LOS! Hors Série N°21 – Septembre-Octobre 2019

(nextflipdebug5) #1
LES CUIRASSÉS
DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

UNE ESCADRE CUIRASSÉE SINGULIÈRE


Concernant les navires dits cuirassés, l’article 181 du traité de
Versailles stipule que « les forces de la flotte allemande de guerre
ne devront pas dépasser, en bâtiments armés : 6 cuirassés du
type Deutschland ou Lothringen... ou un nombre égal de navires
de remplacement construits comme il est dit à l’article 190. »
Ce dernier article précise qu’ « il est interdit à l’Allemagne de
construire ou acquérir aucun bâtiment de guerre, autre que ceux
destinés à remplacer les unités armées prévues par le présent
traité (article 181). Les bâtiments de remplacement ci-dessus
visés ne pourront avoir un déplacement supérieur à
10 000 tonnes pour les cuirassés... Sauf en cas de
perte du bâtiment, les unités de différentes classes
ne pourront être remplacées qu’après une période de
20 ans pour les cuirassés et croiseurs. » En dépit de
l’usage du terme « cuirassé » [1], interdiction est donc
faite à l’Allemagne de conserver de véritables navires
de bataille dignes de ce nom, par ailleurs presque tous
perdus lors du sabordage géant de la Kaiserlische Marine
internée à Scapa Flow en 1919, et ce pour échapper
l’humiliation d’une reddition pure et simple. Les huit


anciens croiseurs-cuirassés pré-dreadnoughts tolérés, dont six en
service actif et deux en réserve, ne pourront être remplacés à terme
que par des navires de 10 000 t, soit le tonnage retenu pour les simples
croiseurs lourds lors des traités de Washington (1922) et de Londres
(1930). À l’orée de la guerre, en 1939, deux de ces
vieux navires de la classe Deutschland, partiellement
modernisés, demeurent en réserve et vont être réarmés
pour une carrière opérationnelle improbable mais prolon-
gée jusqu’en 1945. Mais dès l’origine, la République de
Weimar va chercher dans ce domaine comme dans les
autres à contourner au mieux ces sévères restrictions.
En 1929, est ainsi commandée une série de trois nou-
veaux Deutschland de remplacement, sur un modèle
unique au monde préservant toutes les apparence de
la conformité. Présentés comme des croiseurs lourds

{ En haut : la base navale
de Kiel en 1935, avec
le voilier Gorgh Fokh I,
l'Admiral Scheer et le
croiseur léger Köln.

{ En bas : une belle vue du
Deutschland peu après sa
mise en service en 1933.

Sauf mention contraire,
toutes photos : DR

t Reddition de la Flotte
de Haute-Mer en 1918.
Les cuirassés allemands
se dirigent vers la baie
de Scapa Flow où ils
seront internés.

LLEMAGNE


La flotte cuirassée allemande est sans conteste la plus
hétérogène parmi les principales puissances navales à
l’orée de la Seconde Guerre mondiale. Cette situation
singulière est l’héritage direct du traité de Versailles de
1919 contraignant drastiquement la marine allemande
pour la limiter à une force de garde-côtes de 150 000 t
et de 15 000 marins, capable au mieux de jouer un rôle
de « police » régionale dans la Baltique.

[1] Terme français
consacré, équivalent à
Armored, mais pouvant
être trompeur, les Anglo-
saxons qualifiant plutôt
ces types de navires par
leur fonction : Battleship
(« navire de bataille ») ou
Battlecruiser (« croiseur
de bataille ») plutôt que
par leur protection.

A

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