L’Obs N°2858 Du 15 au 21 Août 2019

(Jacob Rumans) #1

66 L’OBS/N°2858-15/08/2019 MATHIEU ZAZZO POUR « L’OBS »


CINÉMA


Dans le nouveau film d’Arnaud Desplechin,


ROSCH DY ZEM joue un flic qui lui ressemble.


Un chic type qui masque ses FAILLES intimes.


Rencontre avec une VALEUR SÛRE


du cinéma français


Par NICOLAS SCHALLER Photo MATHIEU ZAZZO

La Zem


attitude


Il impose sa présence sans se faire remar-
quer, force le respect sans le chercher, sa
réserve est une protection autant qu’une
invitation à lui parler. Décrire le commis-
saire Daoud, le protagoniste de « Roubaix,
une lumière  » d’Arnaud Desplechin, ne
revient-il pas à évoquer son interprète,
Roschdy Zem? L’acteur en convient :
« C’est sûrement un des personnages dont je
me sens le plus proche, une des premières
fois où je joue démasqué. Arnaud est arrivé
à une étape de ma vie où j’étais prêt pour ça.
Il m’a dit : “Je veux voir le sourire que je te
connais dans la vie et que je n’ai jamais vu
au cinéma.” Il m’a fait réaliser à quel point,
auparavant, j’étais amené à fabriquer. »
Au café du Cinéma du Panthéon, pro-
priété de son ami Pascal Caucheteux, sup-
porter du PSG comme lui et fidèle produc-
teur de Desplechin, Roschdy Zem fume
des cigarettes fines. Son tee-shirt de vacan-
cier ne peut rien contre son charisme natu-
rel, ni son léger strabisme contre la droi-
ture de son regard. Cela fait vingt-cinq ans
que cette valeur sûre du cinéma français
trimballe son flegme magnétique de petits
en grands rôles, de polars de bonshommes
(« 36 quai des Orfèvres », « A bout portant »)
en drames d’auteures (« Bird People », « la
Fille de Monaco  »), chez André Téchiné
ou chez Eric Rochant. Que le film soit bon
ou mauvais, lui se montre le plus souvent
impeccable, aussi crédible en tirailleur
algérien dans « Indigènes » (pour lequel
il reçut, avec Sami Bouajila, Jamel Deb-
bouze, Samy Naceri et Bernard Blancan,
un prix d’interprétation collectif à
Cannes) qu’en prêtre dans « Chouchou »
avec Gad Elmaleh. Desplechin – ce n’est
pas une coquetterie de réalisateur, assure-
t-il  – ne voyait personne d’autre pour
incarner Daoud, inspiré d’un vrai taulier
de la police roubaisienne, qui se trouvait
au centre du documentaire de Mosco
Boucault, «  Roubaix, commissariat cen-
tral », à l’origine du film.

ROUBAIX, UNE LUMIÈRE, par Arnaud
Desplechin, avec Roschdy Zem, Léa Seydoux,
Sara Forestier (en salles le 21 août).

Vu sur https://www.french−bookys.com

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