MondeLe - 2019-08-15

(vip2019) #1
JEUDI 15 AOÛT 2019 international| 5

Scènes de chaos à l’aéroport de Hongkong

Les manifestants s’en sont pris à deux Chinois du continent. Pékin dénonce des « quasi-actes de terrorisme »

hongkong - envoyé spécial

J


usqu’ici objet de fierté et
symbole de la réussite finan-
cière de la ville, l’aéroport de
Hongkong n’était plus qu’un
bateau ivre, mardi 13 août en
fin de journée, et c’est un miracle
s’il n’y a pas eu de mort. Comme
la veille, les jeunes manifestants
qui protestent depuis deux mois
contre le gouvernement et contre
l’emprise de la Chine sur cette
« Région administrative spé-
ciale » avaient décidé de bloquer
le trafic aérien. Ce mouvement
sans leader entendait donner
plus de retentissement interna-
tional à son action certes popu-
laire mais qui, en dix semaines,
n’a rien obtenu. Soutenue par
Pékin, Carrie Lam, la chef de l’exé-
cutif local, n’entend leur concéder
aucune victoire, hormis la « sus-
pension » du projet de loi sur les
extraditions vers la Chine.
Au contraire, la police est de
plus en plus violente. Dimanche,

un tir a grièvement blessé une
manifestante à l’œil et les protes-
tataires ont découvert que des po-
liciers en civil s’infiltraient parmi
eux pour mieux les contrôler et
les arrêter. D’où une tension qui
ne cesse d’aller crescendo même
si, jusqu’ici, les manifestants,
principalement des jeunes diplô-
més de la classe moyenne, ne se
sont pas attaqués aux personnes
privées ni à leurs biens. Ils
concentrent leur action sur les
symboles et les représentants du
pouvoir, notamment les forces de
l’ordre et les commissariats.
Lundi, les manifestants avaient
été suffisamment nombreux
pour contraindre la direction du
huitième aéroport mondial à
annuler tous les vols. Mais, mal-
gré le chaos, il n’y avait pas eu de
violence. La simple rumeur d’une
intervention policière avait fait
repartir nombre d’entre eux à
pied, vers le centre-ville.
Rien de semblable mardi. Dans
le hall des départs, les passagers

qui, la veille, se montraient plutôt
compréhensifs commençaient à
laisser éclater leur colère lors-
qu’ils s’apercevaient qu’ils n’arri-
vaient plus à accéder aux comp-
toirs d’enregistrement. Vers
16 heures, tous les départs étaient
à nouveau annulés. Surtout,
deux incidents ont fait basculer
l’occupation dans la violence.
Dans la soirée, les manifestants
ont arrêté et attaqué un homme,
un Chinois de Chine continentale,
qu’ils pensaient être un policier
en civil. Lorsque la police et une
équipe médicale ont voulu l’em-
mener, les manifestants ont blo-
qué l’ambulance. La police a alors
eu recours à du gaz au poivre.

Un journaliste chinois malmené
Mais elle s’est laissé déborder à
plusieurs reprises. On a ainsi vu
des jeunes s’emparer de la matra-
que d’un policier. Paniqué, ce-
lui-ci a alors sorti son arme de ser-
vice. Sans tirer, il s’est affalé au sol
avant d’être rejoint par des collè-
gues. Un autre incident pourrait
avoir de réelles conséquences po-
litiques. Un groupe de manifes-
tants a également séquestré et
battu un second Chinois du conti-
nent, lui attachant les mains der-
rière le dos parce qu’ils le soup-
çonnaient d’être un policier infil-
tré. Les images des caméras et des
téléphones portables montrent le
jeune homme au milieu de mani-
festants furieux. Certains tentent
visiblement de raisonner la foule,
mais il est plaqué au sol, son sac
est fouillé et les manifestants en
sortent un tee-shirt de soutien à

la police de Hongkong. Son passe-
port chinois est exhibé aux camé-
ras. Il sera ensuite ligoté sur un
chariot d’aéroport et exposé à la
vindicte. Des ambulanciers sont
ensuite vus tentant de le ranimer
après qu’il a perdu connaissance,
dans l’hystérie générale, avant
d’être évacué.
Le jeune Chinois, du nom de Fu
Guohao, était en fait un reporter
du Global Times, le quotidien na-
tionaliste chinois qui, depuis plu-
sieurs semaines, souffle sur les
braises et appelle Pékin à faire
preuve de davantage de fermeté
face aux manifestants. Pendant
l’événement, son rédacteur en
chef, Hu Xijin, a adjuré sur Twitter
les manifestants de le relâcher.
Au matin du 14 août, le Global
Times titrait sur le fait que des
« condamnations affluent de par-
tout pour condamner l’attaque
brutale du reporter ». Fu Guohao
est décrit comme un « héros » par
ses commentateurs, et son nom a
été l’un des plus partagé sur
Weibo, le Twitter chinois. Il n’a
toutefois pas été blessé, selon la
presse chinoise. Pékin a ferme-
ment condamné dès mercredi
matin l’attaque contre ses

