L’Obs N°2858 Du 15 au 21 Août 2019

(Jacob Rumans) #1

74 L’OBS/N°2858-15/08/2019 LES BOOKMAKERS/CAPRICCI FILMS - PYR AMIDE DISTRIBUTION - METROPOLITAN FILM EXPORT - WILD BUNCH DISTRIBUTION


Yūji Hori et Kinuyo Tanaka dans « Miss Oyu » (1951).


Les contes


de Mizoguchi


MIZOGUCHI, RÉTROSPECTIVE EN HUIT FILMS

Sans doute le plus occidental des cinéastes japonais. Pas-
sionné par la littérature russe, le théâtre américain et le cinéma alle-
mand, Kenji Mizoguchi a signé une centaine de films dont la plupart
sont perdus. C’est donc un bonheur de découvrir ou revoir huit de ses
œuvres restaurées, datant de la dernière période de sa vie (il est mort
en 1956), dont « Miss Oyu » (1951, photo), « les Contes de la lune vague
après la pluie  » (1953), son chef-d’œuvre, «  les Musiciens de
Gion » (1953), un récit autobiographique, « l’Intendant Sansho » (1954),
extraordinaire, « l’Impératrice Yang Kwei-fei » (1955), son premier
film en couleur. Mizoguchi est le peintre délicat d’une société traver-
sée par l’amour, la haine et, parfois, la honte. F. F.

ÇA RESSORT


PERDRIX
PAR ERWAN LE DUC
Comédie française,
avec Swann Arlaud, Maud Wyler,
Fanny Ardant (1h39).
Une automobiliste
(Maud Wyler) se fait voler sa

quiétude d’une petite ville
de province japonaise. Aoyama,
écolier brillant, scientifique
amateur et détective en herbe,
mène l’enquête aux côtés
d’une étrange jeune femme qui
ne le laisse pas indifférent.
Un conte plein de fantaisie et
de digressions cocasses
qui, comme souvent dans
l’animation japonaise, emprunte
le genre fantastique pour
dire les angoisses de l’enfance,
la peur du rejet, le besoin
d’intégration et l’éveil au désir.
Si le graphisme est classique,
la mise en scène orchestre
le récit de manière pétillante
et surprenante. Un délicieux
bonbon acidulé.
X. L.

L’INTOUCHABLE,
HARVEY WEINSTEIN
PAR URSULA MACFARLANE
Documentaire américain (1h39).
Grandeur et
décadence de Harvey
Weinstein, producteur à succès
et prédateur sexuel. Le film
d’Ursula MacFarlane récapitule
les méfaits de ce gros cochon,
dont les actes sont à l’origine
du mouvement #Metoo.
Interviews d’employés,
d’actrices (Rosanna Arquette,
Paz de la Huerta), de témoins,
d’où se dégage un mélange de
honte, de douleur et de colère.
Moment particulièrement
terrible, celui où Hope
d’Amore, une collaboratrice,
cherche ses mots pour décrire
l’agression dont elle a été
victime. Il y a aussi la
conspiration du silence (on
savait, mais ne disait rien) qui
alourdit la note. On espère
qu’elle sera salée, et servira
de mesure pour les cloportes
qui abusent des femmes
et s’en vantent, comme Trump.
FR ANÇOIS FORESTIER

voiture par des nudistes
révolutionnaires sur une route
des Vosges. Pierre Perdrix
(Swann Arlaud), le gendarme
qui enregistre sa plainte, tombe
sous le charme de cette femme
revêche et sans attaches, et

l’invite dans sa famille : la mère
veuve (Fanny Ardant) anime
une émission de radio nocturne
et couche avec des inconnus
dans le garage, le frère (Nicolas
Maury) est lombricologue,
la nièce, pongiste. Au début,
on dirait du néo-Blier, loufoque
tendance absurde. Puis, entre
errance bucolique et love story
empêchée, se révèlent les
dépendances des personnages,
prisonniers de leurs névroses
familiales. Il y a une écriture,
un ton, des acteurs au diapason.
Drôle, sensible, barré, « Perdrix»
vole haut pour un premier film
français. Vivement le deuxième.
N. S.

LE GANGSTER,
LE FLIC ET L’ASSASSIN
PAR LEE WON-TAE
Polar coréen, avec Ma Dong-seok,
Kim Moo-yul (1h49).
Le résumé du film tient
dans le titre. Un flic et un
chef de gang qui a survécu
à l’attaque d’un serial killer
unissent leurs forces et taisent

leurs dissensions pour tenter
d’arrêter le psychopathe. Une
fois encore, le cinéma coréen
démontre sa suprématie dans
le registre du film de genre
méchant et pervers. Et dessine
à travers ce triangle improbable
un portrait inquiétant de la
société coréenne, gangrenée
par la violence et la corruption.
Si le cinéaste n’atteint pas
les sommets d’excellence de
certains de ses compatriotes,
il fait preuve pour son deuxième
film d’une belle efficacité.
Malgré l’idéologie un rien
douteuse de la fin, impossible
de ne pas être enthousiaste.
XAVIER LEHERPEUR

LE MYSTÈRE DES PINGOUINS
PAR HIROYASU ISHIDA
Film d’animation japonais (1h45).
Des pingouins surgis
de nulle part perturbent la

Vu sur https://www.french−bookys.com

Free download pdf