LOS! Hors Série N°21 – Septembre-Octobre 2019

(nextflipdebug5) #1

ALLEMAGNE


classiques (qui sera leur classification officielle
à partir de 1940), trois ambigus Panzerschiffe
(« navires blindés ») présentés comme ne
dépassant pas 10 000 t (mais faisant en
réalité autour de 13 000 t) recèlent toutes
les caractéristiques de « mini » croiseurs de
bataille peu protégés mais dont les deux puis-
santes tourelles blindées triples de 28 cm (en
lieu et place des trois ou quatre tourelles de
200 mm généralement associées à ce type de
navire) et une vitesse de 28 nœuds, assurent
de pouvoir affronter n’importe quel croiseur
dans des conditions favorables.


À LA RECHERCHE


DU RENDEMENT MAXIMUM


À ces vrais-faux cuirassés intermédiaires
viennent se greffer dans la seconde moitié
des années 1930 les premiers véritables
navires de bataille qui, en dépit de leur petit
nombre mais par la seule menace qu’ils repré-
sentent, jouent pendant la guerre un rôle plus
efficace que leurs nombreux et puissants
devanciers impériaux. En 1935, consciente
de la caducité des conditions de Versailles et
de l’impossibilité de contenir la croissance de
la Kriegsmarine, la Grande-Bretagne choisit
de l’encadrer en prenant, unilatéralement et
au grand dam du gouvernement français, une
décision lourde de conséquence : négocier
avec le Reich un accord bilatéral autorisant
Berlin à un réarmement naval à hauteur de
35 % des 1 200 000 t de la Royal Navy, soit
environ 420 000 t de navires, et, par contre-
coup, une quasi parité avec la flotte française.
De cette « libération » - dont Londres calcule
cyniquement qu’elle saturera les chantiers
navals allemands au cours de la décennie
suivante sans porter atteinte à sa suprématie
et en lui laissant tout le loisir de réagir au
coup par coup - Berlin tire très rapidement
les premiers fruits en mettant en chantier
notamment 150 000 t de navires de ligne,
soit deux croiseurs de bataille de 32 000 t
(les Scharnhorst et Gneisenau) suivis de
deux cuirassés de 42 000 t (les Bismarck
et Tirpitz) comptant parmi les puissants de
leur époque [2]. Et ce n’est qu’un début. À
l’orée de la Seconde Guerre mondiale, les
ambitions de la Kriegsmarine sont infiniment
plus élevées. Par le plan Z, est prévu entre
autres la construction à l’horizon de 1945 de
six cuirassés classe H, sortes de « super-Bis-
marck » avec une artillerie de 40 cm, ainsi que
de trois autres croiseurs de bataille (des
Scharnhorst améliorés dotés de pièces
de 38 cm) et de douze croiseurs-cuiras-
sés classe P prenant la relève des trois
Deutschland. Deux cuirassés classe H
sont déjà en chantier à Hambourg et
Brême à l’été 1939 lorsque la guerre,
qui éclate en septembre, vient rappe-
ler les impératifs matériels à un Reich
dont les ressources sont comptées.
Alors totalement avorté, le plan Z
n’aurait peut-être pas donné de supé-
riorité brute à l’Allemagne mais aurait


tout au moins profondément transformé les
équilibres navals en Europe. En resteront
quelques puissants canons de 40 cm déjà
construits par Krupp qui feront les beaux
jours de certaines batteries de l’Atlantikwall
en France ou en Norvège. Quant à la petite
force cuirassée effective de la Kriegsmarine,
organisée autour des jumeaux Scharnhorst et
Gneisenau, et successivement du Bismarck
puis du Tirpitz, véritables épouvantails pour

la Home Fleet, elle sera peu à peu détruite
au cours de la guerre mais non sans avoir
joué un rôle sans doute plus déterminant que
la puissante flotte de l’empire allemand de
1914-1918, notamment lors de la conquête
« à l’abordage » de la Norvège en 1940, et
en représentant pendant presque toute la
guerre une menace réelle ou latente sur les
lignes de communication alliées, complétant
ainsi celle des U-Boote. 

ESCADRE CUIRASSÉE DE LA KRIEGSMARINE
WILHELMSHAVEN, SEPTEMBRE 1939

Sous l’autorité du Konteradmiral Marschall
 Schlachtschiff Scharnhorst
 Schlachtschiff Gneisenau
 Panzerschiff Deutschland (en mer)
 Panzerschiff Admiral Graf Spee (en mer)
 Panzerschiff Admiral Scheer (en mer)
 Schwerer Kreuzer Admiral Hipper (en mer)

[2] La légende a souvent exagéré
la puissance des deux Bismarck
qui sont en réalité des navires
de conception assez ancienne,
remontant à la Première Guerre
mondiale et non exempts de
défauts. Ils n’en reste pas moins les
seuls navires allemands capables
de rivaliser avec l’ensemble
des navires de ligne alliés, les
Scharhorst et Gneisenau, par
ailleurs excellents, souffrant d’une
artillerie comparativement plus faible.
Free download pdf