LES CUIRASSÉS
DE LA SECONDE GUERRE MONDIALEL
es Scharnhorst et Gneisenau sont les premiers authen-
tiques navires de bataille allemands post-Grande guerre,
bien que leur rôle d’épouvantail dans le conflit peut en
faire exagérer la puissance réelle. Excellents navires,
remarquablement rapides pour l’époque et bien pro-
tégés, leur armement principal – par ailleurs d’excellente qualité – se
révèle néanmoins un peu « léger » pour affronter leurs pairs britan-
niques, même s’ils font plus que jeu égal avec les plus anciens. Les
divers projets de les réarmer de pièces de 38 cm n’aboutiront pas.
Leurs caractéristiques en font d’authentiques croiseurs de bataille
ou cuirassés rapides, représentant par leur seule présence et leur
vitesse élevée une menace permanente prise très au sérieux par les
Britanniques.
Pendant plus de deux ans, le Scharnhorst et le Gneisenau opèrent
ensemble. En 1939, ils attaquent les lignes de communications britan-
niques entre l’Islande et les Féroé, faisant leurs premières victimes (dont
le croiseur auxiliaire Rawalpindi) et se retirant à l’approche des groupes
de chasse de la Royal Navy. En avril 1940, ils constituent la couverture
des forces d’invasion de Norvège sous les ordres de l’amiral Lutjens,et engagent notamment le croiseur de bataille Renown. Le 8 juin,
ils illustrent, à contretemps de l’époque, la dangerosité des navires
cuirassés lorsqu’ils coulent au canon le porte-avions HMS Glorious
et ses deux escorteurs grâce notamment à des tirs à très longue
portée extrêmement précis. Sévèrement endommagés et un temps
immobilisés à Kiel, les deux navires se distinguent à nouveau début
1941 par une spectaculaire sortie dans l’Atlantique avant de venir
accoster à Brest après avoir coulé au total à eux deux 180 000 t
de navires. Inlassablement attaqués par la RAF et trop vulnérables,
ils sont rappelés début 1942 lors de l’opération « Cerberus », un
franchissement surprise diurne de la Manche et du Pas de Calais,
qui humilie la Royal Navy.FIN DE RÈGNE
Mais les beaux jours des jumeaux sont irrémédiablement révolus.
Alors qu’ils doivent initialement remplacer le Bismarck coulé, en
Norvège, les mécomptes s’accumulent. Déjà endommagé dans
la Manche, le Gneisenau est mis hors de combat alors qu’il est
en réparation à Kiel dans la nuit du 27 février
1942 par un raid massif de la RAF. Les répara-
tions entreprises ne seront jamais terminées et le
navire, désarmé en 1943, achèvera piteusement
sa carrière en 1945 comme blockship dans le
port de Gotenhafen. Après plusieurs tentatives
avortées, le Scharnhorst parvient quant à lui à
rejoindre la Norvège en mars 1943 où il menace
les convois pour l’URSS aux côtés du Tirpitz.
Fin décembre, il est surpris et pris en chasse
par plusieurs groupes de croiseur et « rabattu »
sur le cuirassé Duke of York. Surclassé en artil-
lerie et assailli par l’escorte du cuirassé, il est
coulé après plusieurs heures de combat non sans
avoir endommagé son adversaire. Il n’y aura que
45 survivants parmi son équipage. CLASSE SCHARNHORST
FICHE TECHNIQUE
CARRIÈRES
Unités Chantier Mise sur cale Lancement Mise en service Retrait
ScharnhorstKiel 16/05/35 30/06/36 07/01/39 Coulé (combat naval) 26/12/
Gneisenau Wilhelmshaven 05/05/35 08/12/36 21/05/38 Hors service (raid aérien) 26/02/42 ; coulé 23/03/45 ; ferraillé années 1950LES^ JUMEA
UX^ TER
RIBLES
CROISEURS DE BATAILLE / CUIRASSÉS RAPIDES
CLASSE SCHARNHORST
Déplacement 32 056 t - 39 643 t (st. 1935/O.d.C. 1943)
Dimensions 235,4 x 30 x 9,9 m
Propulsion 12 chaudières, 3 turbines vapeur
Puissance max. 160 000 cv
Vitesse max. 31-33 nœuds
Autonomie 7 100 nautiques à 19 nœuds, 8 400 à 17 nœuds
Protection Ceinture 350 mm ; tourelles 200-360 mm ; pont 50 mmArmement 3x3 288x2 3,7 cm ; 4x2+4x1 15 cm ; 8x2 2 cm ; 6x TT 53,3 cm ; 7x2 10,5 cm cm ;
Aéronautique 1 catapulte / 1-3 hydravions Arado Ar 196
Détection Radar FMG39 (1939-1940) / FuMO 27 (1941-1942)
Équipage 1 669 - 1 840 hommes et officiers