LES CUIRASSÉS
DE LA SECONDE GUERRE MONDIALEV
éritable fierté de la Royale à
la fin des années 1930, les
Dunkerque sont de beaux
navires élancés et rapides de
26 000 t dépassant allègre-
ment les 200 m de long. Ils ont été tous deux
mis en chantiers à la hâte en 1932 et 1934
pour surclasser les nouveaux Panzerschiffe
de la Marine allemande. Bien que qualifié de
« cuirassé rapide », le modèle emprunte à la
logique des croiseurs de bataille et a été choisi
de préférence à un projet de cuirassé « léger »
de 18 000 t trop vulnérable et à un cuirassé
de 35 000 t type Washington alors considéré
comme trop onéreux. Leur développement a
été particulièrement long et, bien que parfai-
tement opérationnels en 1939, ils souffrent
de défauts de conception et de choix anciens
inadaptés aux équilibres navals. Avec leur
configuration d’armement singulière à deux
tourelles quadruples à l’avant et d’un calibre
limité à 330 mm, les Dunkerque privilégient
la vitesse à la protection (améliorée toutefois
sur le Strasbourg). Ils sont tactiquement han-
dicapés dans la perspective d’un affrontementcontre de véritables cuirassés lourds et même
face aux Scharnhorst, leurs adversaires natu-
rels au début de la Seconde Guerre mondiale.
Ce sont en réalité, comme ces derniers, avant
tout de remarquables « tueurs de croiseurs »
plus que de véritables cuirassés de combat.
En 1939, ils sont affectés à la force de raid
de l’amiral Gensoul qui fait la fierté de la Flotte
par son homogénéité et sa rapidité.VIE ET UNE MORT DE JUMEAUX
En juin 1940, tout comme les « vieilles
Provinces », les jumeaux de la force de Raid
ne tirent pas le moindre coup de canon en
conditions réelles malgré de nombreuses mis-
sions de guerre, notamment de « chasse aux
Panzerschiffe » pour laquelle ils avaient été
initialement conçus. Le 3 juillet, ils sont tapis
à Mers el-Kébir aux côtés de la Bretagne,
de la Provence et du grand porte-hydravions
Commandant Teste, lorsque la Force H bri-
tannique attaque. Le Dunkerque répond de
plusieurs salves sur le HMS Hood mais, dure-
ment touché par quatre obus de 381 mmcontre lesquels sa coque n’est pas conçue,
il doit s’échouer pour éviter de sombrer. Le
6, il est de nouveau attaqué, cette fois par
des avions torpilleurs du HMS Ark Royal, et
de nouveau très lourdement endommagé,
embarquant des milliers de tonnes d’eau.
Les réparations durent jusqu’en juillet 1941
avant qu’il ne soit remis à flot, prêt à rallier
son sister-ship à Toulon. Car de son côté, le
Strasbourg est parvenu presque par miracle
à appareiller et à se faufiler hors de la rade en
échappant aux poursuites pour gagner le large.
Par la suite, portant la marque de l’amiral
de Laborde commandant la Force de Haute
Mer, le Strasbourg effectue quelques rares
sorties limitées par manque de mazout.
Rassemblés à Toulon avec la Provence et le
gros de la flotte, les jumeaux n’y survivent
qu’un temps : les deux navires sont en effet
sabordés le 27 novembre 1942 à l’approche
des Allemands. Seul le Strasbourg sera ren-
floué en juillet 1943 par les Italiens, et ce
sera pour mieux sombrer de nouveau en août
1944, cette fois sous les coups de bombar-
diers américains. CLASSE DUNKERQUE
FICHE TECHNIQUE
CARRIÈRES
Unités Chantier Mise sur cale Lancement Mise en service Retrait
DunkerqueBrest 24/12/32 02/10/35 15/04/37 Sabordé (Toulon) 11/1942
StrasbourgSaint-Nazaire 24/11/34 12/12/36 15/09/38 Sabordé (Toulon) 11/1942CROISEURS DE BATAILLE / CUIRASSÉS RAPIDES
CLASSE DUNKERQUE
Déplacement 26 500 t / 35 500 t (st./O.d.C.)
Dimensions 215 x 31 x 8,7 m
Propulsion 6 chaudières, 4 turbines
Puissance max. 107 500 - 135 500 cv
Vitesse max. 31 nœuds
Autonomie 16 400 nautiques à 17 nœuds
Protection Ceinture 225-283 mm ; tourelles 150-360 mm ; pont 115-137 mm
Armement 2x4 330 mm ; 3x4+2x2 130 mm ; 5x2 37 mm ; 4x2 mitrailleuses de 13,2 mm
Aéronautique 1 catapulte, 4 hydravions
Détection Détection électromagnétique (Strasbourg, 1942)
Équipage 1 431 hommes et officiersDES JUME
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