Temps - 2019-08-09

(ff) #1
LE TEMPS VENDREDI 9 AOÛT 2019

20

Les voitures

n’ont pas

fini de faire peur

«


V


ers 1896, les proprié-
taires de voitures auto-
mobiles étaient encore
rares en Suisse, on les
trouvait surtout à
Genève où ils excitaient
encore une vive curio-
sité. Mais cette curiosité
ne s’acidulait d’aucune
antipathie car les coura-
geux chauffeurs ne rou-
laient point à une allure qui pût effrayer
les gens. Et pour dire vrai, on les voyait si
souvent en difficulté avec leur machine,
tremblant d’une noble sueur et d’un
héroïque cambouis, qu’on les plaignait
autant qu’on les admirait.» Le Journal de
Genève donnait en 1948 de précieuses indi-
cations sur les débuts de l’automobile en
Suisse, au tournant du siècle. La statistique
fédérale recensait 176 voitures en 1900, et
5500 en 1914 (et 950 camions). Quand en
1905 a lieu la première Exposition natio-
nale de l’automobile et du cycle, Genève
compte 400 voitures, autant que dans tous
les autres cantons réunis.
Des réticences sont certes relatées:
ainsi en 1912, l’Automobile Club de Suisse

recommandait «d’éviter soigneusement
la route de Triboltingen à Ermatingen, le
long de l’Untersee à Constance, des
contrées qui nous semblent atteintes
d’autophobie aiguë [...] Les contraven-
tions y pleuvent et on y rencontre troncs
d’arbres et autres grosses pierres» desti-
nées à bloquer le passage. Mais «c’est
l’arbre qui cache la forêt, selon Mathieu
Flonneau, historien des mobilités à l’Uni-
versité Panthéon-Sorbonne, et auteur des
Cultures du volant. Essai sur les mondes
de l’automobilisme (Autrement, 2008).
Même un peu ralentie dans les zones non
centralisées comme l’espace germanique,
l’acceptation de la voiture a été rapide et
massive. La foi dans le progrès était
immense, comme le révèlent la «Fée élec-
tricité» ou les expositions universelles.
Les usages se sont démocratisés avant la
possession, créant ce que j’appelle l’au-
tomobilisme, une culture et un écosys-
tème autour de la voiture.»

La voiture autonome,
entre craintes et opportunités
La Croisière jaune, l’immense sympa-
thie déclenchée par les «Deuches» ou la

folle équipée de Thelma et Louise : la voi-
ture a accompagné le XXe siècle comme
outil et symbole d’indépendance et de
liberté: un des rites de passage à l’âge
adulte ne demeure-t-il pas le permis de
conduire? Mais tout a changé. La tech-
nologie suscite aujourd’hui plus de scep-
ticisme, et les véhicules autonomes
inquiètent. Guillaume Drevon, cher-
cheur au Laboratoire de sociologie
urbaine de l’EPFL, identifie quatre types
de craintes: «Des craintes éthiques – la
société redoute qu’une machine ne doive
émettre des jugements, voire trancher
entre sauver la vie des occupants de la
voiture ou sauver celle de passants; des
craintes qui concernent l’accès à cette

technologie – sera-t-elle réservée à
l’usage privatif de quelques-uns ou pour
la collectivité?; des craintes concernant
l’acceptabilité – conduire à côté d’une
voiture autonome nécessite d’avoir très
confiance en elle; enfin, des craintes
concernant la régulation des voitures
autonomes – la mobilité, qui dépend de
collectivités publiques territoriales,
va-t-elle passer aux mains de multina-
tionales, et détruire l’activité locale des
taxis et autres transporteurs?»
Le chercheur regrette que les voitures
autonomes soient associées au fait
réducteur et bruyamment vanté par le
marketing de lâcher le volant, quand
elles devraient inciter à repenser les

mobilités autrement. «Elles pourraient
assurer des trajets non desservis, emme-
ner des personnes qui ne conduisent
pas, effectuer des livraisons de marchan-
dises de nuit pour libérer l’espace
public...»
«Ces véhicules sont en fait téléguidés,
note aussi l’historien Mathieu Flonneau,
en fonction d’usages et d’itinéraires défi-
nis, ce qui se pose plutôt en contradic-
tion avec l’universalisme de l’automobi-
lisme à ses débuts.» La crainte ne date
pas d’hier: le premier film d’anticipation
montrant une voiture conduite par un
robot et devenant folle date de... 1911. Il
était signé Walter R. Booth, le Méliès
britannique. ■

