L’Obs N°2858 Du 15 au 21 Août 2019

(Jacob Rumans) #1
i Jésus avait été là, il aurait été crucifié  »,
dira Mick Jagger. «  Là  »? C’est-à-dire au
Festival d’Altamont où, le 6 décembre 1969,
un spectateur de 18 ans, Meredith Hunter,
est mort, poignardé par le Hells Angel Alan
Passaro, au pied de la scène où les Rolling
Stones jouaient du rock’n’roll.
Dans l’histoire de la révolution hippie,
Altamont est à Woodstock ce que la Ter-
reur de 1793 est à la Fête de la Fédération
de 1790. Un festival du Mal, une orgie de
négativité, un marathon satanique. La guil-
lotine en moins, le LSD saveur fraise, en
plus. Quatre morts. Un meurtre. Deux acci-

dents de voiture. Une noyade dans l’eau glacée d’un canal d’irri-
gation. Une tentative d’assassinat contre Jagger, fomentée par
des Hells Angels. La fin d’une utopie? Le glas d’une époque de
paix, d’amour et d’unité, comme on aime le répéter? Non, selon
Jagger : « Il n’y a que les journalistes de mode pour prétendre ce
genre de choses. Peut-être que c’était la fin de leur époque à eux,
la fin de leur “naïveté” [en français dans le texte, NDLR]. J’eusse
cru qu’elle aurait cessé bien avant Altamont... »
7 novembre 1969. Quand ils débutent leur tournée de dix-huit
dates aux Etats-Unis, à Fort Collins, au Moby Gym de l’université
de l’Etat du Colorado, les Stones ont un double objectif : la gloire
et le cash. Ils viennent de remercier l’Américain Allen Klein qui,
après avoir été le manager des Beatles, gérait leurs finances. Peu
scrupuleux, Klein s’est taillé la part du lion dans les 17 millions

S


Sous les yeux
de Mick Jagger,
les Hells Angels
envahissent la scène.

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