LOS! Hors Série N°21 – Septembre-Octobre 2019

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LES CUIRASSÉS
DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

L

es Richelieu, dont seul le bâtiment éponyme est achevé
avant la fin du conflit, représentent la seule et unique
véritable classe de cuirassés français de la guerre, et
la dernière de son histoire. Ils sont souvent qualifiés de
« super-Dunkerque ». Quatre sont commandés, dont
trois mis en chantier avant 1939. Avec 35 000 t Washington, une
longueur de 248 m et une ceinture cuirassée de 330 mm, ces navires
sont l’aboutissement technologique du savoir-faire naval français de
l’entre-deux-guerres. Afin d’économiser sur le poids total mais aussi
par souci de cohérence tactique et d’économie de développement, les
Richelieu bénéficient de la même configuration d’armement principal
que les Dunkerque, avec deux tourelles quadruples à l’avant, mais
d’un calibre de 380 mm équivalant aux standard des cuirassés rapides
de la plupart des autres flottes, à commencer par les Vittorio Veneto
et le Bismarck. Le double défaut de cette configuration est de limiter
l’arc de tir et de rendre le navire plus vulnérable à un coup heureux : la
mise hors service d’une seule tourelle réduisant de moitié – contre un
tiers ou un quart pour la plupart de ses rivaux – sa puissance de feu,
un problème qui sera directement expérimenté par l’un et l’autre des
navires au cours de la guerre. Aux Richelieu et Jean Bart de la tranche
navale de 1935, s’ajoutent avec le tranche 1938 les Clemenceau et
Gascogne, ce dernier devant bénéficier d’un réaménagement, l’une
des tourelles principales étant basculée à l’arrière. Deux autre Richelieu
sont un moment évoqués, mais finalement jamais commandés, de
même que le « super-Richelieu » devant prendre le nom de classe
Alsace ne verra jamais le jour. En septembre 1939, seul le Richelieu

a été lancé mais non encore achevé, tandis que le Jean Bart dont la
quille a été posée dès décembre 1936, est encore en chantier et que
la construction du Clemenceau se poursuit lentement à Brest et ne
dépassera pas 30%. La pose de la quille de la Gascogne doit attendre
le lancement du Jean Bart et la construction du navire ne dépassera
pas le stade des procédures d’acquisition des matériaux nécessaires,
la défaite de 1940 empêchant sa mise en chantier.
Évacué en juin 1940 à Casablanca, le Jean Bart est partiellement mis
en condition. Au moment du débarquement en Afrique du Nord, il est
équipé d’un premier système radar, sa tourelle principale n°1 est en
service de même qu’une artillerie antiaérienne significative (5 pièces
doubles de 90 mm, 5 tubes de 37 mm et une vingtaine de mitrail-
leuses). Du 8 ou 10 novembre 1942, le navire ancré au port échange
des bordées avec le cuirassé USS Massachusetts et reçoit plusieurs
obus, de même que trois bombes d’appareils des porte-avions améri-
cains. Prenant l’eau par l’arrière, il touche le fond et ne sera relevé et
achevé qu’après la guerre. Il sera le dernier cuirassé admis en service
actif dans le monde en 1953. D’une maintenance coûteuse, jamais
totalement armé, il est mis en réserve après seulement quatre ans de
service mais ne sera ferraillé qu’en 1970.
Après avoir quitté Brest pour se réfugier à Dakar en juin 1940, le
Richelieu y est attaqué et endommagé par des torpilleurs du porte-
avions HMS Hermes le 8 juillet en écho à l’attaque de Mers el-Kébir. Il
est néanmoins officiellement mis en service le 15 et, lors de la tentative
de ralliement de Dakar par les Anglais et les Français libres en sep-
tembre, ses canons de 380 mm sont pour beaucoup dans l’échec de
l’entreprise, même si deux pièces se montrent
hors d’état de tirer. En décembre 1942, le
ralliement des colonies d’Afrique fait basculer
ce fleuron de la flotte dans le camp allié. En
janvier 1943, il gagne la côte Est des États-Unis
pour une grande phase de modernisation et
de réparation dont il ne sort qu’en novembre
pour gagner l’Angleterre et servir brièvement
au sein de la Home Fleet, escortant notamment
des convois vers l’URSS. Au printemps 1944,
le Richelieu gagne l’océan Indien via le canal
de Suez, intègre l’Eastern Fleet (rebaptisée
par la suite East Indies Fleet) et participe à
des missions de bombardement. Il regagne
la métropole pour la première fois en octobre
1944 à Toulon pour une phase de réparation
et une nouvelle modernisation, notamment de
ses équipements radars, avant de regagner
son poste en Extrême-Orient en mars 1945.
Il couvre notamment le débarquement britan-
nique à Rangoon et, après une dernière phase
de carénage à Durban à l’extrême fin de la
guerre, participe au difficile retour français en
Indochine. De retour à Toulon en 1946, il sert
jusqu’en 1956 avant d’être reconverti comme
navire d’entraînement et finalement rayé des
listes de la Royale en 1968. 

CLASSE RICHELIEU


LES DERNIER


S^ CUIR


ASSÉS


CARRIÈRES
Unités Chantier Mise sur cale Lancement Mise en service Retrait
Richelieu Brest 22/10/35 17/01/39 15/07/40 Ferraillé 1968
Jean-Bart Saint-Nazaire 12/12/36 06/03/40 01/05/53 Ferraillé 1970

Clemenceau Brest 17/01/39 - - Coque coulée (air) 08/1944


FICHE TECHNIQUE


CUIRASSÉS RAPIDES
CLASSE RICHELIEU
Déplacement 35 000 t / 48 950 t (st./O.d.C.)
Dimensions 248 x 33 x 9,6 m
Propulsion 6 chaudières, 4 turbines, 4 hélices quadruples
Puissance max. 150 000 cv - 162 000 cv
Vitesse max. 30-32 nœuds
Autonomie 10 000 nautiques à 12 nœuds, 7 000 à 16 nœuds
Protection Ceinture 330 mm ; tourelles 140-430 mm ; pont 150+40 mm
Armement
(1940)

2x4 380 mm ; 3x3 152 mm ; 6x2 100 mm ; 16x 37 mm ;
28 mitrailleuses de 13,2 mm
Aéronautique 2 catapultes, 3-5 hydravions
Détection Prototype EMD (Richelieu, 1941) – Radars américains (Richelieu, 1943)
Équipage 1 550 hommes et officiers
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