pourra pas proposer
plus de 40 % de son volume
horaire en contenus audiovisuels
acquis auprès des maisons mères
en exclusivité. Il sera également
interdit à ces dernières de faire de
la promotion gratuite pour Salto
sur leurs antennes.
En ce qui concerne la distribu
tion, Free (dont le fondateur,
Xavier Niel, est actionnaire à titre
individuel du Monde) avait fait
part de ses plus grandes réserves
dans une lettre adressée à l’Auto
rité de la concurrence, craignant
notamment la constitution d’un
véritable « cartel visàvis des
distributeurs ». Mais l’autorité juge
ces craintes infondées, considé
rant que « Salto sera un nouvel en
trant sur le marché de la distribu
tion de services de télévision
payante et sera confronté à une
concurrence importante, notam
ment des platesformes VàD [vidéo
à la demande] et des fournisseurs
d’accès à Internet ».
Un connaisseur du milieu cons
tate : « C’est un épisode de plus dans
la bagarre entre les chaînes et les
opérateurs télécoms, ces derniers
ne voulant pas payer le signal. » A
la suite de négociations houleu
ses, TF1 et M6 ont réussi en 2018 à
obtenir de se voir rétribuées pour
la diffusion de leurs chaînes par
les opérateurs télécoms.
Investissements conséquents
L’accouchement de Salto n’a pas
été simple, tant s’en faut. Plus
d’un an d’attente et de tractations
ont été nécessaires. Le dossier a
fini par provoquer des hausse
ments d’épaules lorsqu’on inter
rogeait ses promoteurs. Impossi
ble d’en parler durant l’instruc
tion, ontils expliqué, mais on
sentait percer l’inquiétude en
raison du temps perdu : le dossier
a d’abord été soumis à l’échelon
européen avant d’être renvoyé, au
printemps, au niveau national.
Finalement, après l’accord du
Conseil supérieur de l’audiovi
suel (CSA) en juillet, l’Autorité de la
concurrence n’aura mis que huit
semaines pour son « instruction
riche et détaillée », selon ses
termes, balayant les craintes d’un
enlisement bureaucratique alors
que le marché évolue rapide
ment, au rythme des investisse
ments conséquents de géants
internationaux de l’audiovisuel
et du numérique.
Ainsi le numéro un du divertis
sement dans le monde, l’améri
cain Disney, lancera en novembre
aux EtatsUnis sur le marché de la
SVOD (service de vidéo à la
demande), Disney +, qui propo
sera ses productions, mais aussi
celles de Pixar, de la franchise Star
Wars, de National Geographic et
de Marvel. Disney proposera
même une offre groupée pour ob
tenir Disney +, Hulu, plateforme
de vidéo à la demande à la fois
gratuite et payante dont le groupe
possède la majorité, et le service
de streaming de sport ESPN +
pour la somme de 12,99 dollars
(11,60 euros) par mois.
Après le feu vert de l’Autorité de
la concurrence, les trois groupes
français vont enfin pouvoir entrer
dans le vif du sujet et constituer la
société et ses équipes. Salto propo
sera les flux des chaînes en direct,
les programmes en rattrapage
ainsi que des services de vidéos à
la demande. Ce nouveau service
devrait être accessible via un
système d’abonnement payant et
proposera les documentaires, sé
ries et émissions des grandes chaî
nes françaises en streaming, ainsi
que du contenu exclusif. Au mo
ment du lancement, des chiffres
avaient été avancés pour les inves
tissements (5 millions d’euros
pour chacun des trois groupes) et
pour les abonnements (de 2 à
8 euros par mois), mais ils seront
sûrement amenés à évoluer.
