80 L’OBS/N°2858-15/08/2019 BELMOND
TENDANCES
- AVIEMORE
Cap au nord, à travers les Highlands et ses vallées
cernées de pics dans mille nuances de brun et de vert,
mouchetées du rose des rhododendrons. S’il n’existe
que depuis 1985, ce train de luxe s’inscrit dans la
lignée des express de la Belle Epoque. Il a été lancé
par le groupe Belmond – propriété de LVMH depuis
avril 2019 –, qui avait remis sur rails l’Orient-Express
en 1982. Et, comme dans le modèle cher à Agatha
Christie, il y règne un esprit chic et rétro. Le tea time
est servi dans la voiture d’observation, cosy avec ses
fauteuils en tweed et ses plaids négligemment posés
sur les dossiers. Jarryd, en gilet écossais aux couleurs
du Belmond Royal Scotsman, bleu et pourpre, sert le
thé dans des tasses en porcelaine, tandis que se
nouent les conversations. Un claquement retentit. Ce
ne sont pas des coups de feu lançant le début d’une
intrigue, mais des branches d’arbres qui heurtent la
carlingue tels des coups de fouet...
Le palace roulant s’arrête pour la nuit à Aviemore,
cette petite station d’où l’on part en randonnée l’été et
skier l’hiver. Le premier dîner à bord sera entre Fran-
çais, dans une ambiance joyeuse favorisée par de bons
vins et une cuisine exquise. « C’est la dix-huitième fois
que je viens en Ecosse. La première fois, j’avais 19 ans.
En 4L avec un copain, on campait... Voyager à bord de
ce train est un vieux rêve. J’ai réservé depuis un an ! »
raconte Claude, qui a entraîné sa femme, Elisabeth, et
ses amis Jean-Louis et Brigitte. Après le repas, Jarryd
offre un choix de soixante whiskys, pendant que deux
musiciens jouent des airs écossais au violon et à la gui-
tare. La fin du concert signe le retrait dans sa cabine,
où l’on tire les rideaux face à la haie bordant la voie. - INVERNESS
Le lendemain, le train repart à 8 heures pile. Le petit
déjeuner est partagé avec Henry et Natalie, la belle
joueuse de cartes coiffée, cette fois, d’un béret à
plume acheté à bord. Lui a fait fortune dans le pétrole
et les supermarchés, elle est sculptrice ; ils vivent
entre le Wyoming, Washington DC et la Catalogne.
A 9h30, un arrêt d’une heure et demie est programmé
à Inverness, capitale des Highlands plongée dans la
brume, pour flâner sur les berges du Ness. 10h55, la
locomotive se remet en route. Dans le wagon-cuisine,
le chef prépare un saumon fumé qui se révélera suc-
culent au déjeuner. L’une des routes scéniques les
plus grandioses de Grande-Bretagne déroule ses pay-
sages sauvages derrière la vitre alors qu’à table un
couple de Bulgares évoque la vie à Sofia.
Au fil des lochs, le Belmond Royal Scotsman s’ar-
rête souvent afin de laisser passer les autres trains,
prioritaires et plus rapides. L’occasion de se dégour-
dir les jambes depuis une petite gare perdue dans la
lande parsemée de moutons et de genêts. « Nous ne
dépassons jamais les 120 kilomètres par heure », note
Alain Faizant, le mécanicien en chef, originaire d’Ar-
ras. L’objectif n’est de toute façon pas la vitesse mais
ce nouveau luxe propre à la contemplation, la lenteur.
- KYLE OF LOCHALSH
14h55, arrêt à Plockton, port de carte postale niché
dans une baie. L’unique rue est bordée de jardins où
poussent des palmiers grâce au Gulf Stream. Callum
embarque ses clients voir les phoques à bord de son
MV Sula Mhor. « La mer est bonne aujourd’hui ? »
demande l’exubérante Natalie. « Mouais », répond le
capitaine, faussement bourru. Ce sera le calme plat,
sans tromperie sur la marchandise : les mammifères
marins sont vautrés sur les îlots, leur pelage beige ou
gris fondu dans la roche. Un château à la silhouette
romantique (et sûrement hanté) surplombe la berge,
pas loin d’un autre plus austère, et plus ancien, une
simple tour aux fenêtres étroites, vestige de la rivalité
entre clans où la méfiance était de mise. Le bateau
contourne la minuscule île du Héron, qui aurait inspiré
J. M. Barrie pour le refuge de son héros Peter Pan : le
romancier la voyait depuis le tortillard qui l’emmenait
l’été en vacances, via Kyle of Lochalsh. C’est justement
dans cette bourgade que le Belmond Royal Scotsman
s’est posé pour la nuit, au bout de la ligne de chemin
de fer, face à l’île de Skye. Une belle lumière éclaire le
QUAND PARTIR
D’avril à octobre,
voyage « Scotland’s
classic Splendours »
de cinq jours, quatre
nuits à bord, à partir
de 6 900 € (pension
complète et
excursions). Circuit de
six jours avec Kuoni
qui propose, en plus, le
vol et le séjour à
Edimbourg, à partir de
8 500 €.
belmond.com et kuoni.fr
(tel. 01-55-87-85-65)
BON PLAN
A l’aéroport
d’Edimbourg, prendre
le tram qui mène
directement au
centre-ville, 8,50 £
(9,2 €) l’A/R.
edinburghairport.com/
transport-links/trams
Edimbourg
Y DORMIR
Hôtel Balmoral
L’hôtel où
J. K. Rowling boucla
le dernier tome
d’« Harry Potter »
a une position
stratégique. Des
jumelles sont posées
sur l’appui de fenêtre
des chambres pour
mieux scruter
le château perché
sur son éperon.
roccofortehotels.com
Y BOIRE
Le bar à whisky de
l’hôtel Balmoral
recense plus de
300 single malt.
Le plus populaire?
Le Glenfiddich.
Le plus rare : un
Glenmorangie de 1950,
plus de 300 € le
« dram » (godet).
1, Prince Street.
L’INCONTOURNABLE « TEA TIME ». ARRÊT À KYLE OF LOCHALSH, DANS UNE BELLE LUMIÈRE ÉCOSSAISE.