ÉCOUTE 9 · 2019 61(^) | CULTURE
énerver qn
, jm auf die Nerven
gehen
les péripéties (f/pl)
, die unerwarteten
Ereignisse
l’hebdomadaire (m)
, die Wochenzeitung
de page en page
, von einer Seite zur
nächsten
revêtir
, tragen
éternellement
, ständig
avoir tendance à faire
, dazu neigen,
etw. zu tun
d’ailleurs [dajœʀ]
, übrigens
puer [pɥe]
, stinken
l’aisselle [lɛsɛl] (f)
, die Achselhöhle
le cœur
, hier: das Zentrum
lisse
, glatt
insipide
, langweilig
le beau-fils [bofis]
, der Schwiegersohn
revoir son jugement
, seine Meinung ändern
rigolo,otte [ʀ igOlo,Ot]
, lustig
caractériel,le
, verhaltensgestört
foutre son poing [pw]
dans la gueule de qn
, jn in die Fresse schlagen
le célibataire
, der Single
balader qn
, mit jm spazieren gehen
se forger
, sich verschaffen
le gamin
, der Junge
la culture générale
, die Allgemeinbildung
l’histoire (f) de l’art
, die Kunstgeschichte
l’assise (f) de pierre
, der Sonnenstein
le contrefort [ktʀəfOʀ]
, das Vorgebirge
chouette [Swɛt]
, toll, fabelhaft
dernièrement
, vor Kurzem
baigner
, baden
kiffer qn
, auf jn abfahren
chapeau
, Hut ab
du coup [dyku]
, deshalb
le physique [fizik]
, das Aussehen
la ride
, die Falte
le bourrelet [buʀlɛ]
, das Fettpolster
confidentiel,le
[kfidsjɛl]
, vertraulich
franchement
, ganz ehrlich
qn réussit qc
, jm gelingt etw.
chut [Syt]
, pst
faire de la peine à qn
, jm wehtun
Lettre ouverte à Tintin
T
intin, tu m’énerves! Aujourd’hui, ça va
beaucoup mieux, tu m’énerves moins
mais tu m’énerves toujours un peu. Jeune,
je lisais toutes les semaines tes péripéties
qui paraissaient dans un hebdomadaire. De page
en page, d’aventure en aventure, tu revêts éternel-
lement la même chemise blanche, le même pull
bleu, les mêmes chaussettes. J’ai longtemps fait
comme toi : garder les mêmes vêtements (ce que j’ai
encore tendance à faire aujourd’hui d’ailleurs). Mais
comment fais-tu, toi, pour ne pas puer des aisselles
ni des pieds après une journée? Ta « non-puanteur »
est au cœur de mon énervement contre toi. Je t’ai en
effet longtemps trouvé trop lisse, trop insipide, trop
parfait. Le beau-fils idéal. Puis, le temps passant, j’ai
revu mon jugement. Pour être l’ami du capitaine
Haddock – même s’il est rigolo, il est quand même un
peu caractériel –, tu ne dois pas être si insipide que ça.
Pour foutre ton poing dans la gueule des méchants,
tu ne dois pas être si parfait que ça. Et tu n’es même
pas beau-fils idéal puisque tu es célibataire. Ce n’est
que bien plus tard que je me suis rendu compte de
ton génie : à l’époque où Internet n’existait pas, tu
m’as baladé au Tibet, en Afrique, en Écosse, en Chine,
en Amérique, dans les Balkans, et même sur la lune.
Tu m’as aidé à me forger – comme à tous les gamins
de mon âge – une culture générale. Des années plus
tard, à la fac, pendant les cours d’histoire et d’histoire
de l’art, les assises de pierres des temples aztèques, je
connaissais ; les paysages des contreforts de l’Hima-
laya, je connaissais ; la prohibition aux États-Unis,
je connaissais. Bref, merci Tintin. Finalement, je te
trouve chouette. Tellement chouette que
dernièrement, j’ai parlé de toi à ma fille. Elle
baigne depuis sa naissance dans les réseaux
sociaux, vit avec un téléphone portable
collé à la main, passe son temps sur You-
tube... J’ai recherché mes vieux albums et
les lui ai montrés. Eh bien elle a passé des
heures à te lire. Elle te « kiffe », comme elle
dit. Chapeau. Du coup, je te trouve encore
plus chouette. Bon, le fait que tu ne pues
jamais, ça, ça m’énerve encore un peu, mais
sinon... Ah si, autre chose : ton physique.
À 90 ans, toujours pas une ride, pas un
cheveu gris, pas un bourrelet...
PS : Lettre confi-
dentielle à Milou
(pas pour les lec-
teurs d’Écoute !)
Bon anniversaire
à toi aussi petit
Milou. Hé, tu
sais quoi? Il est
chouette ton
maître. Mais
franchement, sans
ton aide, je crois
bien qu’il n’aurait
réussi aucune de
ses missions. Mais
chut, ne lui dis pas,
ça risque de lui faire
de la peine...
de Jean-Yves de Groote