MOTS FLÉCHÉS N° 29 d’Albert Varennes ([email protected]) SUDOKU N° 29

Solution mots fléchés n° 28 Solution sudoku n° 28

INVENTIONS ANXIOGÈNES (6/8) La voiture connectée
relance l’autophobie. Il y a 120 ans déjà, l’automobile
était regardée avec méfiance

CATHERINE FRAMMERY t @cframmery

Demain, une voiture devra-t-elle trancher entre sauver la vie de son passager ou celle d’un piéton? (ALVARO ARROYO/GETTY IMAGES)

5 6 2 4 8 1 3 7 9
7 3 8 5 6 9 2 4 1
1 9 4 7 2 3 8 6 5
9 2 5 8 7 4 1 3 6
4 7 3 2 1 6 9 5 8
8 1 6 9 3 5 7 2 4
3 8 1 6 5 7 4 9 2
6 4 7 1 9 2 5 8 3
2 5 9 3 4 8 6 1 7

4

3 2 1 4

6 1 5 3 7

7 9 8 3

7 9 8 1

8 3 7 4 5

5 8 2 3

1

$ $ $ B $ $ T $ $ C $ $ D
A E R O S T A T I O N $ E
$ D E V E R G O N D E E S
$ E D I T E U R $ E U R E
P L O N $ V E D E T T E S
$ W U $ D E $ U S E R $ P
Z E B R E $ N A S E
$ I L O T E U L E R
$ S E N E $ $ I X A
O S $ D C J A S O N
$ $ C O T E $ S $ M A L T
H O U $ I $ Z I G O T O $
$ B R A V O $ D I R I G E
$ V I D E U S E $ C O U P
$ I O N $ S U R M E N E E
M E N E S T R E L S $ S E

COURT
PLUSIEURS
LÈVRES
À LA FOIS

PLUS HAUTE
SUR LE MÊME
ARBRE

SÉJOUR
VACHEMENT
AGRÉABLE

ÊTRE HALEUR


NOÉ S’Y NOYA
CRI DE
L’AMANTE
RELIGIEUSE

CAPRIN
ALPIN
MOULIN
QUI VA FORT

TESSIN
HOMME
D’ÉGLISE

ZINC


TOUT
HOLLYWOOD
EN EST SUR
LES DENTS

ATTENDAIT
PLUS

TÉTON POUR
LE DOIGT
UN BRIN
DE COUR

POSÉS LOIN PROBLÈMEPOSENT


SE MONTRE
CHIENNE,
MAIS EN A
PEUT-ÊTRE
BAVÉ
TOUT LE
CONTRAIRE
D’UNE
BRUNE

MAURICE
DONT UN
ARSÈNE EST
FILS

BRUIT DE
BOUCHE

ADJOINTE
AUX MÈRES

UN PEU DE
PIQUANT

PLAISANT
PERSONNAGE

ÉCRIVAIN À
DOUBLE SENS

PLUS OU
MOINS

D’UN COUP
DE MAIN
À LA TÊTE

VAINQUEUR
DE MOULT BATAILLES
OU PIÈCE
ANCIENNE
DANSE
TONIQUE ET
GYM TONIQUE

DESCENTE
RAPIDE

SELON LE
SENS, TYPE
BLÂMÉ OU
TYPES
APPRÉCIÉS

DIRECTION
N’ARRÊTE PAS
SON CHAR

HAUSSE
À VUE D’ŒIL

PLUS QUE
LENTE
UNE MASSE
DANS
LA NASSE

VITESSE
QUI VA
DIMINUANT

NOTE


POSSESSIF
FIT
IMPRESSION

DEUX PARMI
TROIS OU
QUATRE

SUT PLAIRE SOUDANAIS DE SOUCHE


ALUMINIUM


ONT LE DIABLE
AU CORPS
TRIBUNAL

PRENDRE
UNE PINTE
DE BON TEMPS

ARRANGÉE
PETIT
NOMBRE
BRANCHENT
EN APPELER
EN TRÈS
HAUT LIEU

IL A LE BRAS
LONG POUR
LES MEMBRES

AMEUTER LA
BROUSSE
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