deux nationaux : Xu Luying, la
porte-parole du bureau des affai-
res de Hongkong et de Macao à Pé-
kin, l’agence gouvernementale
chinoise en charge de ces territoi-
res, a exprimé la « colère extrême »
de la Chine et comparé ces agres-
sions à de « quasi-actes de terro-
risme » : « Les manifestants radi-
caux ont franchi le seuil de la loi, de
la morale et de l’humanité », a-t-
elle déclaré. Une progression sub-
tile mais certaine dans la rhétori-
que chinoise : un collègue de
Mme Xu avait dénoncé lundi
12 août « les premiers signes de ter-
rorisme » dans le comportement
des manifestants face à la police.
Au cours de la nuit de mardi à
mercredi, la justice de Hongkong
a ensuite donné l’ordre d’évacuer
l’aéroport et le calme est peu à
peu revenu. C’est par une déci-
sion similaire que le gouverne-
ment avait mis fin en 2014 aux
zones d’occupation du mouve-
ment des parapluies sur la voie
publique, à la suite d’une plainte
des compagnies de bus. L’accès
aux principales aires de départ et
d’arrivée est désormais régulé.
Mercredi matin, les vols redécol-
laient progressivement.

« Prêts à sacrifier leur vie »
La journée du 13 marque incon-
testablement un tournant et une
radicalisation du mouvement.
Sur les réseaux sociaux, les vio-
lences de l’aéroport ne sem-
blaient pas faire l’unanimité en-
tre les jeunes de Hongkong, et
certains ont présenté des
excuses. Dans un entretien au

Monde, une des figures de l’oppo-
sition parlementaire, Claudia Mo,
dit soupçonner Carrie Lam, la
chef de l’exécutif, de jouer la poli-
tique du pire, et affirme que des
jeunes sont « prêts à sacrifier leur
vie pour leur cause ».
Mardi matin, au cours d’une
conférence de presse, Carrie Lam,
prise à partie par les journalistes
sur les violences policières, avait
eu du mal à contenir son émo-
tion. Elle a été incapable de répon-
dre à un journaliste qui lui de-
mandait, très calmement, si elle
avait suffisamment d’autonomie
politique pour annuler la loi con-
troversée sur les extraditions vers
la Chine qui est à l’origine du
mouvement ou si une telle déci-
sion relevait de Pékin. Le dernier
sondage de l’Institut de recherche
de l’opinion publique de Hong-
kong, réalisé du 1er au 6 août,
confirme la baisse de sa cote de
popularité à 27,9 %, un seuil en-
core jamais atteint.
Par ailleurs, Michelle Bachelet,
la Haut-Commissaire de l’ONU
aux droits de l’homme, a de-
mandé mardi une enquête sur les
tirs de gaz lacrymogènes par la
police. La Chine a immédiate-
ment condamné une « déclara-
tion malvenue » et dénoncé
l’ingérence des Nations unies
dans ses affaires intérieures. Cela
envoie « un mauvais signal à des
criminels violents », affirme le
communiqué de la mission chi-
noise à l’ONU. Une nouvelle
grande manifestation est prévue
le dimanche 18 août.p
frédéric lemaître

La journée du
13 août marque
un tournant
et une
radicalisation
du mouvement

En Inde, la guerre des images

Le premier ministre, Narendra Modi, s’est mis en scène à la télévision,
permettant de détourner l’attention de la crise au Cachemire

new delhi - correspondance

E


n pleine crise au Cache-
mire, l’Inde s’est offert un
divertissement singulier :
son premier ministre, Narendra
Modi, est apparu sur les écrans de
télévision en tenue d’aventurier,
traversant une rivière sur un ra-
deau. Jamais un dirigeant indien
n’avait ainsi cassé les codes pro-
pres aux responsables politiques,
confinés aux éternels kurta pyja-
mas – tuniques-pantalons – et
aux podiums cérémonieux.
A 68 ans, M. Modi a réinventé
son image dans l’émission « Man
vs Wild » (« Seul face à la nature »),
avec l’animateur britannique Bear
Grylls, qui, par le passé, avait invité
Barack Obama. Cet épisode at-
tendu a été diffusé le 12 août, sur la
chaîne Discovery India. Le duo
avait décidé de s’aventurer au
cœur du parc national Jim-Cor-
bett, au pied de l’Himalaya, dans
un hommage à la vie sauvage.
Durant quarante et une minu-
tes, les deux hommes ont pro-
gressé « seuls » – si ce n’est l’es-
couade de gardes du corps en ar-
rière-plan – en évitant des dangers
invisibles. La quête d’une camara-
derie virile, entreprise par un Bear
Grylls enthousiaste, s’est perdue
dans le sourire indulgent de son
aîné à la barbe blanche. Mais les
deux compères ont uni leurs ef-
forts pour confectionner une
lance contre les attaques de tigres.
Comment ne pas trouver sur-
réaliste l’image de M. Modi avan-
çant, arme à la main, dans les
hautes herbes? Clou de l’épisode,
la traversée d’une largé rivière
sur une embarcation précaire.
Trempé par une averse, le chan-
tre du nationalisme hindou a af-
fiché un calme olympien.
Car M. Modi sait survivre en
eaux troubles. Cet épisode spécial
de « Man vs Wild » avait déjà sus-

