Marseillaise - BouchesRhoneVar - 2019-08-14-15

(Ron) #1

LIBÉRATION DE LA PROVENCE


Mercredi 14 et jeudi 15 août 2019 / La Marseillaise XIX


« Bien sûr que
commémorer un tel évé-
nement est important. En
1944, j’étais en Algérie, je
venais de naître, donc je
ne m’en souviens que
peu. D’ailleurs, en
Algérie, nous avons
célébré notre libération
en 1942, car c’est cette
année-là que les Alliés
y ont débarqué.
En Provence,
aujourd’hui, la Libération se fête dans toutes les
mairies, et, comme toutes les communes des
alentours mettent en place des commémorations,
nous n’en organiserons malheureusement pas cette
année. Mais j’y participerais, car c’est un devoir de
mémoire que de le faire. C’est la même chose pour
les autres moments forts de l’histoire, comme le 8
mai ou le 11 novembre. Pourquoi fait-on le souvenir
de la Shoah? C’est pour ne pas oublier. C’est un
devoir, car on nous a délivrés de l’ennemi. Des gens
sont venus nous libérer, il importe donc de les
remercier, et de continuer à commémorer.
Le devoir de mémoire est important pour toutes les
commémorations, pour garder le souvenir de ce
qu’il s’est passé, mais aussi car le passé, l’histoire
nous servent à faire et à écrire le futur. Il faut que le
passé nous aide à bâtir l’avenir. C’est pour cela que
le devoir de commémoration est aussi présent chez
les jeunes. »

« À Saint-Maximin, nous
avons élevé une stèle au
niveau du chemin de
Berne, à proximité du
lieu des derniers
parachutages. Il y avait
un maquis tout près.
La ville a été libérée le
19 août. Certains disent
que les Alliés sont arrivés
par la route de Bras, mais
un ancien combattant
m’avait indiqué que le
dernier side-car allemand avait été pris à partie sur
une autre route. Quoi qu’il en soit, les deux
événements sont avérés, et ont dû se produire à peu
près en même temps. Pour la commune, c’était
important, car ça mettait fin à plusieurs années
d’occupation, qui n’était pas ce que souhaitaient les
habitants du village. Pour moi, c’est important car je
suis fils de résistant. Nous habitions alors dans les
Hautes-Alpes et mon père était dans un maquis.
Cela me paraît crucial de commémorer ces
moments tragiques de l’histoire. Il n’appartient qu’à
nous qu’ils ne se reproduisent pas. Et ce n’est pas en
les laissant tomber dans l’oubli que nous y
arriverons. Cette année, à Saint-Maximin, nous
nous sommes rendus sur la stèle au mois de juin. Le
19 août, nous célébrerons la Libération et nous irons
déposer une gerbe sur la stèle dédiée au maréchal
De Lattre de Tassigny. Et même si nous sommes
parfois peu nombreux, il faut continuer. »

Gaby Charroux, Martigues


Pour les maires, un « devoir de mémoire »


André Molino, Septèmes-les-Vallons


« Les commé-
morations
sont des
moments très
importants.
Mon père a
participé à
la Libération
de Marseille,
donc ça me

touche personnellement, mais


aussi, plus largement, en


raison de ce que cela


représente. Nous avons un


devoir de mémoire, car


malheureusement, l’histoire


est un éternel


recommencement. On a


parfois tendance à vouloir que


les gens oublient tout ça, mais


nous, nous continuons les


commémorations, comme


celle du 19 mars [1962, jour du
cessez-le-feu en Algérie Ndlr].
Je ne vais pas accabler ce
gouvernement en particulier,
mais les gouvernements
successifs ont parfois eu
tendance à réduire certaines
commémorations.
À Septèmes-les-Vallons, nous
allons en organiser une le
31 août. Il y aura des véhicules
ayant servi à la Libération de
Marseille, car ils sont ensuite
passés par Septèmes, et des
prises de paroles qui
rappelleront ce qu’il s’est
passé. Nous faisons participer
les écoles, les centres aérés.
Le collège de la commune
organise des venues de
Résistants, qui rappellent
la Libération aux élèves. »

Fréderic Vigouroux, Miramas


« Le 23 août
1944, les
troupes de la
3
e
division
d’infanterie
de l’armée
américaine,
aidées par les
Résistants
FFI où se sont

illustrés tant de cheminots


miramasséens, libéraient


Miramas que les Allemands


avaient fui... Ici, dans ce gros


bourg de 7 000 habitants en


1944, les survivants se sont


mis à la tâche pour


reconstruire, en faisant


honneur au plus d’1% de


Miramasséens morts au


combat. C’est grâce à l’espoir,


l’engagement, le courage et la


solidarité de ces hommes
et ces femmes exemplaires,
dressés contre la barbarie
nazie, que la France s’est
libérée des oppressions.
Une belle leçon d’humanité,
parfois bafouée mais jamais
éteinte, que je veux célébrer
et rappeler à chacun de nous.
Il a fallu que ces femmes et ces
hommes oublient leurs
différences, passent au-dessus
de leurs oppositions,
subliment leur peur pour se
solidariser et vaincre
ensemble pour une société de
liberté, de paix et de respect
de l’autre. Aujourd’hui,
souvenons-nous et défendons
ces valeurs pour une société
libre, égale, fraternelle :
la République. »

« Cette commémoration


a un triple objectif :


célébrer une date


historique, honorer les


héros et martyrs, et


appeler à une réflexion


majeure qui nous


concerne tous :


l’importance et le sens du


mot Liberté! Si nos aînés


en ont subi et pleuré la


privation et ses


conséquences, chacun de


nous aujourd’hui peut aussi mesurer cette


importance. La Liberté est un bien précieux qui


mérite qu’on se batte pour elle! Cela passe par l’éveil


à la lucidité, au regard sur le monde : tandis que


nous fêtons l’anniversaire de la Libération de


Martigues, des peuples se déchirent, des hommes


privent de liberté d’autres hommes. Martigues


connaît ce lourd tribut payé par l’héroïsme de ses


Résistants, par la douleur des familles endeuillées et


par les sacrifices de tous les Martégaux. Je pense


notamment aux 8 martyrs martégaux exécutés par


les nazis dans la clairière du Fenouillet dont nous


rendons hommage chaque année au lieu même de


leur massacre. Cette Fête de la Libération de notre


ville leur est dédiée. Cette commémoration doit nous


ramener au sens premier de sa mise en place :


transmettre la mémoire et les leçons de l’Histoire,


pour que les jeunes générations ne reproduisent pas


les erreurs du passé. »


Nicole Boizis, Le Castellet Horace Lanfranchi, Saint-Maximin


Recueillis par Leon Géoni

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