Alors que l’usage de la SVOD se
généralise, France Télévisions, TF
et M6 soulignent l’absolue néces
sité de se doter de cette plate
forme. « Si nous n’avons pas Salto,
nous n’aurons que nos yeux pour
pleurer face à Netflix, Amazon et
consorts. La SVOD est en train de
s’imposer comme un usage »,
décrypte un proche du dossier. Si
les trois sociétés ont tardé pour
répondre à Netflix, elles seront
présentes lorsque les nouveaux
acteurs débarqueront. Disney +
devrait arriver en France au
deuxième semestre 2020.
« Nous pouvons enfin constituer
cette équipe de France de l’audiovi
suel que j’appelais de mes vœux. Le
lancement de la plateforme nous
donnera très prochainement les
moyens de jouer sur notre terri
toire, face aux acteurs internatio
naux », s’est réjouie Delphine
Ernotte, patronne de France Télé
visions, dans un communiqué
commun. De son côté, le PDG de
TF1, Gilles Pélisson, a jugé que
cette décision montrait « la prise
de conscience des autorités de la
nécessité de soutenir et d’accom
pagner les acteurs du secteur dans
les évolutions innovantes néces
saires pour faire face aux
nouveaux enjeux ».
Salto devra cependant convain
cre les abonnés dans un marché
pléthorique tant en offre gratuite
que payante – Netflix a désormais
plus de cinq millions d’abonnés
en France et a dépassé Canal +, en
perte de vitesse. Sans parler des
conditions posées par l’Autorité
de la concurrence, en particulier
sur l’impossibilité de mener des
promotions sur les antennes de
France Télévisions, TF1 et M6, ni
des investissements prévus pour
la production d’œuvres, bien infé
rieurs à ceux de Netflix.
françois bougon
L’accouchement
de Salto n’a pas
été simple,
tant s’en faut :
plus d’un an de
tractations ont
été nécessaires
MND, le spécialiste des équipements
de montagne savoyard, dévisse
La PME, devenue leader mondial dans son domaine, cherche
à restructurer sa dette de 67,2 millions d’euros
E
stce l’épilogue d’un conte
de fées? Le petit groupe
savoyard Montagne et
neige développement (MND), qui
a connu une croissance phéno
ménale depuis 2000, est au plus
mal. Sa trésorerie est à sec, a
annoncé la PME dans un
communiqué fin juillet. Ce leader
mondial des équipements de
montagne a réalisé 87,6 millions
d’euros de chiffre d’affaires pour
son dernier exercice publié, avec
une perte à la clé de 1,6 million
d’euros et une dette de 67,2 mil
lions d’euros. Une somme trop
lourde à porter. Le groupe négo
cie avec ses banques créancières
la restructuration de sa dette et
cherche un nouveau partenaire
financier. Fin juillet, MND, qui
emploie quelque 375 personnes,
dont 235 en France, a demandé la
suspension de la cotation de son
action à Euronext.
Le coup est rude pour Xavier
GallotLavallée, son fondateur et
actuel président. En 1999, à tout
juste 18 ans, il perd son père, qui
dirige une petite société de filets
de protection pour pistes de ski.
Alors en terminale, il passe son
bac puis reprend à la surprise
générale la PME, qui réalise alors
300 000 euros de chiffre d’affai
res annuel.
En une quinzaine d’années,
l’entrepreneur autodidacte cons
truit un véritable groupe interna
tional d’équipements centré sur
la montagne. Son premier coup
d’éclat a lieu en 2004, lorsqu’il
reprend TAS, leader italien des
systèmes de prévention d’avalan
ches, un acteur huit fois plus
important. Le patron étoffe
ensuite son groupe en acquérant
une quinzaine d’acteurs dont les
autrichiens LST, fabricant de
téléphériques, funiculaires et
autres télécabines, Sufag, qui
développe des systèmes d’ennei
gement ou encore Techfun, qui
crée des équipements de loisirs à
sensation (tyroliennes, luges sur
rail, etc.).
Fort endettement
La consécration vient en 2013,
quand le petit groupe, qui compte
désormais cinq usines, s’intro
duit en Bourse. La société de M.
