LOS! Hors Série N°21 – Septembre-Octobre 2019

(nextflipdebug5) #1
LES CUIRASSÉS
DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

L

es quatre croiseurs de bataille
de la classe Kongō sont les
bâtiments les plus anciens et
les plus modestes, de par leurs
caractéristiques, de la flotte de
bataille japonaise. Reconstruits comme cuiras-
sés rapides au cours de l’entre-deux-guerres,
ils sont également les plus actifs. L’origine
des Kongō remonte à un projet de croiseur
de bataille de 1909, revu à la hausse pour
concurrencer la classe Lion alors en projet
pour la Royal Navy. Trop ambitieux pour les
ingénieurs navals nippons encore peu expéri-
mentés, le projet est confié à des constructeurs
britanniques et le premier navire de la classe
construit aux chantiers Vickers à Barrow, les
trois suivants au Japon. Tous sont lancés
en 1912 et 1913, et participent à la Grande
Guerre. En 1917, le Haruna est même endom-
magé sur une mine mouillée par le croiseur
auxiliaire allemand Wolf. Modernisés dans les
années 1920 puis refondus comme cuirassés
rapides à la fin des années 1930, les quatre
Kongō resteront tributaires des atouts mais

aussi des tares de leurs origines. Mal protégés
et modestement armés (4 tourelles doubles
de 356 mm renforcées toutefois d’une puis-
sante artillerie secondaire de 14 pièces de
152 mm), leur vitesse reste un avantage qui
leur permet d’accompagner des forces de croi-
seurs et de porte-avions, ce dont seuls les
plus récents cuirassés américains sont alors
capables. Formant au début de la campagne
du Pacifique la 3e division de cuirassés du
vice-amiral Mikawa, on les verra en particulier


  • et à l’inverse des autres cuirassés japonais

  • être engagés en 1942 dans la campagne
    des îles Salomon, dont deux ne rentreront
    pas. Aucun des quatre ne survivra à la guerre.
    Le plus souvent groupés deux par deux, les
    Kongō participent aux premières opérations
    japonaises en Asie du Sud-Est et dans les
    Indes orientales hollandaises. En mars, le
    Kongō bombarde la côte Ouest australienne
    et, en avril, participe au raid aéronaval
    sur Ceylan dans l’océan Indien. Après le
    désastre de Midway, les quatre bâtiments
    sont redéployés vers le Sud pour contrer


le débarquement américain à Guadalcanal,
participant à de multiples sorties de guerre
et engagements en mer de Bismarck et
autour des îles Salomon depuis Rabaul. En
novembre 1942, le Hiei et le Kirishima sont
coulés coup sur coup lors des deux batailles
navales successives de Guadalcanal. Le pre-
mier est touché dans la nuit du 12 au 13 par
85 obus de croiseurs et destroyers améri-
cains, avant d’être définitivement mis hors
de combat et achevé à l’aube par plusieurs
raids aériens américains, recevant notamment
quatre torpilles d’appareils de l’Enterprise et
du Saratoga. Légèrement touché d’un obus
de 203 mm lors du même engagement, le
Kirishima est coulé deux nuits plus tard lors
d’un duel avec les cuirassés Washington et
South Dakota, non sans contribuer à endom-
mager sévèrement le second, mais recevant
du premier au moins neuf obus de 406 mm
tirés à 8 000 m et une quarantaine d’autres
de petit calibre à courte portée.
Restés seuls en lice parmi les cuirassés rapide
de la Marine japonaise, les Kongō et Haruna
restent en première ligne. Le 13 juin 1944,
lors de la bataille de la mer des Philippines,
le Haruna est touché par deux bombes
d’avions mais parvient échapper à la des-
truction. Participant au plan « Sho-Go » et à
la grande bataille du golfe de Leyte en octobre
1944, ils engagent les porte-avions d’escorte
et les destroyers du groupe « Taffy 3 » au
cap Samar le 25 octobre. Si le Haruna ne
réussit qu’à encadrer l’adversaire, le Kongō
touche plusieurs navires et coule un destroyer
d’escorte. Réfugié à Kure, le Haruna est légè-
rement endommagé en mars 1945 par un raid
aéronaval américain et sera finalement détruit
que lors du double raid ravageur de la Task
Force 38 les 24 et 28 juillet 1945, recevant
respectivement trois puis neuf coups directs
qui finissent par le faire sombrer dans le port.
Quant au Kongō, il n’aura pas atteint ce stade
final de la destruction de la flotte japonaise :
attaqué en pleine mer par le sous-marin
USS Sealion alors qu’il regagne le Japon le
21 novembre 1944, il est touché par au moins
une, et peut-être trois torpilles. Il explose et
coule en deux heures par 110 m de fond.
Ses destroyers d’escorte ne repêcheront que
237 survivants. 

CLASSE KONGŌ


SUR^ TOUS^


LES^ FRON


TS


FICHE TECHNIQUE


CUIRASSÉS RAPIDES
CLASSE KONGŌ
Déplacement 31 700 à 32 400 t (st./O.d.C.)
Dimensions 222,1 x 29,3 x 9,7 m
Propulsion 8-11 chaudières, 4 turbines, 4 hélices
Puissance 136 000 cv
Vitesse max. 30,5 nœuds
Autonomie 10 000 nautiques à 18 nœuds
Protection Ceinture 76-203 mm ; tourelles 152-229 mm ; pont 38-152 mm
Armement 4x2 356 mm ; 14x 152 mm ; 4x2 127 mm ; 10x2 25 mm
Aéronautique 1 catapulte, 3 hydravions
Détection Radars à partir de 1942 (Kongō) et 1943 (Haruna)
Équipage 1 437 hommes et officiers

CARRIÈRES
UnitésChantier Mise sur cale Lancement Mise en service Retrait
KongōBarrow (UK) 17/01/11 18/05/12 16/08/13 Coulé (SM) 21/11/44
HieiNagasaki 04/11/11 21/11/12 04/08/14 Coulé (aéronaval) 13/11/42
KirishimaKobe 17/03/12 01/12/13 19/04/15 Coulé (naval) 15/11/42
HarunaYokosuka 16/03/12 14/12/13 19/04/15 Coulé (air) 28/07/45
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