LES CUIRASSÉS
DE LA SECONDE GUERRE MONDIALEL
es deux navires mythiques que sont le Bismarck et le
Tirpitz restent emblématiques de la Kriegsmarine pour
avoir été les deux seuls véritables cuirassés modernes
allemands à la fois assez fortement armés, blindés et
rapides pour affronter à armes égales n’importe quel
adversaire allié. Mieux armés que les « jumeaux terribles » de la classe
Scharnhorst, leur carrière s’avère cependant au total moins fructueuse
que leurs devanciers. Leur principal fait d’arme, outre la spectaculaire
destruction du HMS Hood par le Bismarck, aura été de maintenir une
pression virtuelle sur la Home Fleet et les convois arctiques en faisant
planer une menace mortelle contre n’importe quel navire allié.
Véritable épouvantail de l’amirauté britannique échaudée par les raids
des moins puissants Scharnhorst et Gneisenau, le Bismarck n’entre
en service qu’à l’été 1940 après quatre années de construction et
d’essai. Il n’accomplit sa première croisière de guerre qu’en mai 1941
après des mois d’entraînement dans la Baltique. Sorti de Gotenhafen
le 19 mai à destination de la Norvège, flanqué du croiseur Prinz
Eugen, il est immédiatement pris en chasse par les Britanniques. Le24 mai, il est attaqué par le Prince of Wales et le Hood et « exécute »
le second à la cinquième salve par un coup heureux dans la soute
à munition. Mais ses heures sont comptées. Alors qu’il tente de
gagner Brest, le Bismarck et attaqué par les torpilleurs Swordfish des
porte-avions HMS Victorious puis Ark Royal. Le 26 mai, incapable
de manœuvrer, constamment harcelé, il est ravagé au canon et à la
torpille par les cuirassés Rodney et King George V et leur escorte,
et doit être sabordé.
Par sa seule présence dans les Fjord de Norvège, le Tirpitz, sister
ship du Bismarck mis en service début 1941, représente une menace
latente pour la navigation alliée. Il joue un rôle finalement bien plus
important et rentable que ne le permet en réalité sa puissance brute
comme l’illustre l’acharnement des Britanniques à le détruire. Passant
de la Baltique à la mer du Nord début 1942, il effectue plusieurs sorties
avec son escorte depuis Trondheim et Narvik, mobilisant de puissantes
forces navales et aéronavales britanniques. En septembre 1943, il
effectue en compagnie du Scharnhorst un raid sur l’île de Spitzberg.
Par la suite, sévèrement endommagé par des attaques de sous-marins
miniatures anglais et mis en réparation, il subit
à partir d’avril 1944 une impressionnante série
d’attaques aériennes plus ou moins efficaces, le
mettant de nouveau hors de combat en octobre.
Le 12 novembre 1944, il est enfin coulé dans
l’Altafjord, à l’extrême nord de la Norvège, par un
raid de 32 Lancaster de la RAF armés de bombes
sismiques Tallboy de 6 t. Cantonné à un rôle de
forteresse flottante et presque incapable de mou-
vement, le cuirassé subit trois impacts successifs
et finit par chavirer, ravagé par l’explosion d’une de
ses tourelles de 38 cm. Son épave sera ferraillée
dans les années 1950. CLASSE BISMARCK
FICHE TECHNIQUE
CARRIÈRES
Unités Chantier Mise sur cale Lancement Mise en service Retrait
Bismarck Hambourg 01/07/36 14/02/39 24/08/40 Sabordé 27/05/
Tirpitz Wilhelmshaven 02/11/36 01/04/39 25/02/41 Coulé (air) 12/11/LES GRANDES^ BOIT
ES^ À^ FANT
ASMES
CUIRASSÉS
CLASSE BISMARCK
Déplacement 45 951 t / 50 956 t (st./O.d.C.)
Dimensions 250,5 x 36 x 10,2 m
Propulsion 12 chaudières, 3 turbines vapeur
Puissance max. 150 000 - 163 000 cv
Vitesse max. 30,8 nœuds
Autonomie 8 525 nautiques à 19 nœuds, 3 750 à 30 nœuds
Protection Ceinture 320 mm ; tourelles 360 mm ; pont 50-110 mm
Armement 4x2 38 cm ; 6x2 15 cm ; 8x2 10,5 cm, 8x2 3,7 cm ; 12x1 2 cm
Aéronautique 1 catapulte / 4 hydravions Arado Ar 196A-
Détection Radar FuMO 23
Équipage2 092 hommes et officiers