GallotLavallée lève alors 20 mil
lions d’euros et est valorisée près
de 60 millions d’euros. Sur un
marché mondial des équipe
ments de montagne évalué à
2 milliards d’euros, MND
souhaite à l’époque tripler de
taille et atteindre 150 millions
d’euros de chiffre d’affaires à l’ho
rizon de mars 2016.
Mais rien ne se passe comme
prévu. Après des difficultés à inté
grer les nouvelles acquisitions,
MND investit bien en Chine, en
Russie ou aux EtatsUnis et se
diversifie, notamment en accélé
rant son activité dans le transport
par câble (LST a ainsi rénové le
funiculaire de Montmartre) et en
s’associant notamment à Vinci
pour l’élaboration d’un prototype
de tramway aérien. Mais les reve
nus n’augmentent pas aussi rapi
dement qu’attendu, l’objectif
d’un chiffre d’affaires de 150 mil
lions d’euros est repoussé à 2020,
et MND s’est entretemps forte
ment endetté pour financer ses
dépenses courantes, ce qui le
rend très vulnérable.
« Le groupe a dû faire face ces
dernières semaines à des décala
ges de contrats et de projets, liés
notamment à la nonobtention de
permis de construire, d’autorisa
tions administratives et/ou de
financements de certains clients
stratégiques. A cela se sont ajoutés
plusieurs retards importants de
règlements clients, entraînant un
retard de l’ordre de 7,5 millions
d’euros dans le règlement des
dettes d’exploitation courantes,
montant auquel le groupe n’est, à
ce jour, pas en mesure de faire face
sans une forte recapitalisation »,
déclare l’entreprise dans son
communiqué.
Du fait de ces difficultés, le
cours de bourse de MND a perdu
80 % en cinq ans et le groupe n’est
plus valorisé qu’à hauteur de
15 millions d’euros, alors que le
carnet de commandes fermes
déjà enregistrées est évalué à
181 millions d’euros à fin
juin 2019. « Tout le monde est sur
le pont en ce mois d’août », assure
un cadre. Pour trouver des solu
tions, rapidement.
philippe jacqué
D I S T R I B U T I O N
Deliveroo va quitter
l’Allemagne
La plateforme de livraison de
plats à domicile Deliveroo va
arrêter ses livraisons en Alle
magne à compter du 16 août,
quatre ans après son installa
tion. La firme britannique
employait 1 100 livreurs à vélo
et 100 personnes dans ses bu
reaux, dont plusieurs avec des
contrats temporaires, a ajouté
l’entreprise. – (AFP.)
TO U R I S M E
Thomas Cook attend
une injection de capital
supplémentaire
Le voyagiste britannique en
difficulté Thomas Cook a an
noncé lundi 12 août qu’il es
pérait une injection de
150 millions de livres supplé
mentaires de ses créanciers
(161,5 millions d’euros), en
plus des 750 millions atten
dus début octobre dans le ca
dre de sa prise de contrôle par
le chinois Fosun. Depuis dix
huit mois, le cours de son ac
tion a fondu et, fin 2018, son
titre a été éjecté de l’indice
FTSE250 des valeurs moyen
nes de la Bourse de Londres.
CO N J O N C T U R E
Guerre commerciale :
Singapour réduit encore
sa prévision de croissance
Singapour a de nouveau ré
duit, mardi 13 août, sa prévi
sion de croissance pour l’an
née 2019 en raison de
l’impact sur ses exportations
de la guerre commerciale
sinoaméricaine. Le gouver
nement table sur 0,0 à 1,0 %
cette année, alors qu’il espé
rait jusqu’alors 1,5 % à 2,5 %,
une prévision déjà revue
à la baisse. – (AFP.)
DANS LE MONDE
DES TAUX NÉGATIFS,
UN NOMBRE CROISSANT
D’ÉTABLISSEMENTS
FACTURENT
LES GROS DÉPÔTS
DES CLIENTS