Temps - 2019-08-09

(ff) #1
-0,7%
LE COMMERCE DE DÉTAIL EN SUISSE A AFFICHÉ
AU PREMIER SEMESTRE UNE BAISSE DES
AFFAIRES DE 0,7% SUR UN AN.
Le recul concerne aussi bien l’alimentaire
que le non-alimentaire, selon le dernier relevé de
l’institut d’études de marché GfK, dévoilé jeudi.

KASPER RORSTED
Directeur général d’Adidas
Plus que d’une avalanche
de tarifs douaniers, le patron
de l’équipementier sportif
allemand dit s’inquiéter
du début d’une «guerre des
monnaies» entre la Chine et
les Etats-Unis, menaçant de
créer une «situation où tout
le monde va perdre».

Thyssenkrupp
toujours en crise
L’industriel allemand
a abaissé ses prévisions
et évoqué des cessions,
après un trimestre
au ralenti, sur fond de
fléchissement industriel
et de hausse des prix
des matières premières.

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Action ThyssenKrupp, en euros

Source: Bloomberg

10.

08.08.18 08.08.

GLISSADE SMI
9751,
+2,28%

k

Dollar/franc 0,9754 k

Euro/franc 1,0935 k
Euro Stoxx 50
3375,
+1,98%

k

Euro/dollar 1,1213 l

Livre st./franc 1,1841 k

FTSE 100
7285,
+1,21%

k

Baril Brent/dollar 57,57 k

Once d’or/dollar (^1498) l
RAM ETWAREEA
t @rametwareea
L’once d’or valait 1494 dollars
jeudi, en retrait par rapport à la
veille. Elle avait alors atteint le
seuil symbolique de 1500 dollars,
une première depuis avril 2013.
Pour Stéphane Monier, respon-
sable des investissements (CIO)
chez Lombard Odier Private Bank
à Genève, le métal jaune joue plei-
nement son rôle de valeur refuge.
«L’évolution du prix de l’or, mais
aussi d’autres matières premières,
reflète clairement un ralentisse-
ment de la demande mondiale, qui
s’inscrit elle-même dans l’exacer-
bation des tensions commerciales
entre les Etats-Unis et la Chine»,
affirme-t-il.
En ce qui concerne le métal
jaune, plusieurs facteurs poussent
son prix vers le haut. Pour com-
battre ou pour prévenir le ralen-
tissement, les banques centrales
tendent à baisser les taux d’intérêt
qui, dans certains cas, sont déjà
négatifs. «Dans ces conditions,
détenir du métal jaune n’est plus
une pénalité par rapport aux obli-
gations, affirme Stéphane Monier.
De la même façon, au fur et à
mesure que les taux américains
baissent, il devient plus raison-
nable d’investir dans de l’or. De
surcroît, toute baisse du billet vert
amène mécaniquement une
hausse des cours de l’or.»
L’Arabie saoudite
prend l’initiative

