LES CUIRASSÉS
DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE0 EN BALTIQUE ET MER DU NORD
La « spécialité » des puissances scandinaves
(Norvège, Suède, Finlande, Danemark) dispo-
sant chacune d’une petite flotte de défense,
est le cuirassé garde-côte, catégorie de navire
qui peut tromper par sa désignation mais pré-
sente des caractéristiques très inférieures aux
authentiques cuirassés, à commencer par
un faible tonnage et un armement limité. On
citera en exemple les deux Norge norvégiens,
datant de 1901 et disposant d’une ceinture
cuirassée de 15 cm mais ne déplaçant que
l’équivalent de petits croiseurs (3 650 t) avec
une vitesse limitée à 16,5 nœuds, et un arme-
ment principal de deux pièces de 209 mm.
Tous deux sont coulés au cours de l’invasion
allemande d’avril 1940. Lancée entre 1915
et 1918 et toujours en service au cours de la
Seconde Guerre mondiale, la classe Sverige
suédoise représente de son côté une formeintéressante de « mini cuirassé » comprenant
trois beaux bâtiments armés de 4 pièces de
283 mm, dotés d’une ceinture allant jusqu’à
20 cm d’épaisseur et capables de filer plus
de 22 nœuds, mais dont les dimensions et le
tonnage restent clairement ceux de croiseurs
(environ 7 000 t et 120 m de long)0 DANS L’OCÉAN INDIEN
ET L’AIRE PACIFIQUEÀ l’exception de la flotte japonaise et des
escadres américaine et britannique, aucune
Marine d’Asie-Pacifique ne dispose de cuiras-
sés. Le croiseur de bataille Australia (1913,18 500 t, 8 pièces de 305 mm) un temps
symbole de la flotte australienne (dépendante
de la Royal Navy) a été retiré du service en
grande pompe en 1924. À noter toutefois
pour mémoire l’existence en 1941 de la cou-
rageuse petite Marine coloniale hollandaise
qui s’oppose à l’expansion japonaise avec
quelques croiseurs et destroyers pour la plu-
part coulés en mer de Java en février 1942.
Au port de Soerabaja, le vieux croiseur-cui-
rassé du même nom, lancé avant la Grande
Guerre et bien que totalement obsolète,
est coulé par l’aviation nippone. Il fait alors
figure de « petit cuirassé », avec une ceinture
blindée de 10 à 15 cm, un déplacement de
6 500 t et une tourelle double de 283 mm.1 EN MÉDITERRANÉE, MAIS OÙ?
EN ESPAGNE?
Irrémédiablement ravalée depuis longtemps
au rang de puissance secondaire, la jadis
fière Armada Española n’avait mis en tout
et pour tout en service entre 1913 et 1921
que trois modestes dreadnoughts (classe
España, 15 700 t, 8 pièces de 305 mm).
Or, tous ont déjà disparu au moment où éclate
la Seconde Guerre mondiale. L’España lui-
même est perdu accidentellement au cours
de la guerre du Rif en 1923. Les deux autres
sont victimes de la guerre civile. L’Alfonso
XIII, rebaptisé España et passé au camp
nationaliste en 1936, coule sur une mine
au large de Santander en avril 1937. Quant
au Jaime I, resté républicain et endommagé
par des bombardiers nationaliste en 1936,
il explose dans le port de Carthagène alors
qu’il est en réparation en juin 1937, mettant
un terme à l’histoire des cuirassés espagnols.En dehors des principales flottes européennes, américaine et japonaise, bien
rare sont les pays du monde ayant eu la volonté, l’ambition ou les moyens
de se doter de ces géants d’acier de 20 000 t et plus que sont les cuirassés.
En réalité, de tels bâtiments se comptent sur les doigts des deux mains, si ce
n’est d’une seule, et aucun d’eux n’est à proprement parler « moderne », c’est
à dire construit après les accords de Washington de 1922. Petit tour d’horizon.N
ATIONS
N
A
UTRES