cité la polémique : cet hiver, le
parti d’opposition du Congrès a ac-
cusé le premier ministre de ne pas
en avoir interrompu le tournage
qui aurait eu lieu le 14 février, jour
de l’attaque suicide perpétrée con-
tre les forces de l’ordre (41 morts) à
Pulwama, au Cachemire indien.
Initialement prévue durant le
scrutin législatif de mai et juin, la
diffusion de l’émission a été repor-
tée à des lendemains plus propices
à la légèreté de l’exercice.

La légende de l’homme simple
Conforté par son triomphe électo-
ral, M. Modi s’est offert au-
jourd’hui cette diffusion. « Il est ex-
trêmement innovant, pour Ranjan
Bargotra, de l’agence de commu-
nication Crayons. En termes de
construction d’image, cette émis-
sion est formidable. » Selon l’inté-
ressé, l’épisode avait pour but de
« mettre en lumière la préservation
environnementale et le change-
ment climatique », et de transmet-
tre son amour de la nature. En
réaction, le Congrès l’a accusé
d’ « hypocrisie » et a rappelé que, de-
puis son arrivée au pouvoir
en 2014, l’Inde est l’un des derniers
pays dans l’Indice des performan-
ces environnementales.
L’émission a en tout cas davan-
tage fait l’éloge de Narendra Modi
que de la vie sauvage. Distillant
des anecdotes, ce grand commu-
nicant a entretenu sa légende
d’homme simple à l’enfance hum-
ble. Il a offert quelques perles, as-

surant être « satisfait de [sa] mis-
sion » ou n’avoir « jamais eu peur ».
« M. Modi a voulu se projeter en
homme fort et courageux, com-
mente Nilanjan Mukhopadhyay,
auteur d’une biographie à son su-
jet. C’est un grand narcissique. »
Le député Shashi Tharoor a déjà
souligné « le culte de la personna-
lité le plus extraordinaire de l’his-
toire de l’Inde moderne ». Le diri-
geant populiste, qui refuse de don-
ner des conférences de presse,
continue à consolider son cha-
risme dans le regard des Indiens.
Pendant ce temps, les projec-
teurs des médias se sont détour-
nés plus encore de la crise au Ca-
chemire indien, privé de moyens
de communication, fermé à la
presse étrangère et soumis à un
couvre-feu. Les autorités craignant
un soulèvement, la vallée rebelle
reste verrouillée depuis la révoca-
tion, le 5 août, de son statut d’auto-
nomie. Le gouverneur de l’Etat du
Jammu-et-Cachemire, Satya Pal
Malik, a précisé à la presse que le
couvre-feu serait assoupli après la
fête nationale de l’indépendance
jeudi, mais que téléphone et Inter-
net resteraient coupés.
Delhi, qui assure que la situa-
tion est calme, a accusé les chaî-
nes d’information de la BBC et
d’Al-Jazira d’avoir produit deux vi-
déos « trafiquées ». Leurs images
montraient des foules dispersées
à coups de lacrymogènes et de tirs
de fusils à plomb par les forces de
l’ordre, après la prière du vendredi
à Srinagar. L’agence Reuters a
avancé la présence de 10 000 per-
sonnes. Les jours suivants, les
chaînes ont défendu l’authenti-
cité de leurs reportages et les
autorités ont admis, mardi, l’exis-
tence d’un incident, avec « des jets
de pierres non provoqués contre
les forces de sécurité ». La guerre
de l’information fait rage.p
angeli de rivoire

Trempé par une
averse, Narendra
Modi, chantre
du nationalisme
hindou, a affiché
un calme olympien

Donald Trump évoque des
troupes chinoises à la frontière
Le président américain a écrit sur Twitter que, selon ses services
de renseignement, la Chine « dépla[çait] des troupes à la frontière
avec Hongkong », augmentant la tension à Hongkong. Le 2 août,
Donald Trump avait qualifié les manifestations d’« émeutes ».
Le terme qu’emploie Pékin. Il jugeait que c’était une affaire « entre
Hongkong et la Chine, c’est à eux de gérer ça ». Depuis, il a évité de
prendre parti – sans jamais non plus soutenir les revendications
des Hongkongais pour la démocratie. « Hongkong est dans une si-
tuation difficile, très difficile », a-t-il déclaré à la presse dans le New
Jersey le 13 août, ajoutant : « Je suis sûr que ça va s’arranger.
J’espère que personne ne sera blessé, et que personne ne sera tué. »

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