L’évolution du prix d’une tout
autre matière première constitue
aussi un indicateur avancé qui en
dit long sur la conjoncture. Celui
du pétrole. Sauf que son cours
évolue dans la direction inverse.
«Si l’on tient compte du fait que la
Chine à elle seule représente 13%
de la consommation mondiale, un
atterrissage de son économie va
inéluctablement provoquer une
chute de la demande, poursuit le
responsable des investissements
de Lombard Odier. Globalement,
l’offre de l’or noir n’est pas sura-
bondante en ce moment et les
tensions dans le détroit d'Ormuz
où passe une partie importante du
brut peuvent toujours pousser le
prix du baril vers le haut.»
Le baril de brent valait 57 dollars
le baril jeudi, alors qu’il avait
atteint 74,5 dollars en avril. La
perspective d’un effondrement du
prix lié à un ralentissement, voire
une récession, inquiète les pays
producteurs pétroliers. Selon
diverses sources d’information,
l’Arabie saoudite, l’un des plus
grands producteurs, aurait
contacté ces jours les membres de
l’Organisation des pays exporta-
teurs de pétrole (OPEP) pour dis-
cuter des mesures susceptibles
d’enrayer la chute. Du coup, cette
nouvelle a suffi pour faire remon-
ter quelque peu le prix jeudi. Selon
l’AFP, le royaume ne tolérera pas
une baisse continue de prix et
envisage donc toutes les options.
Y compris une réduction de la
production.
De la même façon, les observa-
teurs ont les yeux rivés sur le cours
du minerai de fer. La Chine
importe 73% de l’offre mondiale et
les conséquences d’un ralentisse-
ment économique se font déjà
sentir. Depuis début août, le prix
a chuté de 773 dollars la tonne à
662 dollars.
L’Allemagne très vulnérable
«Nous n’envisageons toutefois
pas de récession en 2019, clarifie
Stéphane Monier. Selon nos pré-
visions internes à la banque, le
taux de croissance aux Etats-Unis
sera au-dessus de 1% et de 6%
pour la Chine. La zone euro
s’avère plus vulnérable, d’autant
plus que l’Allemagne, puissance
exportatrice, ne cesse de montrer
des signes de faiblesse.» En effet,
des économistes y prévoient
même une récession au second
semestre 2019.
Détérioration conjoncturelle
oblige, Lombard Odier a adapté
son scénario pour le futur prévi-
sible: «Auparavant, nous pen-
sions que les deux grandes puis-
sances finiraient par trouver une
solution négociée à la guerre
commerciale et nous donnions
une probabilité de l’échec à 25%
seulement. Depuis lors, nous
avons augmenté cette probabilité
à 40%. C’est un mouvement
significatif qui montre qu’il n’y
aura pas de résolution de conflit
dans l’immédiat.»
Le stratège de Lombard Odier
fait toutefois noter que même si
le président américain entend
poursuivre la confrontation, il
commence à manquer de force. A
l’inverse, la réponse chinoise a été
rapide. Même si le jour suivant,
Pékin a été raisonnable en fixant
le renminbi juste au-dessous de 7
pour un dollar, il a fait usage de sa
devise, montrant qu’il avait encore
des munitions à disposition. ■
Selon les prévisions de Lombard Odier, «le taux de croissance aux Etats-Unis sera au-dessus de 1% et de 6% pour la Chine. La zone euro
s’avère plus vulnérable, d’autant plus que l’Allemagne ne cesse de montrer des signes de faiblesse.» (EDGAR SU/REUTERS)
L’or flambe, le pétrole dégringole
CONJONCTURE Les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis vont, de toute évidence, durer et les conséquences
se font déjà sentir. Les prix de certaines matières premières annoncent un ralentissement économique, voire une récession
GHISLAINE BLOCH
t @BlochGhislaine
L’intelligence artificielle s’infiltre
désormais dans l’industrie cinématogra-
phique. Des logiciels peuvent prédire le
succès ou non d’un film et les revenus
qu’il va générer. C’est en tout cas ce qu’af-
firme la start-up lausannoise Largo
Films, qui vient de recevoir un Innogrant,
un soutien financier de 100 000 francs
octroyé par l’EPFL et Lombard Odier.
Son cofondateur, Sami Arpa, présentera
sa solution, dès vendredi, aux produc-
teurs et à l’Office fédéral de la culture lors
du Festival du Film de Locarno, qui a
ouvert ses portes mercredi. Et dès sep-
tembre, il se rendra aux Etats-Unis pour
entrer en contact avec les professionnels
de la branche.
La start-up, fondée en début d’année, a
analysé près de 20 000 films, dont elle a
extrait les ingrédients qui les composent.
Ce logiciel d’intelligence artificielle,
nommé LargoAI, compare les nouveaux
scénarios, scripts ou œuvres terminées
avec la base de données qui a été consti-
tuée. «Chaque film possède un profil
émotionnel. Pour que la recette soit
bonne, il faut un pourcentage d’humour,
de suspense, d’émotion, etc. Le succès
dépend d’un bon dosage entre les diffé-
rents ingrédients, affirme Sami Arpa, un
ingénieur de l’EPFL. Notre logiciel pourra
être utilisé aussi bien au moment de
l’écriture qu’à la coupe finale. Le but est
d’améliorer certaines séquences.»
La plupart des grands studios de cinéma
font déjà appel à ce type de logiciel mais
généralement uniquement lorsque le film
est terminé. Cinelytic, à Los Angeles, est
le spécialiste de la prédiction. Son logiciel
propose de simuler un changement de
casting et d’acteurs pour évaluer l’impact
potentiel sur le box-office.
Deux cent mille acteurs profilés
«Ils interviennent trop tardivement,
estime Sami Arpa. En agissant plus tôt,
nous pouvons vérifier le potentiel du film
et agir en conséquence.» C’est-à-dire cou-
per une scène, modifier le scénario ou
trouver l’acteur qui correspond le mieux
au profil recherché. Car Largo Films pos-
sède aussi une base de données conte-
nant le profil de 200 000 acteurs.
La start-up permet aussi de prédire si
un script en développement doit ou non
être approuvé par les producteurs. Elle
a réalisé plusieurs études de cas pour
évaluer les recettes brutes de certains
films. «Pour Sony Entertainment, nous
avons estimé les recettes du film
Venom . Alors que le chiffre d’affaires réel
aux Etats-Unis s’élevait à 213 millions de
dollars, LargoAI prévoyait 201 millions
de dollars», ajoute Sami Arpa.  Autre
exemple, le film italien Domani è un altro
giorno
, un long métrage réalisé par
Simone Spada.  Les producteurs ont
demandé à LargoAI d’estimer les revenus
avant la sortie de leur film. «L’analyse du
scénario prédisait un chiffre d’affaires
au box-office italien estimé entre 1,6 et
3,9 millions d’euros. Cette estimation s’est
révélée exacte, malgré un ralentissement
imprévisible du marché du film italien
au premier trimestre de 2019.»
Quant aux cinéastes indépendants,
Sami Arpa pense aussi les aider à mieux
cibler les festivals. Mais Eddy Mitchell
aurait, lui, peut-être chanté: «C’était la
dernière séance.» ■
Largo Films prédit les succès au box-office
CINÉMA La start-up lausannoise a déve-
loppé un logiciel d’intelligence artifi-
cielle qui détermine les revenus
potentiels des nouveaux films
«Notre logiciel pourra
être utilisé aussi bien
au moment de
l’écriture qu’à la coupe
finale. Le but est
d’améliorer certaines
séquences»

