L’Officiel Paris N°1036 – Août 2019

(Darren Dugan) #1

“Je reviens souvent aux


livres de Virginia Woolf


pour construire mes


personnages.”


Dans le contexte mondial actuel, les fictions
dystopiques comme celle-là sont-elles encore
plus pertinentes?
Je crois qu’elles permettent à la fois de s’échap-
per et d’alerter. C’est du divertissement, tout est
fait pour amuser, exciter et surprendre, mais dans
le cas de Snowpiercer, la structure sociale du train
et les actions des personnages posent aussi des
questions pertinentes sur la société d’aujourd’hui.
Vous avez souvent joué dans des films représen-
tatifs de leur époque, comme Il était une fois
en Amérique ou Requiem for a Dream. Com-
ment avez-vous vu le cinéma évoluer depuis vos
débuts?
J’ai le sentiment qu’on passe plus de temps chez
soi. Les gens vont moins au cinéma, ils regardent
des films en streaming sur de grands écrans
télé. Cela a eu un impact sur l’industrie. On fait
maintenant beaucoup plus de films spectaculaires
réservés aux salles. Dans les années 1970, un film
oscarisé était aussi un blockbuster. Aujourd’hui, il
n’y a plus de place pour les productions indépen-
dantes et les points de vue différents.
Vous avez débuté très jeune, avec de grands
réalisateurs comme Sergio Leone ou Dario
Argento. Comment avez-vous vécu ces débuts?
Je ne réalisais pas l’importance de Sergio
Leone quand j’ai fait Il était une fois en Amérique,
ce qui était probablement mieux. Travailler avec
lui était très impressionnant pour une première
expérience. C’était la première fois que je quit-
tais les États-Unis, je me suis retrouvée dans ce
décor magique, minutieusement détaillé, avec un
réalisateur dont je comprenais à peine le travail
mais qui m’a fascinée. Il a été adorable avec moi,
tout comme Dario Argento sur le tournage de

Phenomena. C’était un film gore où mon person-
nage tombait dans une fosse de cadavres, mais j’ai
passé un moment génial!
Vous avez aussi tourné avec David Bowie dans
Labyrinthe de Jim Henson en 1986. Quel souve-
nir gardez-vous de lui ? 
Encore un film avec des décors magiques.
David Bowie était adorable et généreux de son
temps et de sa personne. Il avait beaucoup d’hu-
mour et faisait en sorte de mettre tout le monde à
l’aise en sa présence, je l’ai admiré pour ça.
Comment vous préparez-vous pour un rôle?
J’essaye de comprendre dans quel contexte,
dans quelle réalité le personnage évolue, et à
déterminer comment il réagirait en fonction de
son environnement, imaginaire ou pas. J’essaye
de comprendre comment le personnage réagirait
dans telle ou telle situation selon son caractère et
sa personnalité, pour ça il faut lui construire un
passé, l’ancrer dans son histoire.
Vous serez également à l’affiche de Top Gun :
Maverick.
J’ai adoré travailler sur ce projet. Je ne peux
pas donner de détails sur l’histoire, si ce n’est
que je joue le rôle d’un personnage déjà men-
tionné dans le premier volet. Je n’ai vu que cinq
séquences pour l’instant, mais ça promet d’être
extraordinaire.
Qu’est-ce qui vous nourrit en tant qu’actrice?
Au fil des années, j’ai beaucoup écouté
Radiohead en travaillant sur des films, différents
albums en fonction du projet. Je reviens souvent
aux livres de Virginia Woolf, j’y trouve des choses
intéressantes pour construire mes personnages.
Mais ce qui me nourrit le plus, ce sont les rues de
New York. Elles sont imprévisibles.

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