LOS! Hors Série N°21 – Septembre-Octobre 2019

(nextflipdebug5) #1

FRANCE


raid remarquablement homogène et rapide
bien qu’un peu limitée par son armement
(8 pièces de 330 mm) et sa protection, rap-
pelant le concept des croiseurs de bataille.
Surtout, trois cuirassés de 35 000 t et huit
pièces de 381 mm sont d’ores et déjà en
chantier (Richelieu, Jean-Bart, Clemenceau).
Un quatrième doit l’être en 1940 (Gascogne)
et, pour 1941, on prévoit une classe de
quatre « super-cuirassés » Alsace d’un type
à définir en fonction de l’évolution interna-
tionale (de 35 000 à 45 000 t, avec 9 ou
12 canons de 380 mm, voire 9 pièces de
406 mm) mais quoi qu’il en soit capable de
rivaliser avec les principaux navires alors
en chantier, tels les Bismarck allemands,
les South Dakota américains ou les Vittorio
Venetto italiens.


À L’ É P R E U V E DES FEUX


En septembre 1939, l’escadre de bataille est
divisée en trois éléments :
 la 1re division (les deux Dunkerque)
au sein de la force de raid de l’amiral
Gensoul à Brest ;
 la 2e division (les trois Bretagne) au sein de
la flotte de Haute Mer en Algérie ;
 la 3e division (les deux vieux Courbet) en
réserve à Brest.
Ces différents éléments jouent leur rôle au
mieux en pendant neuf mois mais le désastre
de 1940 brise cette montée en puissance
illustrée par l’entrée en service du Richelieu
qui doit se réfugier à Dakar tandis que le Jean-
Bart inachevé fait de même à Casablanca, et
le Clemenceau, en début de construction, est
saisi à Saint-Nazaire. Le reste de la flotte se
disperse et connaît des fortunes diverses :
saisis en Angleterre, les Courbet ont achevé
leur carrière de combat ; la Lorraine neutra-
lisée en Égypte, les Dunkerque, la Provence
et la Bretagne se replient en Algérie, à Mers
el-Kébir, où la Royal Navy n’hésite pas à porter
un coup préventif redoutable et meurtrier. Le
second coup, matériellement plus désastreux
encore, est porté par la Marine elle-même,
à Toulon, en novembre 1942, lorsque une
grande partie de ce qui reste de la belle flotte
de 1939 se saborde, dont les deux Dunkerque
et la Provence, pour échapper à la capture.
Blessée à mort entre 1940 et 1942, la flotte
cuirassée française cesse tout rôle majeur
après le sabordage de Toulon, mais elle
n’est cependant pas anéantie comme on


peut parfois l’imaginer. Si le devenir des
vieux Courbet, achevant la guerre comme
brise-lame sacrifié et caserne flottante, est
plus symbolique qu’autre chose, la Lorraine
appuiera encore de ses canons le débar-
quement de Provence en 1944 et le grand
Richelieu, modernisé aux États-Unis en 1943,

représentera la « Royale » jusqu’en Arctique
et dans le Pacifique en 1944-1945. Ironie de
l’histoire, le plus moderne de tous, le Jean-
Bart, ne sera véritablement terminé et mis
en service actif qu’après la guerre, parmi les
derniers cuirassés au monde, à l’heure du
grand adieu à ces Léviathans. 

COMPOSANTE CUIRASSÉE
DE LA MARINE NATIONALE (1914-1945)
Type/génération Août 1914 Pertes 1GM Janvier 1922 Septembre 1939 Pertes 2GM Mai 1945
Pré-dreadnought (<1908) 21 4 3 0 0 0
Cuirassés dreadnought (>1908) 4 0 7 5 4 1
Cuirassés modernes (>1922) - - - 2 2 1*
Total des navires de ligne 25 4 10 7 6 2


  • Le Richelieu, entré en service en 1940. Non compté : le Jean-Bart, mis en service officiellement en 1949

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