SAMI ARPA, COFONDATEUR DE LARGO FILMS
En avril dernier, la courbe
des taux de rendement obli-
gataire s’était inversée aux
Etats-Unis. C’était une pre-
mière depuis 2007. Les taux
d’intérêt à trois mois avaient
dépassé ceux à dix ans alors
que, logiquement, les inves-
tisseurs réclament un plus
grand rendement sur les pla-
cements à long terme, car
plus risqué, notamment à
cause de l’inflation. Depuis,
le fossé entre les deux conti-
nue à se creuser, et selon
Valentin Bissat, économiste
stratège chez Mirabaud Asset
Management, «le marché
obligataire indique que les
investisseurs anticipent une
récession à moyen terme».
L’avertissement ne saurait
être plus clair.
Donald Trump jette
de l’huile sur le feu

Pour Valentin Bissat, le pré-
sident Donald Trump a jeté
de l’huile sur le feu en annon-
çant de nouveaux droits de
douane sur les importations
en provenance de Chine. «Dès
lors, les investisseurs
craignent que la Réserve fédé-
rale (Fed), avec la baisse du
taux directeur de 25 points de
base le 31  juillet, n’ait fait
qu’un ajustement de milieu
de cycle et ne s’engage pas
dans un cycle de baisses,
fait-il remarquer. A leurs
yeux, cette décision ne sera
pas suffisante pour relancer
la croissance.»
Selon l’économiste de
Mirabaud, les investisseurs
mettent la Fed sous pression
pour qu’elle poursuive son
assouplissement monétaire
dès sa prochaine réunion en
septembre. Elle pourrait en
effet abaisser les taux entre
25 et 50 points de base. ■ R. E.
MARCHÉS La courbe des taux
de rendement obligataire reste
inversée aux Etats-Unis depuis
avril. Ce qui montre l’inquié-
tude des investisseurs
Un avertissement de plus
AU PLUS HAUT

Source: Bloomberg
1250
1350
1450
Prix de l'once d'or, en dollars
1498
31.12.18 08.08.
RIYAD S'INQUIÈTE
Source: Bloomberg
55
60
65
70
Prix du baril de brent, en dollars
57,
31.12.18 08.08.
RALENTISSEMENT EN VUE
Source: Bloomberg
450
550
650
750
Prix de la tonne de fer, en dollars
661,
28.12.18 08.08.
RÉCESSION EN VUE
Source: Bloomberg
0%
1%
2%
3%
Taux des obligations américaines
2,048%
1,845%

02.08.09 02.08.
10 ans
3 mois
VENDREDI 9 AOÛT 2019 LE TEMPS
Economie&Finance

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