L’ÉVÉNEMENT
2 La Marseillaise / mercredi 14 août 2019
INCENDIES
Depuis le 13 août, près
de 700 sapeurs-pompiers
sont sur le qui-vive,
en caserne ou dans les
massifs des Bouches-du-
Rhône, prêts à intervenir
à la moindre étincelle.
Cette mobilisation
importante est due aux
risques très élevés
d’incendies.
R
elativement épargnées
depuis 2016, les forêts du
département sont plus
que jamais sous la menace des
incendies cet été. Face à la sé-
cheresse et au mistral décoif-
fant prévu toute la semaine, le
Service départemental d’in-
cendie et de secours des
Bouches-du-Rhône (Sdis 13) a
déployé les grands moyens pour
éviter un embrasement des
massifs bucco-rhodaniens. En
plus des 500 sapeurs-pompiers
présents toute l’année pour
protéger la colline, pas moins
de 200 pompiers sont arrivés
de l’Ile-de-France, des Hautes-
Alpes et des Alpes-de-Haute-
Provence pour prêter mains
fortes à leurs collègues face à un
tel risque. « C’est fréquent que
nous fassions appel à des pom-
piers d’autres départements
pour venir nous aider. Certains
n’ont pas les mêmes risques de
feux de forêts que nous et peu-
vent donc nous venir en aide »,
explique le Commandant Eric
Rodriguez, responsable du ser-
vice innovation-prospective
au sein du Sdis 13.
Pour éviter qu’un départ de
feu ne se transforme rapide-
ment en un gigantesque bra-
sier ravageant tout sur son pas-
sage, le Sdis 13 a déployé les
grands moyens : entre 25 et
30 Groupes d’intervention feux
de forêts (Giff) sont stationnés
dans les massifs du départe-
ment en permanence avec des
camions-citernes feux de forêts
(CCF) d’une capacité supérieure
à 10 000 litres ; trois hélicoptères
prêts à décoller à la moindre
alerte, etc. Ce dispositif est
même composé d’une équipe
de feux tactiques, capable d’or-
ganiser des contre-feux. Ces
spécialistes ne sont déployés
que sur ordre du directeur dé-
partemental du Sdis 13, en cas
de situation exceptionnelle.
« Parfois pour éteindre un feu,
il faut en allumer un autre, c’est
le travail de ces spécialistes »,
explique le commandant
Rodriguez. « Cela consiste à créer
un deuxième incendie qui per-
mettra de couper la propagation
d’un feu de forêt en supprimant
les éléments combustibles en
amont. Une fois que les flammes
arrivent sur la zone brûlée vo-
lontairement, elles n’ont donc
plus rien à dévorer. » « Mais cette
méthode ne s’utilise pas à la légère
à cause des risques qu’elle com-
porte. Nous ne l’utilisons que
sur des feux de tailles très im-
portantes », décrit-il.
La prévention avant
l’action
Face au risque d’incendie,
les sapeurs-pompiers rappel-
lent que la plupart des feux de
forêts sont d’origine humaine.
Cigarettes, mégots, barbecues
sauvages, usages de feux d’ar-
tifice ou de pétards, ou encore
camping, tous ont le point com-
mun d’être particulièrement
dangereux et de mener, dans
la grande majorité des cas, à
un départ de feu. La liste est
encore longue. La prévention
est donc capitale. « On commu-
nique beaucoup au sujet des ac-
tes préventifs. Seulement nous
ne pouvons pas mettre un sa-
peur-pompier derrière chaque
arbre », ironise le comman-
dant. « Alors ça passe aussi par
un bon comportement des ci-
toyens comme avec des campa-
gnes de débroussaillage (lire
ci-contre). Malheureusement
en cas d’incendie, on passe bien
souvent plus de temps à proté-
ger des maisons dont le tour n’a
pas été débroussaillé plutôt que
de combattre directement le
feu », souligne le commandant
Rodriguez. L’une des autres
solutions est de fermer les mas-
sifs les plus menacés. Avec les
vacances et le 15 août, les sa-
peurs-pompiers craignent un
surplus de circulation et d’ac-
tivités aux abords de ces der-
niers qui pourrait déclencher
le feu tant redouté, que tous
souhaitent évidemment évi-
ter.
Rémy Gassier
Plus d’infos sur :
http://www.bouches-du-
rhone.gouv.fr/
Dans les Bouches-du-Rhône,
les pompiers en alerte rouge
Le département des Bouches-du-Rhône a reçu mardi des renforts venus de l’Essonne, du Val d’Oise, de Seine-et-Marne, des Hautes-
Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence. PHOTO DR
700
C’est le nombre de sapeurs-
pompiers répartis sur
l’ensemble des Bouches-du-
Rhône, à cause des risques
très sévères de départs
d’incendies.
90%
À ce jour, depuis le début de
l’année 2019, 90 % des départs
de feu ont été éteints avant
qu’ils n’atteignent un hectare
de surface brûlée. Lors d’un
départ de feu en forêt, les
premières minutes sont
cruciales, plus il est repéré
vite, plus il a de chances d’être
éteint rapidement.
112
Si fort heureusement
quasiment toute la population
assimile le 18 comme le
numéro permettant de
contacter les sapeurs-
pompiers, ce n’est pas la
même chose pour son
homologue européen.
Beaucoup de gens ne
connaissent pas ou peu le 112.
Il est pourtant tout aussi
important que le 18. En Europe
si vous êtes en danger et que
vous composez le 112, vous
serez mis en relation avec
des services d’urgence et de
secours.
Un avion et un drone en soutien
à l’intervention des hommes
Dans leurs interventions, les sapeurs pompiers du
département disposent de plusieurs outils techniques.
La priorité est mise sur la maîtrise des feux naissants.
Équipé de plusieurs caméras (infrarouge, haute
définition), Horus est un avion qui a pour mission la
détection de points chauds, de feux naissants et la
transmission de renseignements. Depuis 5 ans, un drone
équipé d’une caméra thermique est aussi utilisé, mais lui,
en phase de voyage d’incendies notamment la détection
des combustions longues. M.C.
mercredi 14 et jeudi 15 août 2019