LOS! Hors Série N°21 – Septembre-Octobre 2019

(nextflipdebug5) #1

INTRODUCTION


A

uxiliaires donc, mais de luxe!
Si leur nombre, déjà déclinant
après la Grande Guerre et les
« vacances navales » des
années 1920, se réduit dras-
tiquement, si leur carrière même s’arrête net,
ou peu s’en faut, en 1945 [1], on en oublierait
presque les services que rendent leurs canons,
et souvent leur simple présence, au cours
de la Seconde Guerre mondiale ; la terreur
et la menace qu’il font encore régner sur les
autres navires et les lignes de communica-
tion maritimes ; les rares mais bien réelles
batailles qu’ils se livrent entre eux, à Punta
Stilo, à Mers el-Kébir, lors de la « traque du
Bismarck », devant Guadalcanal, au cap Nord,
ou au détroit de Surigao... Lors de la bataille

du golfe de Leyte en octobre 1944, le plus
grand affrontement naval multiple du conflit,
sept cuirassés japonais sont en présence,
affrontant directement ou indirectement

douze homologues américains, et menaçant
une dernière fois les fragiles porte-avions
dont on aurait presque oublié la vulnérabi-
lité lorsqu’ils sont laissés sans protection.

Jusqu’au second conflit mondial, ces grands bâtiments ceinturés de dizaines de
centimètres d’acier et armés des plus puissants canons de leur époque étaient
le cœur et l’âme des flottes de combat, les Capital Ships autour desquels tout
s’articulait. Lors de la bataille du Jutland en 1916, 37 cuirassés et croiseurs
de bataille britanniques affrontent 21 unités allemandes de même catégorie,
sans même comptabiliser les croiseurs-cuirassés plus anciens (8 contre 6). En
quelques années, avec l’affirmation de la suprématie des porte-avions, ils vont se
trouver ravalés au rang d’énormes auxiliaires. Victimes impuissantes à Tarente
et à Pearl Harbor, spectateurs à Midway,... Le déclin en tant que Capital Ships
de ces véritables villes flottantes de 1 000 à 2 000 habitants, devenant inutiles
car trop coûteuses pour le rôle qu’il leur reste à jouer, est indéniable. Certes, ils
restent capables de bordées de plusieurs tonnes avec leurs pièces principales,
mais que faire quand l’ennemi peut lancer ses avions d’au-delà de l’horizon?

C


UIRASSÉS


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DE LA^ SECON


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DIALE


t Par sa seule conception
(il ne combattra quasiment
jamais), le HMS
Dreadnought révolutionne
le combat naval au début
du XXe siècle en rendant
obsolètes tous les cuirassés
construits avant lui. IWM

[1] Certains rares
cuirassés resteront en
service jusqu’aux années
1950, voire au-delà.
Les tout derniers en
service au monde, les
Iowa américains, n’ont
été désarmés que dans
les années 1990 et
2000 après d’ultimes
opérations de guerre dans
le Golfe en 1990-1991.
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